« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )

ALGERIE : Yahia Zoubir  : « Le blocage politique est absolu »

25, Nov 2017 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in International     No Comments

 

Quel avenir pour l’Algérie  ? Le point de vue de Yahia Zoubir, directeur de recherche en géopolitique à la Kedge business school

Cela fait longtemps que les Algériens désertent les urnes. L’apathie de la société par rapport au politique est énorme tant il y a une cassure entre l’État et la société. Les élections locales d’hier n’étaient un enjeu que pour le régime soucieux de préparer la succession d’Abdelaziz Bouteflika pour 2019, tout en entretenant un multipartisme d’apparence, une démocratie de façade. (…) Une blague dit que même mort il voudrait un cinquième mandat ! Cela illustre le niveau de pessimisme. Le blocage politique est absolu.

Mais qui gouverne ? Qui a limogé le premier ministre Abdelmadjid Tebboune en août dernier, trois mois après sa prise de fonction et pourquoi ? Le système politique est une boîte noire et l’on ne peut qu’échafauder des hypothèses.

Le fait même de parler de succession démontre bien qu’aucune perspective démocratique n’est à l’ordre du jour. Jusqu’à présent la distribution de la rente, ou la redistribution de la corruption, a servi de protection à la révolte. Le pouvoir exploite la guerre civile des années 1990 pour s’ériger en garant de la stabilité – sur le thème « si nous partons, le pays deviendra comme la Syrie ou la Libye ». Abdelaziz Bouteflika reste malgré tout populaire parce qu’il serait l’homme par qui la paix est revenue. Et le régime instrumentalise la religion. Le conservatisme social s’est répandu de manière vertigineuse. Quand ils ne veulent pas fuir le pays, les jeunes se réfugient dans les mosquées. Ce contexte est peu propice à une embellie modernisatrice. Nul ne sait ce qu’il adviendra si la manne financière s’épuise.

Lire le deuxième point de vue du débat

Recueilli par Marie Verdier , La Croix du 23-11-2017