« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )

« Désormais, il ne reste plus que deux camps » (O. Fröhlich

20, Août 2016 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Actualités chrétiennes,Dialogue,Spiritualité     , , , ,   No Comments

« Désormais, il ne reste plus que deux camps. L’un a choisi l’amour, l’autre se laisse emporter par la haine.

Ne croyez pas qu’il s’agit d’un affrontement entre l’Orient et l’Occident. Ne laissez pas dire que ce serait une lutte entre l’islam et le monde chrétien. Ne pensez pas qu’on aurait affaire à un combat des croyants contre les laïcs. Ce serait tellement simple si l’on pouvait se laisser enfermer dans ces catégories, n’est-ce pas ? Alors, l’ennemi serait identifié… Et il ne resterait plus qu’à le dénoncer, le traquer, le condamner. Et nous rassurer en nous disant que nous sommes du bon côté.

Mais non, la ligne de fracture est ailleurs. Elle ne correspond pas aux frontières entre les peuples, ni même entre les cultures ou les religions. Elle traverse chaque personne. Car tout se joue d’abord en nous.

Ceux qui brandissent l’étendard de l’islam ou se font les hérauts de la défense de l’Occident et de la chrétienté pour valider la violence ne cherchent qu’à justifier leur haine ! Ils pensent lui avoir trouvé un habit respectable, ce qu’ils imaginent être une « juste cause », mais ils ne font que s’illusionner eux-mêmes en refusant de regarder en face ce qui les motive. Ils ont laissé la haine et la violence prendre le dessus dans leur vie et veulent l’imposer à notre société.

 

Désormais, il ne reste plus que deux camps. Ils ont pour étendard l’amour ou la haine. Je sais que j’ai choisi celui de l’amour, mais je suis bien conscient que je risque toujours de tomber du côté obscur.  « Vous n’aurez pas ma haine », écrivait Antoine Leiris au lendemain de la tuerie du Bataclan, dans laquelle il a perdu son épouse. Il avait tout compris !

Si ces attentats nous poussent à fermer nos frontières, à multiplier les mesures de sécurité et les contrôles, à nous méfier de tout et de tout le monde, à rejeter l’autre, celui qui est différent, alors la fraternité et le respect auront perdu. Et la démocratie s’écroulera car elle aura sapé ses fondements. Alors ils auront atteint leur but. Parce qu’ils nous auront fait basculer du côté de la méfiance, de la peur, de l’intolérance.

Cela ne signifie pas qu’il faudrait tout accepter, tout tolérer. Que tout discours deviendrait légitime au nom du respect des différences. La tolérance pose la question de l’intolérable. Aimer signifie que je dois protéger celles et ceux que j’aime. Leur permettre de grandir le cœur en paix. Peut-être même devrons-nous prendre les armes, mais que ce ne soit jamais pour attiser les haines.

 

Désormais, il ne reste plus que deux camps. L’un et l’autre fourbissent leurs armes. Il y a ceux qui se laissent emporter par la haine. Par peur, par sentiment d’échec, par souffrance ou par désespoir… Et nous ne savons pas toujours comment leur offrir un autre regard, un espoir. Et puis, il y a ceux qui exploitent cette haine, qui flattent les instincts les plus bas, qui entretiennent les peurs… Ceux-là sont particulièrement détestables !

Moi, je n’ai pour toute puissance que la fragilité de l’amour. Celui que je reçois de tant de personnes, et celui que j’essaie tant bien que mal de partager. Mais je sais au fond de moi que la haine risque toujours de prendre le dessus, par révolte devant ces attentats aveugles, par dégoût face à cette barbarie humaine… Alors, je cultive l’amour comme on le ferait d’une fleur fragile. Je la nourris de l’engrais de tant d’amour reçu. Je retire de sa terre tous les petits cailloux d’intolérance ou de peur de l’autre qui pourraient l’étouffer. Parce que je suis croyant, je l’arrose chaque jour de ma prière, et je sais qu’elle s’épanouit sous le soleil de Dieu.

Et j’espère secrètement – naïvement peut-être – que cette petite plante donne l’envie à d’autres de cultiver la leur, de lui permettre de s’ouvrir et de s’épanouir. Dans les deux camps. »

Olivier Fröhlich

27 juillet 2016

Au lendemain de l’assassinat du père Jacques Hamel dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray.


NDR: Dans le même esprit, cette initiative à Berlin:

BERLIN : Un lieu de culte va réunir les chrétiens, les juifs et les musulmans.

Il s’appellera « The House of One”

Repéré par Étienne Goetz, Allemagne, 23.06.2014

http://www.slate.fr/story/88893/berlin-religion-un-lieu