« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )

Le pape s’élève contre la violence commise au nom de la religion

09, Fév 2018 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Actualités chrétiennes,Dialogue,Foi chrétienne,Spiritualité,terrorisme     No Comments

Il exhorte les responsables politiques et religieux à lutter contre ce fléau. Pour le pape François, « son engagement politique dérive de l’Évangile et non d’une idéologie ».

Les responsables religieux doivent « démasquer toute tentative de manipuler Dieu pour des buts qui n’ont rien à voir avec lui et avec sa gloire », déclare le pape François qui dénonce toutes les formes de violence commises au nom de la religion. « L’homme authentiquement religieux », poursuit-il, sait qu’en Dieu « il ne peut y avoir de place pour la haine, la rancœur et la vengeance ».

Le pape François a reçu en audience les participants à la Conférence : « S’attaquer à la violence commise au nom de la religion » (Tackling violence committed in the name of religion), ce vendredi 2 février 2018

Pour le pape, « un des plus grands blasphèmes est d’appeler Dieu comme garant de ses propres péchés et crimes, de l’appeler à justifier l’homicide, le massacre, la réduction en esclavage, l’exploitation sous toutes ses formes, l’oppression et la persécution de personnes et de populations entières ».

Il est très important que les responsables politiques et les chefs religieux se rencontrent et discutent entre eux sur la façon de s’opposer à la violence commise au nom de la religion. (…) La violence, en effet, est la négation de toute religiosité authentique. Nous sommes tenus de dénoncer les violations contre la dignité humaine et contre les droits humains, à porter à la lumière les tentatives de justifier toute forme de haine au nom de la religion et à les condamner comme falsification idolâtre de Dieu. Il faut montrer, sans se lasser, que toute vie humaine a en soi  un caractère sacré, qu’elle mérite le respect, la considération, la compassion, la solidarité, indépendamment de l’ethnie, de la religion, de la culture, de l’orientation idéologique ou politique.

L’appartenance à une religion déterminée ne donne aucune dignité ni droits supplémentaires à celui qui y adhère, de même que la non-appartenance ne les supprime ni ne les diminue.

C’est pourquoi il faut s’engager ensemble, responsables politiques et chefs religieux, enseignants et professionnels de l’éducation, de la formation et de l’information, pour avertir quiconque serait tenté par des formes perverses de religiosité corrompue, que celles-ci n’ont rien à voir avec le témoignage d’une religion digne de ce nom. (…)

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat (https://fr.zenit.org/articles/le-pape-seleve-contre-la-violence-commise-au-nom-de-la-religion/

 

Pour le pape, « l’engagement politique dérive de l’Évangile et non d’une idéologie »

Pour le pape François, « l’engagement politique dérive de l’Évangile et non d’une idéologie », affirme le jésuite argentin José Luis Narvaja, professeur et collaborateur de la revue jésuite Civiltà Cattolica.

(…) « Aujourd’hui, explique José Luis Narvaja, la politique est souvent comprise comme ‘l’art du possible’, devenant un art des ‘parties’, un art de la partialité. » La politique, poursuit-il, « risque ainsi de devenir un art dont les hommes se servent pour chercher à imposer leurs propres intérêts». « La vision du pape se détache profondément de cette conception intéressée et instrumentale de la politique », affirme-t-il. (…)

« Pour le pape, poursuit-il, toute politique est toujours une ‘politique interne’. Il considère le monde comme une seule et unique ville, à laquelle correspond une politique unitaire. Cette vision trouve son fondement dans sa réflexion sur les relations entre le tout et la partie. » « Le pape affirme, dit José Luis Narvaja, que tout conflit doit être résolu à un niveau supérieur, dans lequel l’unité, c’est-à-dire le tout, doit être respectée. En ce sens-là, ‘l’unité prévaut sur le conflit’. »

La notion du « temps » est importante dans la vision politique du pape, poursuit le jésuite : « Le bien doit être désiré, il ne peut être imposé. Il faut donc du temps : du temps afin que la vérité jaillisse et s’impose d’elle-même, sans violence ; du temps pour permettre l’action de Dieu dans la vie de l’homme et de la ville. » « Le respect du dynamisme temporel, explique-t-il, signifie une ouverture à la croissance, au dialogue, à la réflexion, à la conversion et à l’action de l’Esprit. Les quatre principes mentionnés doivent être tenus ensemble. Dans le cas contraire, on produit des relations étrangères avec le monde. » (…) Et « toute forme de rhétorique politique qui encourage les formes d’illuminisme et ethnicise les élites, liée peut-être à la figure de certains leaders ou d’un groupe spécifique, est à risque de leurre ».

« Sur la base » de ces considérations, il reconnaît que la politique du pape François est « une politique authentiquement chrétienne » : « Une politique qui soutient l’harmonisation des parties dans l’acceptation mutuelle, sans détruire les particularités, mais sans mettre non plus à la première place les différences, en apprenant à dialoguer et à s’enrichir mutuellement à partir de ces différences, en construisant une unité supérieure. » (…)

« La politique, conclut José Luis Narvaja, est ‘lutte’, mais elle n’est pas une lutte de la chair contre la chair, et encore moins une lutte entre les hommes contre d’autres ; elle est plutôt une lutte spirituelle, avec l’arme du discernement. »

Avec une traduction d’Océane Le Gall

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