« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )

Se rassembler contre le fondamentalisme (François Adibi)

11, Mar 2016 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Islamisme     , , , ,   No Comments

L’auteur est Président d’Altaïr Think Tank culture médias,

(…) Une idéologie qui a dévasté l’islam

Quelles que soient les différentes appellations: salafisme, djihadisme, wahhabisme ou autres frères musulmans, il s’agit bien d’une seule et même idéologie qui a pris un essor nouveau au début du XXe siècle, au service politique d’une poignée de dirigeants, sur un territoire restreint. Cette idéologie minoritaire a plus sûrement dévasté l’islam que tous les complots réels ou imaginaires.

Les errements de l’Occident, assimilés à un impérialisme, ont amplifié ce phénomène.
La stratégie adoptée par les islamistes fondamentalistes est d’avancer masqués derrière le paravent de l’islam. C’est cette stratégie qu’il faut contrer et dévoiler au public si on veut stopper la diffusion croissante du salafisme auprès de la jeunesse.

Aujourd’hui le temps est venu pour toutes les franges de la société, laïcs et religieux, de se rassembler dans un même combat pour débarrasser le monde et l’islam du salafisme. L’instrumentalisation du religieux se nourrit aussi de l’instrumentalisation de la laïcité, ces deux phénomènes fragmentent la société au moment même où celle-ci devrait se rassembler.

Méfions-nous donc d’une instrumentalisation de la laïcité qui ne serait sûrement pas la réponse opportune au fondamentalisme islamiste. Elle aurait pour seul effet de tenir à la marge ceux de nos concitoyens les plus concernés par la lutte contre le fondamentalisme et de pousser les plus fragiles vers le radicalisme.

L’usurpation du religieux

Distinguons clairement ce qui relève du religieux ou pas. Au fondement de toute religion, il y a ce qui relève d’une éthique et d’une loi morale universelle dont le but serait de relier les hommes et de tenter de les élever vers le spirituel.

Le dévoiement des textes et le bric à brac théologique des islamistes n’est qu’une imposture destinée à justifier des atrocités et à tromper les gens. Elle s’inscrit en opposition à la philosophie islamique et à la longue tradition d’exégèse coranique, c’est à dire d’étude approfondie et critique des textes.

Ce à quoi nous assistons au Moyen Orient: massacres de masse, décapitations, pillages, persécutions des minorités religieuses et aussi de nombreux musulmans, en quoi cela peut-il être relié à une éthique universelle ou à une dimension spirituelle? En quoi une organisation criminelle peut-elle se prévaloir d’une quelconque nature religieuse?

Le djihadisme et le salafisme ressemblent trait pour trait à ces idéologies d’exclusion que furent le nazisme ou l’idéologie des khmers rouges; idéologies qui dès lors qu’elles ont été implantées sur un territoire ont mis en œuvre leur folie meurtrière.

Comme le nazisme et l’idéologie des khmers rouges, le fondamentalisme islamiste ne sort pas de nulle part, sa provenance tant historique que géographique est parfaitement connue. Elle a émergé d’abord pour asseoir un pouvoir local en maintenant les populations dans la servitude et l’obéissance. Cette idéologie s’est ensuite déversée dans le monde à coups de milliards de pétrodollars.

Une idéologie, une organisation, un financement

Le terrorisme islamiste est l’aboutissement de trois facteurs: une idéologie, une organisation et un financement. Pour l’éradiquer il faut déconstruire l’idéologie, démanteler son organisation et tarir toutes ses sources de financement.

Depuis les années 1970, les deux seuls pays wahhabites de la planète ont organisé la propagation de leur idéologie dans le monde par toutes sortes de supports: diffusion massive de livres, chaînes satellitaires, formation et salariat des imams, financement d’organisations pseudo-humanitaires, corruption des élites et de certains relais d’opinion dans les pays ciblés. Par l’argent qu’ils ont déversé, ils ont colonisé l’islam et les esprits, en s’attaquant toujours aux points faibles des sociétés, banlieues délaissées, pays en voie de développement. L’idéologie est la cause première, le terreau socio-économique qui lui permet de se développer, la cause seconde.

L’occident porte des responsabilités dans ce processus: tout d’abord en fermant les yeux par complaisance, voire en encourageant la montée du radicalisme lorsque celui-ci servait ses intérêts à l’échelle internationale, et ensuite par aveuglement ou par ignorance lorsque des pays comme la Belgique ou la France ont livré la gestion d’une partie de l’islam à ceux qui sont justement à l’origine de l’idéologie islamiste. (…)

Publication: 18/02/2016

Texte complet sur http://www.huffingtonpost.fr/francois-adibi/se-rassembler-contre-le-fondamentalisme_b_9242524.html