« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )
30, Nov 2020 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Actualités chrétiennes No Comments
Monsieur le Premier Ministre,
Prêtres en ville ou à la campagne, aumôniers, religieuses et religieux, responsables de Fabriques d’église et chrétiens, nous vous demandons de ne pas discriminer les millions de croyants de notre pays.
Ainsi, dès ce mardi on pourra aller faire ses courses de Noël ou aller à la piscine le dimanche matin mais on ne pourra pas assister à la messe ! Ni même à celle de Noël !
Ne prenant pas la peine de parler des cultes et des célébrations de Noël, anniversaire de la naissance du Christ, cette nouvelle décision montre un réel manque de connaissance des spécificités de la vie de nombreux croyants alors qu’un protocole strict, en dialogue avec les autorités, a été précisé par les évêques de Belgique.
Ce silence sonne comme un mépris de la foi qui fait vibrer les cœurs d’un grand nombre de nos concitoyens. Nous en sommes plus qu’étonnés.
Comme tous les belges et avec tous nos paroissiens, nous nous sommes impliqués depuis le 18 mars dans la lutte contre la Covid-19. L’engagement des catholiques a été plein et entier dans la lutte contre cette épidémie comme notre volonté de servir le bien commun de notre société. Des protocoles rigoureux ont été mis en œuvre dans chaque chapelle, église ou cathédrale, en s’adaptant aux dimensions des lieux, de manière à respecter les consignes édictées (port du masque, distanciation, gel, etc.). Nous avons été prudents, loyaux et vigilants.
Pour contribuer à l’effort national, nous avons accepté de fêter la Semaine Sainte, Pâques, la Pentecôte, l’Ascension, la Toussaint confinés. Nous avons reporté des mariages et des baptêmes. Nous avons célébré des enterrements en comités restreints. Ce fut pour tous les fidèles, et pour nous prêtres et religieux, une véritable épreuve, un véritable sacrifice.
En période de crise, il faut mobiliser toutes les ressources du pays.
Annoncer la reprise du culte, c’est aussi renforcer la capacité de résilience du pays. Noël n’est pas une fête uniquement commerciale, ni purement familiale. Son âme est chrétienne !
Pour nous, les prêtres, religieuses et religieux, accompagner et servir les fidèles à vivre cette période de l’Avent qui prépare à la naissance du Christ, leur donner les sacrements* fait partie intégrante de notre mission. Et pour nous, les fidèles, pouvoir vivre ces sacrements est essentiel. Pour nous tous, c’est quelque chose de fondamental qui, nous l’avons si souvent constaté, contribue fortement au bien commun, même si c’est de manière moins immédiatement évidente pour certains.
Nous ne voulons pas plus que les autres. Il est cependant profondément injuste d’être moins bien traités. Et ce d’autant plus que la liberté de culte est un droit fondamental dans notre pays aussi bien collectif et public que privé. Nous demandons donc que vous nous fassiez confiance comme vous le faites aux autres. Nous aussi nous voulons le bien du pays.
Il est possible, comme nous l’avons déjà fait, de vivre nos célébrations en mettant en place des mesures strictes qui respectent les règles sanitaires autant que dans les commerces non-essentiels, les musées ou les piscines.
Nos grandes unités pastorales ou paroisses comptent de nombreuses voire de très nombreuses personnes qui viennent à la messe chaque dimanche ! Nous sommes prêts à multiplier les messes et à être créatifs si vous nous en donnez les moyens et que vous vous ouvrez aux solutions alternatives (célébration en extérieur pour Noël par exemple).
Monsieur le Premier Ministre, dans une crise, chacun doit être à sa place et faire ce qu’il a à faire. Les soignants soignent. Les forces de l’ordre contrôlent et protègent. Les commerçants font du commerce. Les enseignants enseignent. Les élèves étudient. Les agriculteurs cultivent … Laissez les croyants et les citoyens célébrer, prier et se rassembler dans leurs églises ».
NDR: Une initiative semblable a eu lieu en France et le Conseil d’Etat oblige le gouvernement à revoir la limitation à 30 personnes indépendamment de la taille du lieu, ce qu’il fera en concertation avec les autres cultes.
Réaction d’une lectrice : « je serais d’accord si tous les prêtres respectaient scrupuleusement les consignes de sécurité, mais ce n’est pas le cas. D’ailleurs Guy Harpigny dans le diocèse de Tournai a dû rappeler à l’ordre… dans un courrier assez ferme mais qui chez certains n’a pas eu beaucoup d’effet ».
Peut-être pourrait-on organiser tout de même pour Noël une célébration dans une cathédrale (avec inscriptions prélables) qui passerait à la TV ?
©2024 Reli-infos