« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )
11, Mar 2016 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Uncategorized Coran, dialogue, théologie, tolérance No Comments
De fait, c’est l’un des théologiens prometteurs de l’islam de France qui, à la manière d’un Tareq Oubrou, plaide pour une acclimatation de l’islam à la culture française. Encore méconnu du grand public, il fait pourtant, depuis deux ans, régulièrement des apparitions à la télévision.
Dans les milieux musulmans, la notoriété de Bajrafil est bien établie. Au sein d’un islam très majoritairement d’origine maghrébine, il tranche par ses racines comoriennes. (…) Il estime, lui, qu’être un imam d’origine comorienne lui permet de transcender les clivages de nationalités qui structurent encore le paysage musulman français. «Pour l’instant, les grandes fédérations musulmanes fonctionnent encore sur ce modèle. Mais les choses vont devoir changer», plaide le théologien.
Dans les milieux musulmans, on ne roule pas sur l’or. Une minorité d’imams est salariée. Mohamed Bajrafil a «toujours été bénévole». Docteur en linguistique, il gagne sa vie à l’Education nationale comme professeur de français et d’histoire en lycée pro. Avant de s’ancrer à Ivry (en 2009), il a exercé à la mosquée de Vigneux-sur-Seine (Essonne). Ce lieu de culte est assez typique d’une nouvelle génération. Indépendant (sans affiliation à une grande fédération ou à un pays étranger), il est géré par une bourgeoisie émergente assise sur sa réussite et son intégration sociales.
A Ivry, c’est un peu le même schéma. «Mohamed y est très apprécié, d’une grande gentillesse. Il se donne entièrement à ce qu’il fait», dit Mohamed Akrid, le président de l’Association musulmane d’Ivry. Mohamed Bajrafil n’aime visiblement pas la confrontation. Il pourrait même paraître parfois trop consensuel, trop lisse. Depuis deux ans, il figure parmi les conférenciers prisés du grand rassemblement organisé chaque année au Bourget par l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), la branche française des Frères musulmans. (…) Mohamed Bajrafil affiche son indépendance : «Je n’ai pas de lien avec l’UOIF.» L’urgence du moment est ailleurs. «Il faut lire le Coran avec les yeux du XXIe siècle.»
Mohamed Bajrafil se définit comme un réformiste, ne voit pas d’inconvénients à ce que les hommes et les femmes prient ensemble, dans la même salle, à la mosquée. Sur le port du voile, il affirme, certes, que c’est une obligation religieuse, mais aussi qu’il «n’y obligera pas sa fille». Aux problèmes de radicalisation, il rétorque formation spirituelle et transmission des savoirs. Il déplore ce qui circule anarchiquement sur Internet, admet la nécessité d’ériger en France une faculté de théologie musulmane. Et vite. «Sinon, on continuera à importer des choses de l’extérieur. Les réalités françaises ne sont pas spécifiques. Pour que tout rentre dans l’ordre, il est indispensable qu’il y ait des institutions en France qui forment à l’islam.»
1978 Naissance à Tsidjé (Comores). 1999 Arrivée en France. 2008 Devient imam à Ivry-sur-Seine. 2015 Parution de « Islam de France, l’an I , Il est temps d’entrer dans le XXIe siècle ».
Par Bernadette Sauvaget — 17 février 2016 dans Libération
Texte complet sur http://www.liberation.fr/france/2016/02/17/mohamed-bajrafil-coran-alternatif_1434047
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