« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )
05, Août 2018 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in International environnement No Comments
Je reviens sur ce sujet qui devrait être un souci majeur des religions : où allons-nous ? Que faisons-nous ? (version quelque peu remaniée)
Les incendies en Grèce, et en Suède, Canada, Californie, les inondations au Japon, au Laos, et ailleurs, la canicule record en Europe, l’élévation record de la température de la mer du Nord, voilà quelques signes parmi d’autres des conséquences du réchauffement climatique induit par nos propres consommations d’énergies fossiles, càd par notre mode de vie. Mais que faisons-nous ? Nous nous précipitons vers les airco que nous faisons fonctionner à plein dans nos voitures, maisons, lieux de travail, mais ceci a lieu sur toute la planète et est donc multiplié par des milliards, réchauffant d’autant les températures extérieures. C’est l’un des cercles vicieux dénoncés par les spécialistes et il y en a bien d’autres.
Je pensais ce matin au monde que j’ai connu dans mon enfance, au sortir de la guerre. Il n’y avait pas beaucoup de voitures, de camions, de tracteurs. Les voyages en avion étaient exceptionnels, de même que les voyages à l’étranger, surtout ceux hors d’Europe. Sommes-nous plus heureux ? Je ne pense pas, quand je considère le nombre de personnes déprimées, abandonnées, les conflits familiaux etc. Nos considérables progrès matériels ne sont pas accompagnés de progrès moraux, de solidarité, de paix intérieure et extérieure, de bonheur finalement. Quand je vois la circulation incroyable de voitures et de camions sur les routes, d’avions dans les airs, de bateaux dans les mers, je me demande « Où va-t-on ? Droit dans le mur ? ». Mais nous ne mesurons pas assez, pour chaque achat que nous faisons, pour chaque énergie que nous consommons, son impact sur l’environnement.
Il me parait clair que ce sont les pays riches qui sont les plus concernés, comme producteurs majeurs de pollutions et de co2, parce que insatiables : dans tous les domaines, on veut toujours plus de facilités et on fait tout pour maintenir nos privilèges économiques et géopolitiques, notamment dans les dépenses pour la « Défense » que l’Otan et Donald Trump veulent voir monter à 2% du PIB, pendant que celles pour la coopération au développement sont rabotées en-dessous de 0,50 %.
Les lanceurs d’alerte pour le climat crient à l’urgence, mais les politiques se contentent de demi-mesures, afin de ne pas perdre des électeurs par des mesures trop radicales, pourtant nécessaires. La plupart des gouvernements des pays riches sont d’ailleurs de tendance « libérale », se préoccupant peu de ces questions et s’efforçant plutôt de maintenir le système capitaliste en place, en continuant en fait à exploiter les pays pauvres (notamment on leur achète leurs produits à bas prix et on leur vend les nôtres à prix élevé, ou bien on les inonde de nos produits et on détruit ainsi leurs propres efforts. ([1])
En Belgique, avez-vous entendu parler de mesures drastiques et immédiates (et pourtant indispensables pour freiner le réchauffement climatique) pour encourager fortement les transports en commun, les pistes cyclables, les éoliennes, les panneaux solaires, l’isolation des habitations (notamment par des prêts très persuasifs) ? A l’inverse, ne devrait-on pas se résoudre à décourager la circulation automobile (les voitures de société) et aérienne (par exemple le kérosène n’est pas taxé en Europe, alors qu’il influe bien davantage sur le réchauffement climatique que l’essence des voitures (par passager au km) ([2]).
C’est un fait : les politiques ne bougeront vraiment que si nous-mêmes changeons profondément nos habitudes. Voilà une phrase souvent répétée, mais sommes-nous prêts à le faire, ce qui implique de renoncer à une série de désirs, de facilités et de privilèges ? Certains le font, et c’est à ce prix qu’ils peuvent convaincre et crier avec force à ceux qui nous gouvernent d’arrêter leurs vision étriquée et fausse, purement matérielle, du « bonheur national » qu’ils réduisent à la « prospérité nationale ». Car si on ne vit pas comme on pense (càd avec le sens de l’égalité entre tous les êtres humains), on finit par penser comme on vit, en écartant ces questions de notre esprit.
Faisons-le pour nos enfants et petits-enfants, pour leur laisser une planète comme nous en avons joui nous-mêmes, faisons-le aussi par sentiment de justice à l’égard de ces deux milliards de nos congénères qui doivent subir une vie infra-humaine et qui seront et sont déjà les principales victimes du dérèglement climatique ! Qu’avons-nous mérité pour naître dans un des pays les plus riches du monde, plutôt que dans un bidonville d’une de ces villes tentaculaires du tiers-monde ou dans les campagnes où les paysans n’arrivent même plus à subsister ? Une telle misère pourrait être résolue si nos dirigeants décidaient d’arrêter de laisser faire l’exploitation éhontée des richesses de ces pays. Nous sommes malheureusement de plus en plus dirigés par des partis aux idées dites « libérales » qui sont au service des classes aisées et des revenus de leurs capitaux. A nous d’en tirer les conséquences, notamment durant les mois qui viennent.
dimanche 5 aout 2018, par temps de canicule et de sècheresse annonciatrices
[1] Dimanche 29/7, l’émission des « Belges du bout du monde », sur la RTBF radio, on évoquait le cas du Burundi ainsi que le livre de Deogratias Niyonkuru « Pour la dignité paysanne. Expériences et témoignages d’Afrique, réflexions, pistes méthodologiques ) dont Olivier De Schutter fait un très grand éloge dans la préface ( qu’on peut lire sur https://www.grip.org/sites/grip.org/files/LIVRES_DU_GRIP/LIVRES_GRIP/313%20-%20Dignit%C3%A9%20paysanne%20%28Nyonkuru%29/Dignit%C3%A9%20paysanne%20pr%C3%A9face.pdf ). On peut en savoir plus sur cet auteur majeur sur le site du GRIP : https://www.grip.org/fr/node/2497 .
[2] https://www.rtbf.be/info/dossier/le-climat-et-moi/detail_pourquoi-le-kerosene-des-avions-n-est-il-pas-taxe?id=9154569
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