« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )
13, Juil 2019 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Actualités chrétiennes No Comments
A la suite d’un accident de la route en septembre 2008, le Français était devenu tétraplégique. Au fil des années, l’état de santé du quadragénaire a mobilisé des énergies contradictoires, avec d’une part ses parents favorables au maintien des soins et d’autre part son épouse et certains de ses frères et sœurs, enclins à la suspension des traitements. Deux conceptions de la vie se sont ainsi affrontées des années durant.
En France et ailleurs, cet homme était devenu l’emblème du débat autour de la fin de vie et de la légalisation de l’euthanasie. Même l’annonce de son décès témoigne de ce déchirement.
Un an plus tôt, en septembre 2014, Rachel, l’épouse de Vincent et la mère de leur unique enfant, a publié un livre intitulé « Parce que je l’aime, je veux le laisser partir ». Elle y écrivait : « Sur son lit d’hôpital, Vincent est pris en otage entre des injonctions contradictoires. Les médecins ont estimé qu’il est temps d’interrompre son traitement, ses parents ont saisi la justice pour contrer cet avis. Moi, je souhaite que cesse enfin ce maintien en vie artificiel. Je suis et je reste celle qu’il a choisie, c’est pourquoi aujourd’hui je prends la parole. En acceptant de le laisser partir, je lui sauve la vie. »
(extraits de Cathobel)
1 Quel est votre ressenti suite au décès de Vincent Lambert ?
» Je suis très touché et en colère quand je vois la façon dont il a été traité. Tout cet acharnement thérapeutique m’a paru insupportable et indigne d’un être humain. J’espère que la France pourra tirer les conclusions qui s’imposent pour l’avenir. «
2 Êtes-vous favorable à l’euthanasie quelles que soient les circonstances?
» Dans certaines circonstances, la morphine ne suffit plus à soulager la personne. Deux options peuvent alors se dégager : la sédation palliative définitive et l’euthanasie. L’une est plus longue que l’autre. Mais pour moi, les deux questions sont à égalité sur le plan éthique. Il faut aider les personnes à s’en aller le plus doucement possible. L’acharnement thérapeutique est insupportable. »
3 Vous ne partagez donc pas l’avis de certains croyants qui estiment que la vie doit être préservée à tout prix?
» La vie possède de nombreuses dimensions : une dimension biologique mais aussi affective et relationnelle. La vie, c’est quelque chose de complet. Je ne comprends pas qu’on puisse avoir une vision aussi étroite de la vie que les parents de Vincent Lambert. »
(Interview paru dans La Dernière Heure du 11/7/2019 > Ma. Be.)
NDR: Dans la soirée du 10 juillet, la veille du décès, le pape François a publié sur son compte twitter les mots suivants : « Prions pour les malades abandonnés et qu’on laisse mourir. Une société est humaine si elle protège la vie, chaque vie, de son début jusqu’à sa fin naturelle, sans choisir qui est digne ou non de vivre. Que les médecins servent la vie, qu’ils ne la suppriment pas. »
Personnellement je ne comprends pas et je regrette cette position aussi abrupte et sans appel de la part de celui dont l’avis sera considéré comme l’opinion officielle de toute l’Eglise catholique, clôturant en quelque sorte le débat sur l’acharnement thérapeutique.
« Deux conceptions de la vie se sont ainsi affrontées des années « . Pour moi, ce sont « deux conceptions du SENS de la vie qui se sont affrontées ». D’un côté (les parents) une conception théorique, tabou, dogmatique, sans aucune remise en question, sans aucune compassion ni respect, pour la personne de Vincent, réduit à un corps matériel. De l’autre côté, une conception réfléchie, humaine, respectueuse de la personne, accompagnée d’une réflexion personnelle, d’une remise en question des tabous reçus, par Amour pour la personne de Vincent. D’un côté, c’est le corps matériel qui fait sens, de l’autre côté c’est la personne de Vincent qui fait sens.
2) Le Pape a déclaré que: « Une société est humaine si elle protège la vie, chaque vie, de son début jusqu’à sa fin naturelle ». En s’exprimant ainsi, le Pape n’a pas pris en considération que le maintien en vie de Vincent, depuis 10 ans, n’était plus naturelle, au contraire purement artificielle et dénuée de tout sens d’humanité. Vincent est bien mort d’une mort naturelle, dés lors que l’on a arrêté l’acharnement thérapeutique, lequel aurait dû être arrêté déjà voici 8 à 9 ans, lorsqu’il était devenu évident qu’il resterait en état de mort cérébrale définitive. La réanimation et l’acharnement thérapeutique n’ont de sens que lorsqu’un patient a besoin d’une aide artificielle pour passer un cap difficile et provisoire et redémarrer ensuite.
Plus de détails sur le cas de V. Lambert sur https://www.rtbf.be/info/monde/detail_mort-de-vincent-lambert-sa-femme-rachel-abattue-par-des-annees-de-procedure?id=10268640
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