« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )

La pédophilie dans l’Eglise catholique. Chercher les causes et remèdes en profondeur

15, Sep 2018 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Actualités chrétiennes     ,   No Comments

 

Ce sont de nouveaux tremblements de terre que vit l’Eglise catholique durant ces dernières semaines. Analyser les causes en profondeur et oser des changements radicaux paraît à beaucoup indispensable pour que cette Eglise retrouve sa crédibilité dans de larges milieux. On doit aussi se demander : qu’est ce qui fait qu’un scandale de cette ampleur n’arrive pas aux Eglises protestante et orthodoxe ?

Voici un large et riche extrait du liminaire de la revue « Pour un autre visage d’Eglise et de société » (PAVES).

« (…) C’est certainement d’humilité que nous avons besoin aujourd’hui : dans

l’Église catholique en tout cas, après l’Australie, le Chili et la Pennsylvanie

(ndr : et l’Allemagne) et l’invraisemblable déferlante de révélations sur la pédophilie de centaines

de prêtres, la manipulation criminelle de tant d’évêques pour sauver les

apparences, les tergiversations du pape François lui-même…. Nous imaginions

avoir vécu le pire en Belgique en 2010 et nous pensions nous en

être sortis sans trop de mal. Mais voilà plus de 25 ans que ça dure, et la

nausée gagne les plus patients. Les déclarations de tous bords font l’affaire

des médias, souvent sans nuances. Les groupes et réseaux dont nous

sommes proches ont pris la parole à ce sujet. On vous y renvoie.

Les analyses incriminent souvent de manière très univoque un célibat non

choisi et mal assumé, comme par exemple pour l’écrivaine Nancy Huston,

dans Le Monde.1  Globalement d’accord, les groupes de prêtres mariés qui

participent à nos réseaux avaient déjà travaillé cette question, de manière

fine et nuancée.2  Plus globale, l’analyse faite par Jean Lavoué ciblant aussi

comme terreau d’enracinement l’attitude de l’Église catholique vis-à-vis de

la sexualité, nous semble pertinente.3  Le mal est endémique, il ne date pas

d’hier, le diagnostic ayant été clairement porté par le pape lui-même : « abus

de pouvoir, abus de conscience, conduisant à des abus sexuels ».

1 http://www.pretresmaries.eu/pdf/fr/575-Francois_arretez_le_massacre_.pdf

2  C’était en 2010 : http://www.pretresmaries.eu/fr/Publications.html#339

3 http://www.dieumaintenant.com/leglisecatholiquepeutellerenonceraupouvoir.html

Évêques, théologiens, psychologues, et tous les porte-parole depuis le plus

haut des hiérarchies jusqu’aux plus petites associations, tous ont emboité le

pas du pape François pour redire que le mal le plus radical de l’Église était

le ‘cléricalisme’. Mais l’évoquer une fois de plus ne mène sans doute pas

très loin si on ne prend aucun moyen concret pour le contrer. Nous avons

choisi de traduire dans ce numéro un article du théologien espagnol J.M.

Castillo qui demande avec insistance qu’on n’en reste pas aux constats, et

qu’on en tire les conséquences : c’est la structure même de notre Église

catholique qui divise le Peuple de Dieu en plusieurs ‘classes’ ou ‘castes’

qu’il faut changer. De la même veine, nous aurions pu relayer une analyse

aussi remarquable d’une religieuse américaine sur la prêtrise : « Est-ce que

la racine de ce péché d’orgueil produit par le cléricalisme ne se situerait

pas au coeur même de la théologie de l’ordination et de l’affirmation que le

prêtre agit in persona Christi ? » 1

Tout le monde semble donc bien mettre directement en cause la structure

de pouvoir. « Le type de gouvernance qui perdure en Église mène à un

véritable suicide collectif »2,  affirme la Conférence des Baptisé-e-s Francophones.

Et de suggérer dans une lettre au pape François la tenue d’un vrai

‘Concile du Peuple de Dieu’, et dans une autre lettre aux évêques de France

la tenue de réelles ‘Assises’ nationales. Avec bien entendu « la participation

active de tous les membres de l’Église ». Il s’agit de faire en sorte que

la place des laïcs soit enfin reconnue jusqu’au niveau des délibérations, des

décisions, des nominations.  Une révolution, bien sûr.

Commentant la visite du pape en Irlande, Colm Holmes, président de Weare-

Church-International suggère une étape intermédiaire : vu que le C-9 –

les cardinaux qui conseillent le pape François – ne parvient pas à l’éclairer

de manière satisfaisante, ne faudrait-il pas le remplacer, ou tout au moins le

compléter, par un L-9 composé de laïcs et majoritairement de femmes… ?

Les idées ne manquent pas dans tous les documents cités. Partageons-les !

 

Pierre COLLET, n° 56 (sept.2018) de la revue commune du réseau Pavés (HLM n°153)

 

1 Nicole Trahan : https://www.globalsistersreport.org/column/horizons/evilclericalism-

55340?utm_source=Horizons

2  Voir l’appel de son secrétaire M. Bouvard dans ce bulletin, et les lettres envoyées

par sa présidente A. Soupa http://baptises.fr/sites/default/files/communique-de-presse