« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )

Que se cache-t-il derrière l’attaque contre la Syrie le 13 avril ?

20, Avr 2018 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in International     ,   No Comments

 

Pourquoi les États-Unis ont-ils décidé d’attaquer la Syrie le 13 avril dernier ? Le recours aux armes chimiques est évidemment intolérable, mais est-ce la seule raison ? L’article très documenté qui suit laisse entrevoir que cette attaque s’inscrit dans toute une stratégie géopolitique que l’auteur estime contraire aux espoirs de paix pour le peuple syrien.

(ndr : dois-je rappeler que les articles reproduits ici sont laissés au discernement des lecteurs ? Mais il est toujours intéressant de lire d’autres analyses que les plus courantes qui vont souvent dans le sens de la bonne conscience occidentale, surtout quand il s’agit de guerre.)

17 Avril 2018

auteur: Marc Botenga

 

L’invasion de l’Irak par les Américains a causé plus d’un million de morts.1 Aujourd’hui, l’Arabie saoudite mène une horrible guerre d’agression au Yémen. En toute impunité, Israël se met une fois de plus à massacrer des Palestiniens non arlés. Tant Israël2 que l’Arabie saoudite3, tous deux des alliés des États-Unis, ont déjà été accusés à de nombreuses reprises d’avoir utilisé des armes chimiques. Mais là, c’est silence radio de Washington à Paris en passant par Londres. Pourquoi en va-t-il autrement pour la Syrie ? Pourquoi l’Occident intervient-il avant que la moindre enquête n’ait lieu ? Quels intérêts cette intervention recèle-t-elle ?

Un plan stratégique

En 2002, les États-Unis désignaient la Syrie comme un État voyou. Cela s’inscrivait dans une stratégie plus large du gouvernement Bush visant à renforcer l’emprise américaine sur le Moyen-Orient.

Le contrôle de toute une région débordant de pétrole et de gaz reste essentiel pour l’impérialisme. Surtout dans un contexte où des pays émergents, comme la Chine, ont besoin d’énormes quantités de matières premières pour leur développement. Pour garantir ce contrôle, des régimes trop indépendants vis-à-vis de l’Occident, comme l’Irak et la Libye, ont été renversés par des interventions militaires. Des alliés loyaux comme l’Arabie saoudite et Israël reçoivent des milliards de dollars en armement, alors que leur concurrent iranien est menacé de sanctions et de guerre.

Le président syrien Bashar al-Assad avait certes conclu de nombreux accords économiques avec l’Occident. Mais la Syrie s’était également opposée à la guerre en Irak, soutenait activement des mouvements palestiniens et entretient une alliance avec l’Iran, l’un des rares autres pays de la région qui se positionnent de façon indépendante vis-à-vis de l’Occident.

Les gazoducs prévus dans la région jouent eux aussi un rôle. Si Washington, le Qatar ou l’Arabie saoudite reprennent le contrôle sur la Syrie, il leur serait plus facile d’exporter le gaz du golfe Persique en passant par cette même Syrie. Cela affaiblirait considérablement la position de la Russie, elle-même une importante exportatrice de gaz.

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