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4 bébés bruxellois sur 10 naissent dans la misère, un accompagnement des mamans est essentiel

02, Fév 2017 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Migrants     No Comments

 

Heureusement, depuis l’automne 2015, le projet Miriam accompagne des mamans célibataires bénéficiant du revenu d’intégration sociale. Partant du constat que les mères isolées constituent un groupe très vulnérable, cinq CPAS (Charleroi, Namur, Molenbeek, Gand et Louvain) ont été sélectionnés pour porter le projet. Ensemble, elles sont moins seules. L’objectif est de rendre un réel pouvoir d’agir à ces femmes

Extrait de La Libre, Annick Hovine et C.S. Publié le mercredi 01 février 2017 à 06h51 –

A Bruxelles, plus de quatre bébés sur dix naissent sous le seuil de pauvreté. La moyenne belge est de deux enfants sur dix. Pour le dire autrement : 43 % des enfants voient le jour dans une famille où les revenus sont (très) faibles (en dessous de 867 € par mois si le parent est seul). (selon une recherche soutenue par la Fondation Roi Baudouin (FRB).

« Ce n’est pas parce qu’on connaît ces chiffres qu’on doit [s’y] habituer ! » s’exclame Françoise Pissart, directrice à la FRB. (…)

Autre chiffre, faramineux : un nourrisson bruxellois sur six naît dans une famille monoparentale. C’est-à-dire que la maman se retrouve déjà seule avant d’arriver à la maternité. Enceintes, la moitié d’entre elles sont sans travail et une sur cinq dépend déjà du CPAS. Au moment de l’accouchement, une parturiente seule sur quatre doit demander l’aide sociale…

Cette pauvreté massive des jeunes enfants en Région bruxelloise, où se concentrent des ménages sans revenu du travail, les mères seules et avec un degré d’instruction faible, interpelle durement. Les autres régions s’en sortent mieux – surtout la Flandre (voir infographie).

Mais si on compare la proportion de naissances dans les familles en situation précaire dans les cinq grandes villes du pays, la situation est encore plus catastrophique à Charleroi et à Liège qu’à Bruxelles (voir infographie). C’est là aussi que le pourcentage de mères monoparentales est le plus élevé…

Une bouée pour les mères célibataires

Elever seul son enfant est loin d’être facile tous les jours. Depuis l’automne 2015, le projet Miriam accompagne des mamans célibataires bénéficiant du revenu d’intégration sociale. Partant du constat que les mères isolées constituent un groupe très vulnérable, le SPP intégration sociale et le Vrouwenraad (Conseil flamand des femmes) ont lancé cette initiative. Cinq CPAS (Charleroi, Namur, Molenbeek, Gand et Louvain) ont été sélectionnés pour porter le projet. Ces centres-là regroupaient un nombre important de femmes « monoparentales ».

Ensemble, elles sont moins seules

L’objectif est de rendre un réel pouvoir d’agir à ces femmes mais pas n’importe comment. Une approche personnalisée a été mise en place. « On n’arrive pas là avec nos gros sabots. On travaille en fonction des besoins de ces mamans. Pour elles, une petite difficulté peut vite devenir une montagne à surmonter » , explique Quentin Pattyn, responsable du projet pour le CPAS de Molenbeek. L’année dernière, ce projet travaillait essentiellement avec des mères d’enfants de moins de 10 ans. Cette année-ci, les femmes ayant des enfants de moins de six ans sont ciblées. Grâce à un suivi collectif et individuel, elles renforcent leur confiance en elles. « Ces séances leur permettent de partager leurs expériences. Elles s’apportent aussi beaucoup de soutiens. Le sentiment de solitude est certainement la plus grosse difficulté que ces femmes doivent surmonter » , a pu constater M. Pattyn.

Belle progression

En un an, ces femmes ont beaucoup évolué. Certaines ont décroché un emploi. D’autres ont pris conscience de tout ce dont elles étaient capables de réaliser. « Elles sont devenues plus fortes. Je pense, par exemple, à une de ces femmes qui était plutôt renfermée. C’était ‘juste’ une mère avec ses enfants. Aujourd’hui, elle est devenue la porte-parole du groupe. Elle a rencontré des travailleurs sociaux et le Roi. Elle croit beaucoup en ce projet » , se réjouit l’assistant social, impatient de commencer à travailler avec de nouvelles mamans.

A Bruxelles, les enfants pauvres sont issus de l’immigration

Les trois quarts des mères qui accouchent à Bruxelles (75 %) sont issues de l’immigration, soit d’origine étrangère soit de (première) nationalité non belge.

Si on scrute la nationalité dans la proportion de ménages en situation de précarité au moment d’une naissance, on constate que la grande pauvreté touche dans 80 % des cas des mamans d’origine non européenne. « Il est clair que les enfants pauvres à Bruxelles, ce sont ceux issus de l’immigration », indique Myriam De Spiegelaere (ULB).

Le taux de pauvreté varie selon la nationalité. Ainsi, 70 % des petits Bruxellois dont la mère est originaire d’Afrique subsaharienne naissent sous le seuil de pauvreté. C’est la communauté la plus à risque, avant les petits Maghrébins (65 %), les enfants dont la maman vient d’Europe de l’Est (61 %) ou de Turquie (60 %).

Lien entre pauvreté et santé

Le taux de pauvreté des petits Bruxellois d’origine belge est lui comparable à la moyenne nationale : 18,3 %. « Le quart-monde belge est parti de Bruxelles : on le retrouve davantage dans la région de Charleroi », éclaire Mme De Spiegelaere (…)