« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )
22, Juin 2020 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Droits humains,islamophobie,Migrants No Comments
(ndr: les médias se sont dernièrement trop uniquement braqués sur des agissements de certains policiers, ce qui a produit un phénomène de stigmatisation de toute la police, sans faire voir les difficultés de ce métier où ils sont confrontés à des violences, des rebellions, des trafics de drogue, etc. Cette stigmatisation entraîne leur découragement, ainsi que la violence et le non-respect à leur égard.)
Un problème profond en Belgique
En Belgique, un tiers des discriminations sont fondées sur des critères « raciaux » selon le dernier rapport d’UNIA.
Concrètement, sur les 8478 signalements relatifs à des faits présumés de discrimination, qui ont donné lieu à l’ouverture de 2 343 dossiers. Pas moins de 35,9% concernent une prétendue race, la couleur de peau, la nationalité, l’ascendance (juive) ou l’origine (nationale ou ethnique).
Pour le codirecteur d’Unia, le problème de discriminations raciales dans notre pays est profond : « Depuis toujours, un quart au moins des dossiers qu’on ouvre sont liés à ces critères dits raciaux. Pour moi, c’est l’illustration que la question du racisme reste un problème d’actualité« . Une analyse qui repose également sur le nombre de signalements qui a presque doublé en cinq ans. Parmi les raisons évoquées par UNIA, la normalisation des messages de haine sur les réseaux sociaux et dans l’espace public.
Les critères raciaux en tête
Si l’on examine le nombre de dossiers ouverts en 2019, il apparaît que les dossiers fondés sur des critères raciaux restent le groupe le plus important (951). Les dossiers sur le handicap suivent en deuxième position (614). Suivent d’autres catégories importantes tels que les dossiers relatifs aux convictions religieuses et philosophiques (336) et à l’orientation sexuelle (133). Les domaines où les comportements discriminatoires sont les plus souvent rapportés sont l’emploi avec 657 dossiers. Arrivent ensuite le logement, le transport, les produits bancaires et d’assurance avec 641 dossiers. D’autres domaines sont également touchés. C’est notamment le cas pour les secteurs des médias (346 dossiers), de l’enseignement (308 dossiers) et de la police/justice (81 dossiers).
Un durcissement du langage en ligne et en rue
Parmi les éléments symptomatiques, le durcissement du discours sur les réseaux sociaux et dans la rue est particulièrement frappant pour Patrick Charlier : « Après les élections du 26 mai 2019, il n’y a plus eu aucune retenue (…) Certains ont vu les résultats de ces élections comme le signal qu’ils pouvaient se laisser aller. Le ton du débat social est devenu plus dur, plus brutal, plus agressif.«
Une tendance qui semble se poursuivre en 2020. « Récemment, de nombreuses controverses sont apparues à propos du racisme et des actions de la police en Belgique, après la mort tragique de George Floyd aux États-Unis. Cela a été accompagné de nouveaux messages de haine. Heureusement, nous avons également constaté une réaction contraire : un courant d’actions de solidarité de la part de citoyens qui souhaitent que des mesures soient prises contre le racisme structurel. »
Reconnaître le caractère systémique et structurel des inégalités
En Belgique, un tiers des discriminations sont fondées sur des critères « raciaux » selon le dernier rapport d’UNIA – © Tous droits réservés
« Il y a dans notre société une sorte de consensus pour condamner le racisme en général et les comportements individuels de racisme. Si quelqu’un se fait agresser sur base de sa couleur de peau, il y a peu de monde dans le spectre politique, associatif ou autre qui va l’accepter ou le justifier« , pointe Charlier. Mais admettre qu’il existe des situations de racisme individuel, ce n’est pas reconnaître le caractère systémique et structurel du problème, insiste le responsable d’Unia.
En d’autres termes, explique-t-il, nous vivons dans un système de reproduction des inégalités. « L’organisation de notre société a encore tendance à reproduire les inégalités » dans tous les domaines, que ce soit la santé, l’accès au logement ou encore au travail. Et c’est cela qui constitue notamment « le caractère structurel ou systémique », indique Patrick Charlier.
►►► Lire aussi : le racisme « ordinaire » plus insidieux et plus fréquent
Certains « acceptent de stigmatiser un comportement individuel mais affirment que notre société offre toutes les opportunités et que, si on est en échec, c’est une responsabilité individuelle« , signale Patrick Charlier. Or le monitoring socio-économique montre en tout cas que l’organisation du marché du travail génère et reproduit pourtant bien les inégalités.
Banalisation ?
Patrick Charlier revient également également sur une étude indiquant que la parole des uns peut être un déclic pour d’autres. « On a constaté par exemple, que le résultat des élections fédérale, avec la montée du Vlaams Belang avait légitimé, par rapport à une série d’internautes mais aussi d’interactions sociales, des paroles méprisantes, des propos que l’on entendait pas par le passé, disant par exemple en s’adressant à des personnes étrangères ‘maintenant nous sommes là, vous n’allez plus être en paix, nous avons gagné’. C’est ce genre de propos que nous avons vu à la suite des élections« .
Le rapport s’étend ensuite sur d’autres types de discriminations, liées au handicap, à l’âge, aux convictions religieuses ou philosophiques, etc. cfr https://www.rtbf.be/info/societe/detail_25-8-des-discriminations-sont-fondees-sur-des-criteres-raciaux-un-probleme-structurel-unia?id=10526971
©2024 Reli-infos