« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )
05, Août 2022 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Environnement No Comments
Issue d’une famille engagée en politique, Adélaïde Charlier, coordinatrice francophone de Youth for Climate a-t-elle reçu le militantisme en héritage ? Rencontre avec une jeune femme de 21 ans, militante, positive et souriante dans Ceci n’est pas un selfie.
Adélaïde fait du changement climatique un de ses principaux engagements du moment. En 2019, elle était déjà en première ligne dans les rues de Bruxelles pour appeler à un changement radical de nos sociétés. Elle est la coordinatrice francophone du mouvement « Youth for Climate » et s’apprête à entrer en 3e année de Bac en Sciences sociales à la VUB.
Adélaïde Charlier enrichit sa réflexion des nombreuses rencontres réalisées grâce à son engagement dans Youth for Climate. Alors que l’annonce du « Jour du dépassement » est survenue un 28 juillet en 2022, l’activiste belge alerte sur le retard accumulé par la société dans la transition écologique.
Ce nouveau modèle de développement aurait dû, selon elle, être déclenché par les gouvernements dès 1972 et le Rapport Meadows sur les limites de la croissance. « Aujourd’hui, quand on voit que le dernier rapport du GIEC nous dit qu’il reste trois ans pour inverser cette courbe (…) la transition n’a plus beaucoup de sens. Ou alors il faut une transition très rapide, parce que malheureusement on a perdu beaucoup trop de temps. On ne peut plus se permettre de transitionner doucement parce que les conséquences sont déjà présentes. On est au courant depuis plus de 50 ans, et le mot transition est un peu passé ». BELGA – Jean-Luc Flémal
Article à compléter par celui-ci : « Oui, le dérèglement climatique a été entendu et inclus dans les discours politiques et certaines mesures ont été prises. Mais ce qu’on voit, c’est encore un énorme écart entre la réalité de l’urgence et l’action qui doit suivre. Aujourd’hui, n’oublions pas que 2021 va presque être la deuxième année avec une augmentation de CO2 qui n’a jamais été aussi élevée. On atteint encore un record, c’est-à-dire que les émissions de CO2 ne diminuent pas, c’est-à-dire qu’au final, on ne fait pas le boulot de réduire et de changer complètement la manière dont on vit« .
Que faudrait-il faire alors? « on va devoir changer la manière dont on vit pour pouvoir réduire les émissions de CO2, et on doit pouvoir le commencer aujourd’hui et on doit avoir des actions fortes. Par exemple, la première chose à faire serait de couper totalement les énergies fossiles dès aujourd’hui. Et ça, c’est quelque chose qui n’a pas encore été fait. On voit encore aujourd’hui, par exemple, qu’on n’inclut pas dans les émissions de réduction les marchandises importées, l’aviation, les transports maritimes internationaux. On ne prend pas en compte, par exemple, les points de basculement, les points de non-retour. Tout ça montre qu’on ne prend pas aujourd’hui le dérèglement climatique en tant qu’urgence et qu’on ne prend que des petits pas pour essayer de changer cet énorme dérèglement climatique, alors qu’aujourd’hui nous faisons face à une urgence. Encore une fois, les émissions de CO2 continuent à augmenter« .
Chez nous, il y a heureusement eu une évolution dans les discours politiques: « On parle par exemple de dérèglement climatique dans les parlements, dans les gouvernements. C’est une première étape. Il y a deux ans, c’était très difficile de pouvoir amener le sujet. On voit qu’il y a des mesures qui sont mises en place. Quand la Belgique a suivi ce que l’Union européenne a imposé, c’est-à-dire un minimum de 35% de notre budget du post-Covid qui ira dans ce qui pourra aider à des mesures face au dérèglement climatique, là, on voit qu’il y a du changement. Mais par contre, je ne vois pas encore le changement autour de moi. La Belgique ne réduit toujours pas ses émissions de CO2, à part grâce à l’exportation de différentes actions, par exemple. Donc, aujourd’hui, nous n’y sommes pas encore et on doit avoir des changements qui sont beaucoup plus intenses et qui nous permettraient évidemment de changer encore plus. Donc, la Belgique ne fait pas encore partie de la solution, mais en tout cas essaye, et on doit surtout ne pas arrêter« .
Le collectif va donc mettre sur pied de nouvelles actions pour sensibiliser, pour lutter face au changement climatique: « On doit continuer à conscientiser les citoyens qui acceptent le jeu d’acteur des politiciens, donc on doit pouvoir continuer à mettre pression envers le politique et conscientiser un maximum les citoyens. Youth for Climate sera par exemple dans les rues le 24 septembre, ainsi que le 10 octobre. C’est vraiment une date clé à noter dans vos agendas pour nous rejoindre pour manifester. Suivez-nous parce que c’est très important aujourd’hui de continuer à mettre pression, surtout après les nombreux désastres qui vont sûrement continuer cet été, comme ce qu’il s’est passé au Canada. C’est un moment à ne pas lâcher, on peut encore faire changer la donne, c’est à partir de maintenant ! Et le citoyen doit faire partie de la solution, le citoyen doit s’engager si on veut vraiment y arriver« .
S’engager, oui, mais quid des vacances et des voyages en avion? « Le citoyen doit s’engager, doit continuer à s’informer et, si possible, déjà commencer à faire une transition vers une société neutre en carbone. N’oublions que pour certains citoyens, voire la plupart, c’est presque impossible aujourd’hui de faire cette transition parce que dans le monde dans lequel on vit, dans la société dans laquelle on vit, c’est presque impossible de voyager ou de bouger sans émettre de CO2. Aujourd’hui, un billet d’avion coûte dix fois moins cher qu’un billet de train, c’est-à-dire que tous mes amis autour de moi qui aimeraient pouvoir prendre le train pour voyager en Europe n’y arrivent même pas parce qu’ils n’ont pas le budget. Et donc, là, je pense encore une fois que c’est important que le politique rentre en jeu et puisse offrir aux citoyens cette alternative, parce que pour le moment, ce n’est pas une vraie alternative, il n’y a pas vraiment un choix que le citoyen peut faire. La plupart du temps, il est coincé. S’il veut partir en vacances, il doit prendre un billet d’avion« .
NDR : A noter cependant que le train se développe bien, notamment les trains-couchettes, et une organisation peut vous aider à l’organiser : consultez le site de l’agence Railtrip Travel (https://railtrip.travel/ ) expliquée dans la vidéo de la RTBF https://www.rtbf.be/article/voyager-en-train-en-europe-pratique-et-economique-11040928?utm_campaign=LaPremiere%2003-08-2022&utm_medium=email&utm_source=newsletter
En fait, malheureusement, les États soutiennent davantage l’aviation en ne taxant pas le kérosène comme il faudrait et en subsidiant souvent le compagnies et les aéroports, ce qui est le contraire même du principe de justice (pollueur-payeur). Il est urgent que cela change, nous devons faire pression sur les politiques, notamment en venant manifester en masse le dimanche 23 octobre à Bruxelles. Ce dimanche-là doit être une date dont on se souviendra, une date qui ébranle les politiques. Ecrivons aussi aux médias et aux politiques… (*)
(*) et notamment au palais royal : il ne montre pas l’exemple en haussant la dotation royale de 3.300.000 euros … Que fait la reine de ses centaines, voire des milliers de chapeaux et robes ? On aimerait un autre usage de notre argent, non ? Par exemple pour les sans-abris de Laeken et de Bruxelles. N’est-ce pas cela aussi, la « transition » vers un autre mode de vie ? C’est bien d’en parler, Majestés, mais il serait souhaitable que vous montriez l’exemple d’une vie plus sobre, plus en accord avec la crise mondiale que nous vivons.
©2024 Reli-infos