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La COP 27 : un enjeu majeur pour l’Afrique

07, Nov 2022 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Environnement,International,Justice sociale     No Comments

Pourquoi la conférence sur le climat est si importante pour les pays pauvres

Ce dimanche, s’ouvre à Charm el-Cheikh, en Egypte, la COP27. Une conférence dans laquelle les pays du Sud placent beaucoup d’espoir, après des années de promesses de la part des pays du Nord.

NDR: Toute personne éprise de justice et de solidarité devrait être très consciente de ce qui est exposé ici et même plus : s’en sentir dans une certaine mesure « responsable » dans le sens de pouvoir répondre à la question : « Qu’as-tu de ton frère ? ». Tel est en effet le contenu essentiel, tant du message judéo-chrétien que de la Charte des Droits de l’homme : toute personne humaine a un droit égal à pouvoir mener une vie digne d’un être humain, à égalité avec tous les autres.

C’est pourquoi je vous invite à prendre le temps de lire cet article dont voici un large extrait :

04 nov. 2022 à 06:00 – Par Victor de Thier sur la RTBF

Les objectifs de ce grand rendez-vous pour la planète ont d’ores et déjà été annoncés. Les différents dirigeants mondiaux se concentreront sur trois points principaux :

  • Réduire les émissions de gaz à effet de serre,
  • Aider les pays à se préparer et à faire face au changement climatique,
  • Assurer aux pays en développement un soutien technique et un financement pour ces activités.

Avec l’organisation de la COP en Afrique – la cinquième sur ce continent – les gouvernements de la région espèrent attirer l’attention sur les graves conséquences du changement climatique qui s’y manifestent déjà. Car si l’urgence est bien réelle pour le monde entier, elle l’est d’autant plus pour le continent africain…

Un continent en première ligne

Vague de chaleur, sécheresse, inondations, invasions de criquets pèlerins… Les conséquences du réchauffement climatique sont déjà clairement visibles. Or, selon le dernier rapport du Giec, ces phénomènes vont sans aucun doute s’aggraver au cours de la prochaine décennie.

Dans le 2e volet de son 6e rapport sorti en février dernier, qui s’attarde sur « les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité au changement climatique », le Groupe d’experts intergouvernemental dresse un constat alarmant pour cette région du monde, particulièrement vulnérable.

6e rapport du Giec montre que l’Afrique est le continent qui est globalement le plus vulnérable, mais le rapport met en évidence que tous les continents seront concernés et sont en retard dans leurs politiques d’adaptation. RTBF

Tous ces phénomènes – par ailleurs terreau fertile à l’essor de groupes armés et de conflits – entraînent inévitablement des mouvements migratoires. Selon la Banque mondiale, le changement climatique constitue un facteur de migration de plus en plus puissant qui pourrait contraindre, d’ici à 2050, quelque 216 millions de personnes dans le monde en développement à migrer à l’intérieur de leur pays.

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Justice climatique

Si le continent africain est le plus impacté par les conséquences du réchauffement climatique, il est pourtant actuellement et historiquement l’un des moins gros émetteurs de CO2.

Alors qu’il s’agit du deuxième continent le plus peuplé, derrière l’Asie, celui-ci émet moins de 3% des émissions de gaz à effet de serre mondiales, les grands gagnants étant les États-Unis, qui émettent à eux seuls 25,20%, suivis de la Chine, avec 14,24%.

Les représentants de 24 pays africains ont rappelé début septembre, lors d’une réunion au Caire visant à préparer la COP de ce dimanche, « l’impact disproportionné du changement climatique […] sur le continent compte tenu de sa faible empreinte carbone« .

En d’autres termes : les plus gros émetteurs historiques de gaz à effet de serre sont des pays riches et doivent payer leur juste part aux pays du Sud – qui comprennent notamment les pays africains – qui en ont émis beaucoup et qui sont majoritairement les plus concernés par le changement climatique.

Ils leur demandent à présent de respecter leurs engagements financiers.

Un financement qui se fait attendre…

La question du financement est depuis longtemps au cœur des négociations sur le climat.

En 2009 à Copenhague déjà, les pays développés se sont engagés à verser 100 milliards de dollars par an, d’ici à 2020, aux pays en développement pour les aider à réduire leurs émissions et à se préparer au changement climatique. La promesse a été réitérée à plusieurs reprises, mais à ce jour avec un financement climat évalué à 83,3 milliards de dollars en 2020, l’objectif n’a toujours pas été atteint et a même été reporté à 2023.

La suite à cet extrait se trouve sur https://www.rtbf.be/article/cop27-pourquoi-la-conference-sur-le-climat-represente-un-enjeu-majeur-pour-l-afrique-11097508?utm_campaign=RTBFinfo%2004-11-2022&utm_medium=email&utm_source=newsletter


Voici enfin l’avis de François Gemenne :

« Vous voulez une réponse honnête? »: la réponse cash de François Gemenne

Vers du concret à la COP27?

Pour la conférence de l’ONU sur le climat (COP 27) le financement des dégâts sera pour la première fois officiellement au menu des discussions. La journaliste Salima Belabbas a posé la question à François Gemenne, expert sur le climat, dans le RTL INFO 19H de ce dimanche 6 novembre.

La conclusion de sa réponse est que : « ça reste une négociation très très compliquée. Mais il est certain que ça serait un moyen de rapprocher les pays du Sud et les pays du Nord, parce que le ressentiment des pays du sud grandit année après année, au fur et à mesure que les pays industrialisés se montrent incapables de tenir leurs engagements ».

Salima Belabbas: Les volontés affichées sont ambitieuses, est-ce qu’il y a de réelles chances d’aboutir à du concret?

François Gemenne: Vous voulez une réponse honnête? Très honnêtement, je pense que les chances sont très, très, très minces. Parce que les tensions internationales sont très nombreuses. On a évidemment le conflit en Ukraine, mais il y a également la Chine qui a suspendu son partenariat stratégique sur le climat avec les États-Unis à la suite de la visite de Nancy Pelosi à Taïwan cet été*. Aujourd’hui, on est dans une situation où la coopération internationale est en lambeau. Or, l’Accord de Paris repose précisément sur une coopération universelle, où les efforts des uns sont alignés sur ceux des autres. Je m’engage à faire ceci si toi tu t’engages à faire cela. Pour vous dire vraiment la vérité, mon principal espoir pour la COP27, c’est qu’il ne s’y passe rien. C’est qu’il n’y ait pas de recul majeur. Parce que de nombreux pays pourraient être tentés de revenir sur leurs engagements précédents en raison de la crise énergétique. S’il ne s’y passe rien, s’il n’y a pas d’incident, pas de tension supplémentaire, ça sera un petit miracle de la diplomatie égyptienne.

*NDLR: la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis s’est rendue dans ce pays, un territoire revendiqué par la Chine.

Salima Belabbas: La question délicate des dédommagements des catastrophes naturelles mises à l’agenda, cela représente une ouverture?

François Gemenne: Oui, là effectivement, c’est un tournant et une ouverture. Ça fait longtemps qu’on en discutait. C’est la première fois que ce point est officiellement mis à l’agenda. De quoi s’agit-il? Simplement, il s’agit d’un programme de compensation financière pour compenser les pays du sud qui subissent déjà des pertes sèches liées au changement climatique et pour lesquelles il n’y a pas d’options d’adaptation. Le problème, évidemment, c’est que les pays industrialisés qui devraient payer renâclent à mettre la main au portefeuille, et qu’il est aussi difficile de chiffrer précisément les dégâts. D’autant plus que les pays industrialisés ne veulent pas être poursuivis en justice, potentiellement dans le futur, pour ces dégâts. Donc ça reste une négociation très très compliquée. Mais il est certain que ça serait un moyen de rapprocher les pays du Sud et les pays du Nord, parce que le ressentiment des pays du sud grandit année après année, au fur et à mesure que les pays industrialisés se montrent incapables de tenir leurs engagements.