« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )
09, Déc 2015 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Actualités Islam islamisme, radicalisme, salafisme, vivre ensemble No Comments
N’est-ce pas un retour à l’islam des origines?
La grande illusion! Beaucoup ont voulu y croire.Il va falloir sortir de la tête des gens cette idée saugrenue de califat par al-Baghdadi et toute sa clique de mercenaires et de brigands. Cet islam concernait une époque. Certains salafs se laissent pousser la barbe, portent la djellaba fabriquée à Taiwan… ce n’est pas l’islam des origines! On peut essayer de chercher l’esprit de l’islam des origines, mais on ne peut penser Dieu aujourd’hui en omettant le monde dans lequel on vit. Les prédicateurs, les imams, les conférenciers doivent arrêter de berner les gens. Quand ils mettent en relief des compagnons du Prophète et leurs exploits, ils accroissent encore plus la frustration dans laquelle se trouvent certains jeunes qui se disent qu’ils ne sont pas des musulmans. Le cheminement prend du temps. A l’époque du zapping, beaucoup de jeunes veulent aller très vite. Ils font du bruit, manifestent des signes d’appartenance alors que l’enseignement spirituel de l’islam nous invite à la discrétion. Tareq Oubrou, l’imam de Bordeaux, appelait à une invisibilité de l’islam, pas dans le sens de se cacher, mais d’une démarche mystique qui vise à la discrétion. L’exubérance d’une partie de la jeunesse correspond peut-être à un problème d’identité. Arborer des signes extérieurs, c’est une façon de pouvoir lire dans le regard des autres que je suis musulman.
Vous qui avez été frère musulman, considérez-vous que l’idéologie de Daech leur doit quelque chose?
Il y a des points communs entre les deux. Je ne vois pas de cloisonnement entre le salafisme quiétiste, qui porte sur les mœurs, et le soi-disant “djihad” qui amènerait quelqu’un à commettre un acte terroriste. On ne peut isoler l’auteur de l’attentat de l’environnement dans lequel il évolue. Quand un illuminé dit dans une mosquée que la musique transforme celui qui l’écoute en singe ou en cochon, cela façonne l’individu. Quand un imam parle le vendredi des “ennemis de l’islam”, il plonge le fidèle dans un monde binaire où il y a les musulmans et les autres. Le gamin sort de la mosquée, continue la discussion avec d’autres, s’enfonce dans une posture victimaire ou offensive, et puis quand il rentre chez lui, il va continuer sa quête sur internet. Les Frères musulmans n’ont jamais appelé à la violence en France. C’est une confrérie légaliste, prétendument réformiste. Il n’empêche que le discours a fait son petit bonhomme de chemin. (…)
Dans votre dernier livre, “L’islam sera français ou ne sera pas”, vous plaidez pour une nette séparation entre l’islam et la politique.
(…) Les musulmans n’ont pas à être représentés en France par des musulmans. Ils doivent être représentés par des députés de la République. Il y a une seule communauté nationale en France. Par contre, trouvons le moyen de représenter l’islam en tant que religion. C’est pour cela que je propose l’idée d’un consistoire islamique français, avec un grand mufti de France et des imams régionaux qui seront élus selon leur maîtrise du français, la connaissance du pays, du droit français et européen et de la religion. Si on ne fait pas cela, nous aurons encore les politiques qui font du communautarisme avant les élections et des Etats étrangers qui interviennent. Et de plus en plus de jeunes continueront à ne plus faire leurs prières à la mosquée, mais sur internet.
Texte complet sur http://www.lalibre.be/actu/international/les-imams-doivent-cesser-de-berner-les-gens-565ebaaf357031c12af21341
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