« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )
24, Oct 2016 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Migrants Syrie No Comments
Etablie dans le village libanais d’Ain Aanoub, sur les hauteurs du mont Liban, depuis 2011, la famille syrienne a postulé il y a près d’un an au programme de réinstallation du Haut Commissariat pour les réfugiés des Nations unies (HCR). Nawwaf Nazir a appris en avril dernier que leur candidature avait été retenue pour la Belgique. Il se rappelle de ce coup de téléphone « qui a changé [sa] vie » comme s’il datait d’hier. « Nous n’y croyions pas« , dit-il. « J’étais submergé par l’émotion. Je suis tellement heureux de cette deuxième chance qui nous est offerte. Je me réjouis surtout que nos enfants grandissent dans un monde meilleur. » (…)
Un enfant sur trois scolarisé
« Ce n’est pas facile ici non plus, nous vivons dans des conditions extrêmement précaires, nous dormons à même le sol, il n’y a pas d’isolation, mais au moins, nous sommes en sécurité », admet-il avant de confier sa frustration de ne pouvoir subvenir aux besoins de ses enfants, dont seul l’aîné est scolarisé. « Nous sommes souvent à court d’argent. Nous sommes beaucoup de Syriens ici et cela peut être compliqué de se faire employer. Mais en Belgique, je me démènerai pour trouver du travail, pendant que mes enfants iront à l’école, apprendront la langue et les valeurs du pays. »
A l’image de Nawwaf Nazir, sa femme et ses trois enfants, cent Syriens seront réinstallés en Belgique d’ici à la fin de l’année, dans le cadre du programme de réinstallation mis en place en 2013. Il s’agit de réfugiés sélectionnés par le HCR dans les pays limitrophes de la Syrie qui ont accueilli un grand nombre de Syriens – comme le Liban qui, en cinq ans, a ouvert ses frontières à un million et demi de réfugiés, soit l’équivalent du quart de sa population.
Depuis trois ans, 517 Syriens ont déjà bénéficié de ce programme
« Nous nous basons sur des critères de vulnérabilité pour identifier les réfugiés admissibles à la réinstallation », explique Lisa Abou Khaled, porte-parole du HCR de Beyrouth. « Il s’agit par exemple de femmes et d’enfants exposés à des risques d’exploitation, de victimes de violences ou de tortures en Syrie, ou de personnes ayant urgemment besoin d’un traitement médical. »
Depuis trois ans, 517 Syriens ont déjà bénéficié de ce programme en étant réinstallés en Belgique. Le pays assure aux familles un séjour en centre d’accueil puis un logement pour une durée de six mois ainsi qu’un accompagnement social et médical, un apprentissage de la langue, une scolarisation gratuite des enfants et un soutien à l’intégration sociale et culturelle. (…)
Nawwaf Nazir est prêt à travailler dans tous les domaines possibles – la jardinerie, la plomberie, les métiers de l’électricité ou encore du bâtiment, pour subvenir aux besoins de sa famille et ne pas se reposer sur les aides sociales de son pays d’accueil. Son fils aîné, Ahmoudi, six ans, se réjouit, lui, à l’idée de « rencontrer de nouveaux camarades de classe et rêve d’apprendre à faire du vélo ».
Lisa Abou Khaled salue l’ouverture des frontières des pays européens mais l’estime insuffisante. « Depuis le début de la crise en 2011, 40 000 Syriens ont été réinstallés en Europe mais le nombre de réfugiés dans la région a franchi la barre des 4 millions. Nous estimons que 10 % d’entre eux ont besoin de bénéficier de ces programmes pour améliorer leurs conditions de vie. » Au Liban, plus de 70 % des réfugiés syriens vivent sous le seuil de pauvreté.
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