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car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )

A. Riccardi : « Le risque, aujourd’hui, c’est le national-catholicisme”

11, Déc 2016 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Actualités chrétiennes     , , , , ,   No Comments

 

Pour Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté de Sant’Egidio et proche du pape François, l’élection du populiste Trump et la montée des réflexes identitaires rendent encore plus indispensable la voix bergoglienne. Le pape reste l’autre voix indispensable, non seulement pour les chrétiens, mais pour tous les démocrates, face au populisme et au fondamentalisme.

Marie Lemonnier L’Obs Publié le 11 décembre 2016 à 08h07

L’OBS. On se souvient de la tempête politique qu’avait soulevée le pape François en février dernier en déclarant au sujet de Donald Trump et de ses projets de mur antimigrants à la frontière avec la Mexique : «Une personne qui pense uniquement à ériger des murs, et non à créer des ponts, n’est pas chrétienne.» Quelle conséquence peut avoir la présidence Trump sur le pontificat de Bergoglio?

Andrea Riccardi. Entre le pape et le nouvel «empereur», il y a bien plus qu’un différend personnel, il y a un grave écart de fond. Le paradoxe, c’est que l’élection de Trump rend d’autant plus crucial le rôle du pape: il reste l’autre voix indispensable, non seulement pour les chrétiens, mais pour tous les démocrates. Cependant, on ne peut pas oublier que 52% des catholiques américains et plusieurs évêques ont donné leur voix à Trump. Ce choix révèle à quel point l’ensemble du catholicisme n’est pas uni derrière ce pape. Si aujourd’hui il devait y avoir un vote des évêques, je ne suis pas sûr qu’il garderait sa place.

Ses opposants dans l’Eglise disent qu’il est «le pape des non-croyants». C’est un peu vrai. Mais il a le peuple avec lui, les audiences générales à Rome sont plus fréquentées qu’autrefois. Il fait son métier d’évangélisateur et il est devenu un prophète: il sort, il parle de sa foi, et aborde des problèmes actuels dans un dialogue personnel avec le monde. C’est ça, la révolution bergoglienne. François n’est pas seulement le pape des non-croyants, il est le pape des croyants qui vivent dans le monde, et non des purs et durs enfermés dans une psychologie de minorité paresseuse.

Car, aujourd’hui, quel est le risque? C’est celui du national-catholicisme …

(…)

Se rendre aux périphéries » est le premier mot d’ordre du pape. C’est aussi l’invitation que vous lancez dans votre nouveau livre. Pourquoi les périphéries, géographiques ou symboliques, sont-elles les lieux où se dessine, selon vous, l’avenir de l’Eglise catholique et de nos sociétés?

Etre périphérique, c’est être dans une situation de pauvreté, des ressources ou des relations. Au siècle passé, les périphéries étaient peu développées et encore habitées par des présences: l’Eglise, le Parti communiste, les syndicats, c’est-à-dire des véhicules à travers lesquels pouvaient s’exprimer l’âme, le drame, la rage. Maintenant, ces espaces sont des déserts: l’Etat s’est absenté, le PC est mort, et les paroisses ont fondu comme neige au soleil.

Les gens sont seuls ; certains expriment leur révolte dans le vote populiste ou dans le fondamentalisme. Le danger est là. Il faut par conséquent retisser le tissu humain de la banlieue au lieu de se replier dans sa bulle et de verser dans un nationalisme de réaction à la mondialisation. La vraie défaite de l’Eglise, à cet égard, a été de renoncer à lutter face à la prétendue sécularisation et de se mettre à se comporter comme une minorité identitaire.

Or perdre le lien avec les pauvres, c’est pour l’Eglise perdre une partie de soi-même. Tous les papes ont parlé des pauvres, bien sûr, mais François en parle d’une manière évangélique simple et définitive.

(…)

Suite sur http://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20161201.OBS2021/le-risque-aujourd-hui-c-est-le-national-catholicisme.html#xtor=EPR-1-[ObsActu8h]-20161211

Merci à Eric Watteau qui a signalé cet article du Nouvel Obs.

Autre article paru dans cette revue: Une théologienne dénonce “l’attitude obsolète et méprisante de l’Eglise envers les femmes”