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Afrique : sa trop forte croissance démographique empêche son développement

21, Août 2018 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in International     No Comments

 

Experts, communicateurs et décideurs africains se sont penchés sur cette question cruciale pendant deux jours, les 5 et 6 oct. 2017 à Bruxelles. « On ne peut pas continuer à faire 5, 6 ou 7 enfants », a prévenu M.Mabingue NGom, Directeur régional du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

Apprends-moi le dividende démographique

Sur la sensibilisation et la dissémination en langage clair et concret de la notion du dividende démographique, les médias semblent en faire peu. C’est le reproche que les experts à Bruxelles ont fait à la presse, invitée plus que jamais à s’investir davantage dans le défi qui se cache derrière un concept en apparence compliqué mais qui touche en réalité toute la problématique du développement en Afrique.

Mabingué NGom part de faits réels et de chiffres concrets pour donner un aperçu de la situation. «Il existe un quartier à Abidjan où l’on enregistre 300 naissances par jour. Ce qui suppose qu’il faut construire chaque jour six classes de cinquante élèves. Donc autant de collèges, de lycées, d’amphithéâtres, de centre de santé et d’hôpitaux à construire pour prendre en charge cette poussée démographique. Des charges que nul pays ne peut supporter. Tant qu’on continuera à faire cinq, six, sept enfants par femme, l’Afrique ne s’en sortira jamais » a-t-il conclu.

D’une manière plus générale, l’objectif visé dans la réalisation du dividende démographique est de réduire la population dépendante (les moins de 15 ans et les plus de 64 ans) et d’augmenter la population active, tout en investissant dans la jeunesse (éducation et formation) et dans la santé (santé de la reproduction, planning familial), lutter contre les mariages précoces, assurer l’autonomisation des femmes et des filles et promouvoir la bonne gouvernance. C’est autour de cette problématique qu’ont tourné toutes les interventions. (…)

La directrice du GBH, Mme Nancy Wildfeir-Field a quant à elle insisté sur le rôle des partenaires financiers, notamment le secteur privé et les partenaires dans l’investissement dans la jeunesse, surtout la jeune fille, pour son implication en tant qu’actrice du développement.

Pour sa part, le ministre tchadien de l’économie, M.Yambaye, a affirmé que «la forte croissance démographique en Afrique est un frein à la croissance économique» si elle n’est pas maîtrisée et transformée en opportunités. Pour cela, il a insisté sur la nécessité d’investir dans le capital humain et de contrôler les naissances.

«Plus de la moitié de la population africaine a moins de 15 ans et cette forte fécondité en Afrique représente une forte pression sur les ressources et les infrastructures de base » a-t-il fait remarquer. Pour lui, les consciences commencent à s’éveiller et le dividende démographique imprègne de plus en plus les esprits, notamment ceux des décideurs politiques, mais aussi des acteurs du changement que sont les jeunes, les religieux et les autres segments de la société civile. Il a évoqué dans ce cadre la réussite du forum sur «Islam, dividende démographique et bien-être » organisé fin juillet 2017 à Ndjamena au Tchad.
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D’autres intervenants ont réclamé carrément un Plan Marshall pour l’Afrique à l’image de celui qui avait permis à l’Europe, dévastée par la seconde guerre mondiale, de se reconstruire. « Il faut une ambition et une audace politique pour changer la donne. Nous devons avoir l’ambition d’une expansion à l’échelle des actions projetées. L’engagement politique doit se traduire par une action sur le terrain », a déclaré Mabingué NGom à la fin des travaux.

Ces deux sessions ont été marquées par l’intervention phare de la nouvelle directrice exécutive de l’UNFPA, Natalia Kanem, pionnière de la «Santé de la reproduction». Elle a plaidé pour la réduction du taux synthétique de naissance qu’elle trouve trop élevé en Afrique, empêchant son décollage, tout en plaidant pour la cause de la femme africaine qui doit selon elle pouvoir exprimer sa pleine potentialité et participer efficacement au développement du continent. (…)

Cheikh Aïdara

Le Courrier du Nord (France). Texte complet sur http://cridem.org/C_Info.php?article=703297