Le Pape François lance un appel pour l’Irak, alors que la bataille pour la reprise de Mossoul fait rage. A l’issue de l’Angélus ce dimanche 23 octobre, le Souverain Pontife a appelé les fidèles à s’unir à sa prière pour ce pays « durement touché ».
« En ces heures dramatiques, a-t-il déclaré, je suis proche de toute la population d’Irak, en particulier de celle de la ville de Mossoul. Nos âmes sont bouleversées par les actes de violences féroces qui sont commis depuis trop longtemps contre des citoyens innocents, qu’ils soient musulmans, chrétiens, ou qu’ils appartiennent à d’autres ethnies et religions. Je suis profondément meurtri par les informations sur ces meurtres de sang-froid de nombreux fils de cette terre aimée, parmi lesquels tellement d’enfants. Cette cruauté nous fait pleurer, et nous laisse sans parole. Aux paroles de solidarité s’adjoint l’assurance de mon souvenir dans la prière, afin que l’Irak, durement touché, soit fort et solide dans l’espoir d’avancer vers un futur de sécurité, de réconciliation et de paix. Pour cela, je demande à tous de vous unir ma prière ». Et le Pape d’inviter la foule, -près de 50 000 personnes selon la gendarmerie vaticane-, à se recueillir en silence, avant de réciter un « Ave Maria ».
La deuxième ville d’Irak a été conquise par les djihadistes de l’Etat islamique durant l’été 2014 ; une conquête qui s’est étendue à toute la plaine de Ninive. Les multiples exactions de Daech avaient alors causé la fuite éperdue de dizaines de milliers de chrétiens, yézidis et autres minorités présentes depuis des siècles, voire des millénaires, dans la région.
La population de Mossoul prise au piège
L’offensive de l’armée irakienne a débuté cette semaine afin de reprendre cette ville-bastion de Daech qui compte encore environ 1,5 millions d’habitants. Les forces irakiennes, aidées par la coalition internationale, poursuivent leur avancée, mais doivent compter sur la résistance acharnée des djihadistes. Ces derniers ont d’ailleurs mené des attaques sur la ville de Kirkouk, obligeant ainsi Bagdad à dépêcher des renforts. Cette bataille sera longue et difficile, ont prévenu les experts. La communauté internationale et plusieurs ONG s’inquiètent également du sort des populations civiles encore piégées dans la ville de Mossoul encerclée. Prises sous le feu des bombardements, utilisées comme boucliers humains par les djihadistes,elles doivent en outre affronter des conditions de vie qui se détériorent de jour en jour. Selon des sources sécuritaires irakiennes citées par la chaîne américaine CNN, plus de 284 civils, dont des enfants, auraient été exécutés par balle par des djihadistes, entre le 20 et 21 octobre ; leurs corps auraient ensuite été jetés dans une fosse commune.
Un million de civils pourraient fuir Mossoul
Alors que les miliciens kurdes se trouvent désormais aux portes de Mossoul et que le prétendu « Etat islamique » prépare sa dernière résistance dans la deuxième ville irakienne, les arrivées d’évacués se poursuivent dans les camps installés dans les zones méridionales du gouvernorat de Ninive, sur les arrières du front. Après une première vague de plus de 5.600 personnes, « le nombre est destiné à s’accroître avec l’approche des combats des zones urbaines » indique à Fides une note de l’organisation humanitaire Intersos, engagée en première ligne dans les zones de Ninive et Salah Ed-Din, les plus proches de la bataille. Selon les estimations des Nations unies, jusqu’à 1,5 millions de personnes seront impliquées dans le conflit et on est dans l’attente d’un million de personnes fuyant la ville et les zones environnantes. « Sur zones existent actuellement sept camps actifs et quatre en construction alors qu’un autre est en phase de préparation. Viendront s’y ajouter 14 sites d’urgence pour une capacité d’accueil qui passera des 60.000 places actuelles à 417.000 » indique Intersos.
Respecter la Convention de Genève
Les ONG demandent à toutes les parties au conflit « le respect de la Convention de Genève afin que soit assurée la sécurité des civils et qu’il leur soit permis de quitter la ville et d’accéder aux aides humanitaires ». Intersos a préparé des équipes mobiles de médecins et d’infirmiers en vue d’une première assistance sanitaire. Le personnel médical, déployé dans les corridors de fuite, garantit des soins d’urgence et des interventions salvatrices. Il est prévu qu’il traitera plus de 50.000 personnes, prêtant une attention particulière aux plus vulnérables comme les femmes enceintes et les enfants. En soutien de l’enfance, seront en outre promues des activités éducatives d’urgence, à l’intérieur des camps qui accueillent les évacués, créant des espaces à mesure d’enfant, où fournir une assistance psychosociale, de formation et récréative aux mineurs.
Les strates les plus vulnérables de la population, telles que les femmes, les personnes âgées et les mineurs, sont soutenues au travers de la distribution de biens de première nécessité de la part de différentes organisations humanitaires qui pourvoient également à contrôler la violation des droits fondamentaux, à la protection et à l’assistance légale.
Radio Vatican / Fides – photo: abramzpictures