« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )

Arabie Saoudite : les réfugiés, une question marginale ?

29, Juin 2018 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Migrants       No Comments

Alors que les liens linguistiques et religieux sont étroits avec la Syrie, les États du golfe Persique, au premier rang desquels s’affiche l’Arabie Saoudite, sont bien frileux pour offrir l’asile aux exilés syriens sur leurs territoires. Explications avec Mhia Rawnak, en partenariat avec l’Observatoire Pharos du pluralisme des cultures et des religions.

Saphir News

Lors de la conférence de Bruxelles, le 2 mai 2018, le président libanais, Michel Aoun, a demandé aux Emirats arabes unis, à l’Arabie Saoudite et à l’Égypte d’apporter leur aide pour un retour des réfugiés syriens du Liban dans leur pays. En effet, le Liban accueille près de 1 million de réfugiés syriens enregistrés auprès de l’ONU, soit un cinquième de ces réfugiés. Le président libanais réclame ainsi « un retour sécurisé des déplacés, notamment dans les régions stables ».

Or, la communauté internationale estime un tel retour prématuré et considère qu’une solution politique en Syrie doit précéder leur retour, comme elle l’a expliqué lors de cette conférence relative à la crise des réfugiés syriens. En Arabie Saoudite, la plupart des réfugiés sont d’ailleurs majoritairement originaires de Syrie et du Yémen. La proximité géographique ainsi que les liens culturels et religieux expliquent le choix de cette destination.

Une prise en compte mitigée de la question des réfugiés

L’Arabie Saoudite est un des premiers membres du groupe de donateurs (TMD) pour la Syrie. Le royaume participe également à des forums internationaux de coopération humanitaire tels que le groupe consultatif international de recherche et de sauvetage (INSARAG) et le groupe d’évaluation et de coordination des catastrophes des Nations unies (UNDAC).

Pour autant, lors d’un rapport intitulé « La lamentable réponse du monde à la crise des réfugiés syriens » de décembre 2014, Amnesty International soulignait déjà l’attitude des États du Golfe Persique : « L’absence totale de promesses d’accueil émanant du Golfe est particulièrement honteuse. Les liens linguistiques et religieux devraient placer les États du golfe Persique au premier rang des pays offrant l’asile aux réfugiés qui fuient la persécution et les crimes de guerre en Syrie. »

L’Arabie Saoudite et les États du golfe Persique affichent toujours une réticence à accueillir les exilés syriens sur leurs territoires. Cette réticence est légale dans la mesure où aucun de ces États n’a ratifié la Convention internationale de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés. En vertu du droit international, une demande d’asile ne peut être faite depuis l’étranger. Il n’y a donc aucune obligation pour un État d’accepter ces demandeurs tant qu’ils se trouvent hors de ses frontières.

Néanmoins, certains observateurs, à l’instar de Nicholas Mac Geehan, chercheur associé à l’ONG Human Rights Watch (HRW), estiment que « s’il existe une obligation pour les pays arabes, il s’agit plutôt d’une obligation morale. Dans la mesure où, par exemple, les Émirats ou l’Arabie Saoudite participent directement à des conflits comme au Yémen ou en Syrie, leur responsabilité est en jeu ». […]

Lire la suite: Arabie Saoudite : les réfugiés, une question marginale ? Rédigé par Mhia Rawnak, SaphirNews, 21/06/18