« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )

Ce que le voile cache de l’islam

23, Nov 2019 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Actualités Islam,Foi musulmane     No Comments

Faire valoir des arguments théologiques amenant à dire que le port du voile n’est pas une obligation cultuelle en islam ne signifie pas, pour autant, appeler à réduire la liberté individuelle. C’est le sens de la tribune ici d’Anne-Sophie Monsinay et d’Eva Janadin, fondatrices de l’Association Voix d’un islam éclairé et imames de la mosquée Sîmorgh à Paris.

Excellent article rédigé par les imames Anne-Sophie Monsinay et Eva Janadin | sur Saphirnews, Jeudi 14 Novembre 2019

« Encore une polémique sur le voile au pays des droits de l’Homme ! Ce sujet semble visiblement central dans le débat public français. Tout se passe comme si une partie de la sphère politique et médiatique ne pouvait envisager l’islam en dehors de ce morceau de tissu. Face à l’hystérisation des débats, nous souhaitons rappeler notre position.

La liberté vestimentaire est l’un des principes fondamentaux des Voix d’un islam éclairé et de la mosquée Sîmorgh. Dans notre mosquée, des femmes se voilent, d’autres non, et toutes sont les bienvenues. Certaines se couvrent uniquement pour venir à la mosquée, d’autres encore portent le hijab au quotidien. Aucune n’a à se justifier de ces choix. Aucune pression ni jugement extérieur ne sont tolérés sur la tenue vestimentaire de chacune et de chacun, il s’agit là de respecter les libertés individuelles et le lien intime entre le fidèle et Dieu.

Notre position théologique sur le voile

Cela ne nous interdit pas d’avoir un avis théologique sur ce vêtement. Dans le Coran, le voile n’était à l’époque du Prophète qu’une marque de distinction sociale pour reconnaître les femmes musulmanes de Médine ainsi que les filles et les femmes du Prophète qui subissaient le harcèlement des opposants aux premiers musulmans : « Prophète, dis à tes épouses, à tes filles, aux femmes des croyants de tirer sur elles leurs vêtements du dessus (jalâbîb) : sûr moyen d’être reconnues (pour des dames) et d’échapper à toute offense. Dieu est Tout indulgence, Miséricordieux. » (Coran 33 : 59)

À aucun moment dans le Coran, il n’est ordonné aux femmes de couvrir leurs cheveux et encore moins leur visage. Il leur est simplement demandé de couvrir leurs décolletés (juyûb) (1) par des étoffes ou tout autre vêtement. Seule la Sunna fait référence au voile qui couvre les cheveux et a ainsi ajouté une obligation qui n’était pas présente explicitement dans le Coran. Or, la Sunna n’est pas équivalente au Coran. Au sein des Voix d’un islam éclairé, nous ne rejetons pas intégralement les hadiths car ils contiennent de nombreuses richesses spirituelles mais nous ne leur accordons pas de valeur normative sociale puisqu’ils ne sont pas sacrés. La Sunna est le résultat d’un contexte culturel ne pouvant devenir une référence pour faire société aujourd’hui en France.


Nous estimons, en revanche, qu’elle peut aider le fidèle à cheminer spirituellement dans le cadre des règles cultuelles comme la prière, dont le déroulement et la gestuelle ne sont, par exemple, pas détaillés dans le Coran. Or, dans ce dernier texte, les vêtements ne sont jamais considérés comme des outils spirituels améliorant le lien à Dieu ou la foi mais seulement comme des normes sociales qui régissent les liens entre les femmes et les hommes. Néanmoins, si certaines personnes souhaitent utiliser une tenue vestimentaire spécifique pour prier car cette dernière les plonge dans un état de sacralité, et si cela les aide à mieux se concentrer et à se transformer intérieurement, alors tant mieux, et ce choix a toute légitimité.

Suite sur https://www.saphirnews.com/Ce-que-le-voile-cache-de-l-islam_a26764.html

N.B. on peut trouver les principes et le sens spirituel de la mosquée Sîmorgh fondée par ces deux auteures et imames sur http://www.voix-islam-eclaire.fr/mosquee-simorgh-principes/