« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )

Centenaire de la mort de Charles de Foucauld (1er décembre 2016)

01, Déc 2016 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Dialogue,Foi chrétienne,Spiritualité     , , ,   No Comments

 

Précurseur du dialogue avec le musulmans, Foucauld marqué son époque et son Eglise. Une Journée festive aura lieu à Anderlecht ce sam. 3-12 (*) et un très beau film passera sur KTO-TV ce vend.2 à 22h25 ou dim.4 à 16h05.

Voici la belle Lettre de trois évêques d’Algérie pour ce centenaire, Mgr Paul Desfarges, Evêque de Constantine et Administrateur d’Alger,  Mgr Jean Paul Vesco, Evêque d’Oran, Mgr Claude Rault, Evêque de Laghouat-Ghardaia. (extraits)

(*) http://www.catho-bruxelles.be/events/charles-de-foucauld-journee-festive-nationale/

Bien chers Amis.

Le 1er Décembre 2016, l’ Eglise d’Algérie célèbrera le centenaire de la mort de Charles de Foucauld. Son corps repose depuis 1929 à El Meniaa auprès duquel une église a été édifiée. C’est là qu’une petite délégation du Diocèse du Sud s’est rendue le 4 décembre et a célébré l’ouverture d’une année que nous voulons lui consacrer, conjointement à l’Année de la Miséricorde.

Le parcours d’un intrépide disciple de Jésus

Né le 15 septembre 1858 à Strasbourg (France), son enfance est marquée à l’âge de 6 ans par la mort de ses deux parents dans la même année. Inscrit par son grand-père maternel à l’école militaire de Saint Cyr, il s’avère peu enthousiaste pour les études et la perspective d’une carrière militaire. Adolescent, il s’éloigne de la foi chrétienne de son enfance et mène une vie désordonnée, facilitée par une grande aisance matérielle héritée de sa famille. Il est officier mais il devra quitter l’armée en raison de son inconduite. Réintégré peu après et engagé sur une opération militaire dans l’Ouest du territoire de l’Algérie française, il démissionnera définitivement de l’armée à 23 ans pour entreprendre une exploration au Maroc. Il se met à étudier avec ardeur les coutumes des populations du pays qu’il parcourt sous le déguisement d’un juif ambulant. Cette étude scientifique sera reconnue et couronnée de succès à Paris. Au contact des musulmans et de leur foi, il commence une quête spirituelle profonde. Fin octobre 1886, de retour à Paris, il fait une rencontre déterminante avec un prêtre, l’Abbé Huvelin, qui restera longtemps son guide spirituel. Se confessant à lui, il se convertit à la foi chrétienne et cherche avec force comment répondre à l’appel de Dieu dans une vie totalement donnée à Jésus. Il a 28 ans.

Sa recherche l’amène en Terre Sainte. Il y découvrira la vie de Nazareth qui le conduit à entrer dans la vie monastique à Notre Dame des Neiges, en Ardèche le 15 janvier 1890. Sur sa demande, il est envoyé à Akbès, dans un monastère de Syrie. Voulant se conformer le plus possible à la vie de Jésus à Nazareth, il choisit de quitter la Trappe pour vivre dans une plus grande pauvreté à Nazareth même pendant trois ans. De retour en France, il est ordonné prêtre à Viviers en 1901.

Il demande alors à ses supérieurs d’être envoyé en Algérie. Il s’installe à Béni Abbès, oasis du sud algérien, près du Maroc. Son temps est alors partagé entre la prière et l’accueil notamment des plus pauvres. Il y dénonce l’esclavage encore en cours, devient aumônier des militaires français qui occupent ce gros village, se met à soigner des malades ou des blessés. Apprenant qu’une femme touarègue a recueilli des rescapés d’une expédition armée dans le Hoggar, il décide en 1904 de répondre à la proposition d’un de ses amis officiers d’aller s’installer dans le Hoggar.
(…)
en 1908 survient une grave période de sécheresse et de famine. Ayant donné ses vivres, il est atteint de scorbut, et se prépare à mourir. Ce sont ses amis du village qui vont lui sauver la vie en lui apportant le lait des maigres chèvres des environs. Sans qu’il s’en rende compte Cela marque un grand tournant dans sa vie. Habitué à donner, il apprend à recevoir ; il « reçoit la vie » des gens du village. Il se remet au travail et poursuit jusqu’à la veille de sa mort son œuvre linguistique. Tout est prêt pour une édition en quatre volumes d’un dictionnaire touareg-français. Il a aussi relevé plus de 6000 vers de poésie ! Devant le danger qui plane dans la région, il construit un fortin pour protéger les gens du village des attaques répétées des pillards venant de l’ouest saharien. Et il meurt tragiquement lors d’un rezzou venu cette fois du Fezzan (Lybie) le 1er décembre 1916. Comme le grain de blé jeté en terre, il a donné sa vie pour porter du fruit.

Les fruits de l’œuvre du frère Charles de Foucauld.

Charles de Foucauld, après son retour à la foi, a mené une existence marquée par l’imitation de Jésus à Nazareth, la prière et le souci des pauvres. Pour vivre cette vocation il a choisi d’aller vers les plus lointains, d’abord à Béni Abbès, puis à Tamanrasset. Il a vécu les meilleures années dans le souci de privilégier une relation fraternelle avec tous, la prière et l’étude de la langue des touarègues. Son désir était d’être le « frère universel », à l’exemple de Jésus, ouvert à l’accueil de tous, quelles que soient les conditions sociales, religieuses ou ethniques. En cela, il a marqué profondément non seulement notre Eglise d’Algérie, mais aussi l’Eglise Universelle. Il continue de nous inspirer dans le contexte où nous vivons.

Le frère Charles de Jésus a désiré de son vivant fonder une famille spirituelle pour témoigner de Jésus partout où il n’est pas connu et aimé. Cela ne lui a pas été donné, mais aujourd’hui une vingtaine de familles spirituelles s’inspirent de son esprit, dont quelques- unes sont présentes en Algérie. Frère Charles de Jésus est vraiment un « saint » pour notre temps! Reconnaissant ses vertus spirituelles et humaines, l’Eglise a l’a déclaré « Bienheureux » le 13 novembre 2005 à Rome en présence d’un délégué spécial du Président de la République Algérienne. Le citant dans le discours inaugural de la dernière assemblée générale du synode des évêques, le 3 octobre dernier, le Pape François reconnaissait l’action particulière de Charles de Foucauld soulignant
qu’il comprit qu’on ne grandit pas dans l’amour de Dieu en évitant la servitude des relations humaines. Parce que c’est en aimant les autres qu’on apprend à aimer Dieu ; c’est en se penchant vers son prochain qu’on s’élève jusqu’à Dieu. À travers la proximité fraternelle et solidaire avec les plus pauvres et les plus abandonnés, il comprit que, finalement, ce sont eux qui nous évangélisent, en nous aidant à grandir en humanité. »

Charles de Foucauld reste une figure exemplaire pour notre monde et pour le témoignage de l’ Evangile. Son existence a été marquée par la prière, l’adoration, le sens profond de l’Eucharistie mais aussi par la présence de Jésus dans les plus pauvres. Il a franchi les barrières de l’appartenance religieuse, s’est fait l’homme de tous. Il a aussi apporté un soin particulier à l’étude de la langue pour mieux entrer en relation avec les gens de son entourage : en avons-nous le même souci ? Homme de prière, il a mis Jésus au centre de sa vie, une vie donnée jusqu’au bout. Il nous est une lumière pour continuer la route. Il a cherché le plus sincèrement possible et au plus proche de l’ Evangile de Jésus à répondre à tous les défis de son temps. Le suivrons-nous sur ce chemin ardu d’une imitation de Jésus, comme l’un ou l’une des témoins par excellence de la Miséricorde de Dieu au-delà de toute frontière ?

+Paul, Jean Paul et Claude. Evêques.