Dans certaines paroisses, ce week-end, la messe sera plus colorée, peut-être même dansante. Les chants prendront un rythme africain ou polonais. L’Eglise invite à être solidaire avec les personnes migrantes et réfugiées.
Je voudrais bien apporter mon aide pour accueillir les migrants, mais je ne sais pas comment… » Cette incertitude que de nombreux Belges ressentent, plusieurs chrétiens s’en sont emparés pour trouver leurs propres réponses. A Mopertingen (Limbourg), quand le curé a terminé son homélie dominicale par cet appel, des paroissiens se sont mobilisés. Ils ont pris contact avec le CPAS, puis avec les migrants eux-mêmes pour discerner leurs réels besoins. Les chrétiens étaient prêts à donner des matelas, des vêtements ou de la nourriture, mais, en écoutant les migrants, ils ont finalement opté pour une aide davantage logistique afin de trouver un travail, se déplacer ou s’occuper des enfants. Cet exemple est l’une des illustrations de la manière dont l’Eglise se mobilise pour les personnes déplacées.
Chaque année depuis 1914, l’Eglise catholique attire l’attention des fidèles sur le sort des familles qui sont obligées de quitter leurs pays pour raisons de sécurité ou de pauvreté. Lorsque le pape Benoît XV a lancé cette initiative au début de la Première Guerre mondiale, il s’agissait de coordonner les actions des différents diocèses italiens en faveur des personnes démunies suite à un déplacement forcé. La mission reste la même cent-trois ans plus tard. Le pape édite à chaque fois une lettre qui met l’accent sur une problématique spécifique liée à la migration. Le message de cette Journée du migrant et du réfugié (voir ci-dessous) peut servir de base de réflexion à toute communauté chrétienne, notamment pour préparer la liturgie du deuxième dimanche après l’Epiphanie.
Enfants d’un même Père
L’accueil des personnes migrantes prend d’abord une forme pratique. Lors de ce week-end des 14 et 15 janvier, de nombreuses paroisses organisent un repas interculturel à la suite de la célébration dominicale. C’est en discutant amicalement autour de spécialités du monde que se créeront de vrais contacts qui supplanteront les appréhensions naturelles. « C’est le même Dieu que nous prions, en français, en arabe ou en kigali!« , constate-t-on aussi lors de concerts colorés. Evidemment, un week-end seulement par an ne suffit pas à faire naître une vocation de l’accueil au sein d’une communauté locale. Cela peut toutefois faire réfléchir les participants à la situation réelle des personnes déplacées.
Précédemment, certains diocèses avaient organisé des jeux de rôle dans lesquels les fidèles prenaient la place de personnes migrantes.
Les joueurs devaient donc symboliquement aller d’une administration à l’autre pour présenter les papiers nécessaires, voir leur vie mise à nu et décortiquée pour prouver la nécessité de quitter leur pays d’origine. C’est en prenant conscience des difficultés vécues par chaque migrant que les hommes et femmes de bonne volonté peuvent trouver le moyen de leur apporter une aide précieuse.
A Fleurus, par exemple, une Maison africaine existe depuis dix ans pour proposer un logement et des conseils juridiques aux migrants qui en ont besoin.
La sensibilisation à la situation des personnes déplacées concerne tout le monde, y compris le sommet de l’institution ecclésiale belge. Il y a quelques mois, les évêques avaient pu visiter les lieux de détention, où les migrants attendent la régularisation de leur situation. Plusieurs d’entre eux se sont aussi rendus dans les pays en guerre, pour constater pourquoi l’Europe doit accueillir autant de personnes réfugiées. Suite à cette prise de conscience, l’Eglise de Belgique a invité chaque paroisse à accueillir quelques familles migrantes. Prochaine étape: pour le Carême qui s’ouvrira le 1er mars, une lettre sera publiée pour expliquer les situations géopolitiques responsables de la migration actuelle. Cette lettre est née de l’initiative de la commission épiscopale Pro migrantibus qui rassemble les représentants des différents diocèses belges en lien avec Entraide et Fraternité.
Anne-Françoise de BEAUDRAP ,
Le 26 janvier, journée d’étude
Focus sur six projets ou initiatives en Wallonie, à Bruxelles, ou en Flandre qui montrent que les églises locales se mobilisent pour accueillir les migrants.
À 12h: accueil autour d’un repas sandwich
À 13h: intervention du père Aurélien Saniko, curé de la paroisse St Jean-Baptiste à Molenbeek, sur le thème « une minorité chrétienne au cœur de la migration ».
De 14h à 14h45, présentation vidéo des initiatives menées à Ostende, Bruxelles, Anvers, Charleroi, Mopertingen et la Louvière.
Suivi de temps d’échanges pour dégager des lignes de forces pour de nouveaux projets.
Lieu: 40 avenue de la Renaissance, 1000 Bruxelles.
Inscription obligatoire à info@promigrantibus.be