« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )

Combattre la haine par l’amour

15, Déc 2015 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Spiritualité     , , ,   No Comments

Alors que la haine semble s’étendre au Moyen-Orient et en Afrique, elle progresse aussi en Occident, comme le montrent certains discours d’extrême droite. Les profondes pensées d’Etty Hillesum et de Fatima Ibn Ziaten peuvent nous aider à préserver notre cœur de ce fléau ravageur qui peut conduire aux guerres

Etty Hillesum en 1942

Extraits de Une vie bouleversée (citations extraites de http://www.babelio.com/auteur/Etty-Hillesum/2914/citations )

« Notre unique obligation morale, c’est de défricher en nous-mêmes de vastes clairières de paix et de les étendre de proche en proche, jusqu’à ce que cette paix irradie vers les autres. Et plus il y a de paix dans les êtres, plus il y en aura aussi dans ce monde en ébullition.

La vie est une chose merveilleuse et grande : après la guerre, nous aurons à construire un monde entièrement nouveau et, à chaque nouvelle exaction, à chaque nouvelle cruauté, nous devrons opposer un petit supplément d’amour et de bonté à conquérir sur nous-mêmes. Nous avons le droit de souffrir, mais non de succomber à la souffrance Et si nous survivons à cette époque indemnes de corps et d’âme, d’âme surtout, sans amertume, sans haine, nous aurons aussi notre mot à dire après la guerre. Je suis peut-être une femme ambitieuse : j’aimerais bien avoir un tout petit mot à dire.

Les citations suivantes sont tirées de l’excellent site d’une troupe de théâtre genevoise qui a présenté un spectacle inspiré par la vie d’Etty :

« La haine farouche que nous avons des allemands verse un poison dans nos cœurs.»
« … si la lecture du journal ou une nouvelle apprise au-dehors me remplissent de haine, il m’arrive de lâcher tout d’un coup des bordées d’injures à l’adresse des allemands, j’exhale ma haine et en même temps je meurs de honte. »

« N’y aurait-il plus qu’un seul allemand respectable, qu’il serait digne d’être défendu contre toute la horde sauvage des barbares et que son existence vous enlèverait le droit de déverser votre haine sur un peuple entier. »

« L’absence de haine n’implique pas nécessairement l’absence d’une élémentaire indignation morale. Je sais que ceux qui haïssent ont pour cela de bonnes raisons. Mais pourquoi devrions-nous toujours choisir la voie la plus facile, la plus rebattue ? Au camp j’ai senti de tout mon être que le moindre atome de haine ajouté à ce monde, le rend plus inhospitalier encore. »

« La saloperie des autres est aussi en nous. Et je ne vois pas d’autres solutions que de rentrer en soi-même et d’extirper de son âme toute cette pourriture. Je ne crois plus que nous puissions corriger quoi que ce soit dans le monde extérieur que nous n’ayons d’abord corrigé en nous. L’unique leçon de cette guerre est de nous avoir appris à chercher en nous-mêmes et pas ailleurs. »

RUMI

« La seule vraie crasse est celle qui emplit nos cœurs. Les autres se lavent. Il n’y a qu’une seule chose qu’on ne peut laver à l’eau pure: les taches de la haine et du fanatisme qui contaminent notre âme. On peut tenter de purifier son corps par l’abstinence et le jeûne, mais seul l’Amour purifiera le cœur. »

 

Fatima Ibn Ziaten : « La France doit tendre la main à ces jeunes »

[ce texte date d’après les attentats à Paris du 13-11-15. Mme Ibn Ziaten a perdu son fils en 2012 des mains de Mohamed Merah. Elle ne cesse depuis lors d’oeuvrer co]

« (…) Je vois ce qui se passe dans certains quartiers [en France], j’entends ce qui se dit, c’est grave. Il faut ouvrir les ghettos et donner leur chance aux enfants, quelle que soit leur origine, pour qu’ils trouvent leur place, qu’ils aiment le pays où ils sont nés et défendent ses valeurs. Mais c’est à nous d’aller vers eux. Je n’arrête pas de le répéter.

La France doit tendre la main à ces jeunes, leur donner du travail, des formations, de l’espoir. Ils n’ont rien, ils sont vides, il n’y a rien à l’intérieur de leur cœur, pas d’amour, pas d’espoir, pas de rêves. Pendant ce temps, Daech les récupère en leur donnant de l’argent et de la valeur. Moi, mes enfants, quand ils étaient jeunes, ils rêvaient. « Maman, je veux être médecin », « Maman, je veux être footballeur professionnel », « Maman, je veux être policier »

Il faut aussi aider les parents et travailler dans les prisons, où c’est l’horreur totale. Maintenant, j’espère que ce qui vient de se passer en France n’arrivera plus, que ce sera la dernière fois. C’est trop triste et trop dur. En France comme ailleurs, on a besoin de la paix. »

Recueilli par Pascal Charrier. (Source: la Croix/27.11.15/) Lire plus :