« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )
17, Oct 2020 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Documentation,Droits humains No Comments
Des mesures radicales ont enfin été décidées par le nouveau gouvernement de Alexander DE CROO. On espère qu’elles suffiront à enrayer la croissance fulgurante des contaminations en Belgique et en particulier en Wallonie et à Bruxelles. Voici un extrait d’un interview de Marius GILBERT, épidémiologue à l’ULB :
La faute à qui ?
(…), plusieurs experts ont mis en garde depuis plusieurs semaines contre cette évolution de la pandémie en Belgique, sans que cela provoque de réaction suffisante pour inverser la tendance : « Malheureusement, on va arriver à des mesures coercitives parce qu’on n’a pas réussi à stabiliser la situation par des mesures volontaires. Ça fait des semaines qu’on essaie de sensibiliser au fait que le problème, ce n’est pas le niveau de l’épidémie, le problème qu’elle soit en croissance, qu’elle ne soit pas sous contrôle. Ce discours a eu beaucoup de mal à passer, et on a cette augmentation qui a fait tache d’huile au départ de Bruxelles et s’est propagée aux autres provinces« .
La faute à ceux qui ne respectent pas les gestes barrières ? Ou aux discours de déni ?
« Il faut distinguer deux choses, estime Marius Gilbert. Il y a des gens qui ne respectent pas les gestes barrières parce que c’est compliqué pour eux, à cause de leurs conditions de vie, et qui s’exposent. Et puis il y en a d’autres qui ne les ont pas pratiqués, parce qu’elles ont préféré croire une vidéo d’un prof sur Facebook qui disait que l’épidémie était finie, ou qu’il fallait aller vers l’immunité collective, ou qui mettaient simplement leur manque de responsabilité sur le compte des cafouillages de communication – qui sont réels ! – mais ça a eu bon dos ! Et c’est aussi parfois par facilité ou manque de responsabilité collective qu’ils ne l’ont pas fait et ça amène malheureusement à la situation où on est aujourd’hui…«
Pour en savoir plus sur les nouvelles mesures : https://www.rtbf.be/info/societe/detail_fermeture-de-l-horeca-teletravail-obligatoire-couvre-feu-on-arrive-a-ca-par-manque-de-responsabilite-collective-de-certains?id=10609798
Ndr : je ne sais pas qui est ce professeur sur Facebook auquel fait allusion Marius Gilbert. Lors d’un débat télévisé dimanche passé, l’experte Erika Vlieghe a reproché au professeur Jean-Luc Gala (de l’UCL) ses discours minimisant l’épidémie et invoquant l’argument de « l’immunité collective » comme en Suède. Le cas de la Suède est tout à fait différent, lui rétorquait énergiquement la virologue d’Anvers.
Le journaliste Bertrand Henne (RTBF) a proposé l’hypothèse d’un « manque de leadership » du côté francophone pour expliquer que l’épidémie y a connu une croissance plus importante qu’en Flandre (dont la population est cependant plus dense). Il est clair que si certains « experts » invoquent le concept de l’immunité collective, cela produit chez beaucoup l’abandon des gestes-barrières, puisqu’en toute logique il faut plutôt favoriser la contamination afin d’arriver plus vite aux 60 ou 70% nécessaires. Les personnes à risque n’ont qu’à se protéger, a rétorqué un immunologue de l’université Erasme dans l’émission CQFD, ce à quoi son contradicteur (intensiviste à la clinique St Luc de l’UCL) a montré qu’il était tout à fait irréaliste de penser qu’on pourrait établir des frontières hermétiques entre les gens (il y a 3,5 millions de seniors en Belgique et c’est sans compter toutes les autres personnes à risque, qui sont de tous les âges).
Il est clair qu’il y a aussi, dans ce débat, une question éthique majeure : faut-il faire subir la pandémie aux plus jeunes ? Tant pis pour les autres, ils n’ont qu’à se protéger, rester confinés chez eux et s’abstenir de contacts…
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