« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )

Covid 19 : on va payer cher le manque d’anticipation

05, Mar 2020 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Documentation,Uncategorized     No Comments

En n’osant pas prendre des mesures énergiques maintenant, le gouvernement belge et tous les responsables politiques et de santé vouent le pays à vivre une énorme crise sanitaire et économique, argumentait Marc Wathelet hier soir.  J’espère bien qu’ils vont prendre enfin la mesure du danger, mais plus on tarde, plus on le paiera cher. Mais c’est chacun qui doit adapter son comportement 

Si vous avez regardé l’émission « A votre avis » hier sur la Une, (ou sur auvio), vous aurez eu l’occasion de mesurer la gravité du problème.

On a assisté à un débat entre deux positions :

  • La position minimaliste de Maggie De Block, selon laquelle il ne faut surtout pas paniquer, mais suivre l’évolution des choses.
  • La position du Dr Philippe Devos, président du syndicat médical Absym et médecin aux soins intensifs (« intensiviste ») au CHC de Liège, selon lequel « on risquerait, « sans mesures de précaution drastiques », d’avoir 850.000 infectés. Rapporté à la Belgique, cela signifierait plus de 100.000 personnes à hospitaliser et 50.000 en soins intensifs. Trop pour nos 30.000 lits. Le personnel médical serait débordé, ce qui entrainerait une mortalité très importante, comme en Italie, qui se chiffrerait à plusieurs milliers , (alors que Steven Van Gucht, le président du comité fédéral coronavirus, que la ministre suit, parle seulement de « quelques centaines » …). On pourrait penser qu’il exagère, mais au moins le Dr Devos sonne l’alarme, et il n’est pas le seul : « Les médecins généralistes furieux contre De Block », titre le Soir d’aujourd’hui sur sa Une. Ils se disent mal informés, mal équipés et peu consultés.
  • Pour le Docteur en Sciences Marc Wathelet, si le virus se propage en Europe à la vitesse de l’Italie (doublement des cas tous les 3,3 jours) les cas actuels (plus de 3.000 contaminés) pourraient, sans mesures drastiques, s’être multipliés par mille dans 33 jours.
  • Ndr à propos de ces chiffres : en Belgique : lundi on annonce un 2e cas, mardi on est à 13, mercredi à 23, ce jeudi midi à 50 (et tous ne reviennent pas de voyage en zone à risque). Si on compte un doublement tous les 3,3 jours (cm en Italie), et si on double 10 fois, donc dans 33 jours, on arrive en effet à : 50,100,200,400,800,1600,3200,6400,12800, 25.600, 51.200. Donc, « sans mesures drastiques » (par exemple interdire les Salons Batibouw ou du livre, etc) et sans des instructions pour des précautions individuelles et collectives plus fortes, on arriverait effectivement à la situation de débordement des hopitaux redoutée par le Dr Philippe Devos.

En n’osant pas prendre ces mesures énergiques maintenant, le gouvernement belge et tous les responsables politiques et de santé vouent le pays à vivre une énorme crise sanitaire et économique, argumentait Marc Wathelet hier soir.  J’espère bien qu’ils vont prendre enfin la mesure du danger, mais plus on tarde, plus on le paiera cher. Mais c’est chacun qui doit adapter son comportement :

Parmi les instructions citées dans l’infographie sur le site de la RTBF, j’ai trouvé cette instruction toute simple : ne pas se serrer les mains !

(https://www.rtbf.be/info/societe/detail_coronavirus-tous-les-symptomes-infos-utiles-et-gestes-essentiels-en-une-infographie-a4-a-imprimer?id=10446638 )

 Nombreux seront ceux et celles qui pousseront des cris, et pourtant, n’est-ce pas évident ?  mais nous n’aimons pas être dérangés dans nos habitudes, alors nous trouverons qu’on exagère, et nous laisserons ce foutu virus passer d’une personne à l’autre… Je te salue bien amicalement… et je te passe peut-être ce virus dont je ne sais pas encore qu’il m’a déjà infecté !  Puis, toi et/ou moi, nous le passerons à nos enfants ou petits-enfants à l’école qui, à leur tour, se le passeront. Et ainsi de suite, c’est comme les grippes et les rhumes, sauf que ça passe encore plus facilement de l’un à l’autre, et que c’est infiniment plus agressif, surtout pour les séniors et les malades, dont beaucoup devront être hospitalisés, voire y laisseront la vie.

Non, ce n’est pas réjouissant du tout, mais voilà, c’est la réalité, rien ne sert de se la cacher, ne serait-ce pas même criminel, en fait, de refuser de prendre le maximum possible de précautions, car il ne s’agit pas que de soi-même, il s’agit de toute la communauté humaine, dont on mesure aujourd’hui à quel point elle est interdépendante.  

Encore un mot concernant la fermeture des écoles en Italie. Je ne sais si c’est une bonne mesure, car qui va garder les enfants ?  Les papys et mamys, qui sont les plus fragiles ?  Alors, faisons tout pour qu’on n’en arrive pas là !  Il y a des écoles où les enfants se font la bise bien gentiment entre eux et à leur institutrice à l’arrivée et au départ… Ne peut-on pas expliquer aux enfants de remplacer la bise, pendant quelques semaines, par un très beau sourire accompagné d’une inclination avec la main sur le cœur comme dans les pays musulmans ou en Asie ? Ne pourrait-on pas présenter ça avec un grand sourire comme un nouveau jeu, les enfants pourraient tout à fait le faire avec beaucoup de rires au début, puis s’y habituer jusqu’à la fin de l’épidémie.

De telles suggestions ne vont pas convaincre tout le monde. Mon opinion est qu’il faut se préparer à une situation de plus en plus difficile, surtout si on la minimise en disant que ce n’est pas beaucoup plus grave que la grippe saisonnière. Si vous regardez les reportages venant d’Italie et de France, vous comprenez bien que ce n’est pas vrai.