« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )

Être épouse de polygame au Nigeria : mépris, sournoiserie, peur de la vindicte…

21, Déc 2016 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in International     ,   No Comments

 

Trouver un bonheur anesthésié dans la passivité ou vivre l’enfer de la rivalité.

Parfois drôle, souvent tragique, le roman de Lola Shoneyin nous montre la vie d’un ménage polygame nigérian, racontée par les voix des différentes épouses.

(L’auteure est l’épouse du premier prix Nobel de littérature africain noir (1986), Wole Soyinka)

La Libre, Abonnés, Marie-France Cros Publié le mardi 20 décembre 2016 à 10h01 –

(…) L’action, située dans la région d’Ibadan (sud-ouest du pays) offre un tableau réaliste des relations interpersonnelles en Afrique, qui peuvent être très dures à nos yeux d’Occidentaux. L’auteur évite pourtant la caricature, excellant à dévoiler le mélange de tendresse et de mépris des épouses pour un mari qu’elles s’entendent à duper afin de préserver leurs intérêts. Mais le destin s’en mêle. (…)

Si la polygamie n’est légale au Nigeria que dans douze Etats sur les trente-six de la Fédération – ceux du nord appliquant la loi islamique -, elle existe aussi dans le sud du pays, chrétien et animiste, au nom de la tradition; les femmes surnuméraires y jouissent cependant de moins de droits que la première épouse, légale. Loin d’être en voie de disparition, cette pratique – même sous sa forme inégalitaire du sud du pays – est en augmentation, selon la presse nigériane.

(…) La mère de Lola Shoneyin, qui grandit dans cette maisonnée de polygame, lui a abondamment raconté le vécu de ces familles, où chaque mère surprotège ses enfants, par peur de la vindicte de ses co-épouses; celle-ci peut aller jusqu’au poison, d’autant plus facilement que peu de polices africaines disposent de médecins légistes et de laboratoires pour les déceler. Les enfants de familles polygames, dit l’auteur dans un article publié dans « Ake Review », sont poussés à la sournoiserie « pour survivre« . Traités avec mépris par les enfants de la première épouse, ils deviennent « défaitistes » ou hyper-compétitifs parce qu’ »habitués à se battre pour qu’on s’occupe d’eux« .

« Baba Segi, ses épouses, leurs secrets », Lola Shoneyin,  traduit de l’anglais (Nigéria) par Isabelle Roy,  Actes Sud,  290 pp., env. 22 €

texte complet