« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )
17, Oct 2019 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Actualités Islam,radicalisme,terrorisme No Comments
par Dounia Bouzar
Le ministre de l’Intérieur a déclaré que le fait de porter la barbe, de ne pas faire la bise à une femme, d’avoir « une pratique régulière » de la prière, d’avoir une pratique religieuse « particulièrement exacerbée » en période de Ramadan ou encore d’avoir une tabaa (ou zebida) sur le front (*), constituaient des indicateurs de radicalisation « qui doivent être relevés ».
Outre le fait que ce type de déclarations alimente le discours dit « jihadiste » qui a besoin de faire naître un sentiment de discrimination, voire de persécution chez les musulmans pour leur faire croire que seul un Etat régi par la loi divine pourra être juste et non corrompu, il relève d’une ignorance profonde du processus de radicalisation.
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Le fait de porter la barbe pour un musulman ne relève, en effet, pas toujours du culte. Et si tel est le cas, si l’individu porte une barbe parce qu’il la perçoit comme une recommandation religieuse, en quoi cette barbe peut-elle indiquer qu’il ne croit plus en la loi humaine et qu’il veut imposer la loi divine pour régénérer le monde en tuant tous ceux qui s’y opposent ? Les policiers savent bien qu’il faut plutôt se méfier de celui qui se rase soudainement sa barbe.
Que signifie d’avoir une pratique religieuse « particulièrement exacerbée » en période de Ramadan ? Comprend-t-il le fait de se rendre à la mosquée ? Cela relève de la liberté de culte garantie par la République. C’est encore l’arrêt brutal de la fréquentation de la mosquée qui est un indicateur d’alerte, lorsque l’individu n’accepte plus de prier derrière un imam qu’il considère comme un apostat dans la mesure où il vit sur une terre jugée « mécréante » et accepte de payer des impôts à un Etat qui mettrait les députés au même niveau que Dieu… De nombreux terroristes se sont mis à faire la prière au moment où ils ont adhéré au projet de leur groupe radical. Autant dire que si les autorités décident de relâcher la vigilance dès lors que les individus arborent un front lisse, les Français ne sont pas prêts d’être en sécurité.
Que dire du fait de faire la bise ? Jusque-là, on discutait âprement la question du refus de serrer la main entre sexes opposés car tout le monde savait que ce comportement était commun à un certain nombre de musulmans orthodoxes, et notamment ceux dits de tendance « salafiste ». Certes, il peut être qualifié de harcèlement moral basé sur le genre, dans la mesure où il peut faire naître un sentiment d’humiliation ou de perte de dignité au sein d’une équipe professionnelle. Les managers doivent le refuser et ne pas accepter de croire que c’est une simple application de l’islam, comme le prétendent les salafistes. Mais en revanche, ce comportement n’est pas le propre des « jihadistes ». Il ne permet pas de les détecter. Et de là, à obliger des salariés à se faire la bise ! La façon de se dire bonjour ne peut que relever du choix des personnes, tant qu’elles ne discriminent pas un collègue du fait de son sexe.
(*) tabaa (ou zebida) : marque sur le front à force de prosternations sur le tapis de prière
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