« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )

François plaide la cause des indigènes au Mexique

18, Fév 2016 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Actualités chrétiennes     , , , , ,   No Comments

VÉRONIQUE KIESEL, Le Soir, 17/02/2016

Une nouvelle fois, François dénonce les élites corrompues

 C’est la première fois qu’un pape défend à la fois les pauvres et la Madre Tierra (Terre mère) », se réjouit José, un Indien tzotzil, qui a suivi avec ferveur la messe célébrée lundi à San Cristobal de Las Casas. C’était d’ailleurs aussi la première fois qu’un pape se rendait au Chiapas, le plus pauvre des États mexicains, le plus indien aussi.

« Souvent, de manière systématique et structurelle, vos peuples (indigènes) ont été incompris et exclus de la société. Certains ont jugé inférieures vos valeurs, votre culture et vos traditions, a constaté le pape François. D’autres, étourdis par le pouvoir, l’argent et les lois du marché, vous ont dépossédés de vos terres ou les ont polluées. C’est si triste ! Que cela nous ferait du bien à tous de faire un examen de conscience et d’apprendre à dire pardon. »

Critiquant donc ouvertement les gros propriétaires et les multinationales qui exploitent à l’excès les ressources de la région, mais aussi les descendants des conquistadors qui entretiennent depuis plus de deux siècles un apartheid de fait à l’égard des Indiens, le pape a aussi rendu hommage à Samuel Ruiz, le très progressiste évêque de San Cristobal, mort en 2011.

M gr Ruiz, qui avait servi de médiateur entre la rébellion zapatiste et l’Etat mexicain, s’est battu toute sa vie pour les droits des Indiens. Il était très mal vu par les hautes sphères conservatrices du clergé mexicain, qui le considéraient comme un dangereux communiste. Il avait notamment nommé une centaine de diacres indiens, pratiquement tous mariés, ce qui avait choqué sa hiérarchie. Son successeur avait d’ailleurs suspendu la mesure : une interdiction levée en 2014… par le pape François.

(…).

« Je voudrais vous inviter de nouveau à être en première ligne, a lancé le pape aux catholiques, à être les premiers dans toutes les initiatives qui aident à faire de cette terre mexicaine bénie une terre d’opportunités. Une terre où il ne sera pas nécessaire d’émigrer pour rêver. Ou il ne sera pas nécessaire de faire du désespoir et de la pauvreté d’un grand nombre l’opportunité de quelques-uns. Une terre qui ne devra pas pleurer des hommes, des femmes, des jeunes et des enfants qui finissent, détruits, dans la main des trafiquants de la mort. »

Pour le coup, c’est le pape lui-même qui a dû passer pour un « communiste » aux yeux de beaucoup. Pour sa première visite en terre mexicaine, le pape argentin a en tout cas choisi d’affronter de face les problèmes. … Si François plaide de façon aussi frontale en faveur des déshérités, c’est aussi parce que, au Mexique, deuxième pays au monde comptant le plus de catholiques, leur proportion est en déclin, alors que les églises évangéliques sont en progression. Il s’agit donc pour lui de montrer que l’Eglise d’aujourd’hui n’est plus au service des riches et des puissants, mais des pauvres. Une révolution ?

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