« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )
21, Déc 2023 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Droits humains,guerre ou paix No Comments
Israël – Palestine : l’appel des universitaires et étudiants à s’engager pour le respect immédiat et intégral du droit international
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De graves violations du droit international humanitaire et des droits humains
La politique d’occupation poursuivie par le gouvernement israélien implique de graves violations du droit international humanitaire et des droits humains. Depuis des décennies, le peuple palestinien subit un régime de colonisation, d’occupations et d’annexions de territoires, de transferts forcés de populations et, selon Human Rights Watch et Amnesty International, d’apartheid. Cette oppression structurelle ainsi que ces violations constantes du droit international et des droits humains doivent être reconnues, et combattues. Elles créent le terreau de flambées régulières de violences. Elles forment l’obstacle majeur à une paix juste et durable, et empêchent la mise en œuvre des résolutions n°242 des Nations unies, qui appelle à la fin de l’occupation, et n°1515, qui prône une solution à deux Etats. Elles empêchent la coexistence pacifique des deux peuples et le respect de leurs droits à l’autodétermination.
L’intensification de cette politique est pleinement assumée par le gouvernement israélien. Alors que la violence est en explosion en Cisjordanie, le gouvernement Netanyahou fournit, en octobre 2023, 10.000 armes aux colons en vue de former des équipes de sécurité civile et il annonce en novembre son intention de « continuer d’étendre la distribution d’armes aux citoyens ». Ce 27 novembre, le gouvernement israélien a engagé 43 millions de dollars de dépenses pour la construction de nouvelles colonies en territoire palestinien occupé. Il a également lancé des opérations de « recherche et destruction » de projets d’aide humanitaire financés par la communauté internationale en Cisjordanie. Benjamin Netanyahou a par ailleurs assuré qu’Israël « assumera, pour une durée indéterminée, la responsabilité générale de la sécurité à Gaza » ce qui signifie une nouvelle occupation. Ce 6 décembre, Israël a par ailleurs donné son accord final à la construction de 1.738 unités d’habitation dont la moitié seront situées à Jérusalem-Est. Ce gouvernement, le plus à droite de toute l’histoire d’Israël, est composé notamment de fanatiques religieux et de personnes se revendiquant pleinement d’une appartenance à l’extrême droite. Il semble aujourd’hui bien davantage concerné par un agenda d’approfondissement radical de colonisation, d’occupation et de nettoyage ethnique que par la négociation d’un processus de paix durable permettant d’assurer le droit à la sécurité des Israéliens comme des Palestiniens.
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La Belgique dispose de leviers d’actions par rapport à cette situation dramatique. Nous importons annuellement 1,5 milliard d’euros de produits israéliens fabriqués notamment dans les territoires occupés (le 3e plus gros importateur de l’UE). Et nos institutions académiques sont engagées dans des partenariats de recherche avec des institutions israéliennes directement impliquées dans les politiques d’occupation, de colonisation et de violation du droit international que commet le gouvernement israélien.
La responsabilité des universités
En tant qu’universitaires et représentants étudiants, nous appelons nos institutions académiques belges et européennes à éviter le double standard et à agir pour le respect du droit international et des droits humains, en application des mêmes principes mobilisés au moment de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les universités endossent certaines responsabilités dans la société. Elles doivent, à notre sens, prévenir les violations des droits humains, comme elles soutiennent les acteurs qui promeuvent le respect de ces droits, notamment par la remise de Doctorats Honoris Causa. L’ULiège et l’ULB ont déjà fait un premier pas en appelant au respect du droit international humanitaire et à un cessez-le-feu. L’Université de Gand a, quant à elle, développé une politique cohérente et pertinente relative aux collaborations académiques. Cette Université a constaté qu’elle entretenait « des collaborations avec des universités qui ont soutenu les parties belligérantes après le 7 octobre ou qui ont éventuellement fourni un soutien matériel ou financier. Cela pourrait signifier que ces organisations partenaires sont indirectement impliquées dans des violations des droits de l’homme ». La même Université constate que « certaines universités israéliennes et palestiniennes font également savoir qu’elles sont préoccupées par l’impact de la guerre sur les droits de l’homme ». En conséquence, l’Université de Gand a annoncé qu’elle « examinera minutieusement, pour chaque organisation avec laquelle une coopération institutionnelle est en cours ou prévue, en quoi consiste le soutien moral, financier ou matériel aux parties belligérantes, et prendra contact avec ces organisations pour vérifier si, et dans quelle mesure, elles sont impliquées dans des violations des droits de l’homme et du droit humanitaire international. Si c’est le cas, des mesures seront prises pour mettre fin à la coopération et aucune nouvelle collaboration ne sera entamée jusqu’à ce que de nouveaux éléments conduisent à une réévaluation».
Universitaires et représentants étudiants, nous appelons la Belgique à mettre sa politique en cohérence avec ses déclarations appelant à une solution politique à deux Etats et au respect du droit international : appel à un cessez-le-feu immédiat et permanent, reconnaissance de l’Etat palestinien et fin du commerce avec les colonies israéliennes. La Belgique et l’Union européenne doivent de plus décider, comme elles l’ont fait à l’égard de la Russie, des sanctions envers l’Etat israélien comme envers les dirigeants du Hamas tant que le droit international sera bafoué et que l’occupation, la colonisation et toute situation susceptible d’être qualifiée apartheid seront maintenues.
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