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La vie sur terre en danger : à qui la faute ?

20, Déc 2019 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Environnement     No Comments

Qui est responsable de la dégradation de la planète ? L’humanité toute entière ?
Joseph Dewez propose une synthèse accessible sur ces questions restées trop souvent entre les mains des expert.e.s scientifiques. Ci-dessous sa conclusion :

1950, la grande accélération

Quand les scientifiques font l’historique de l’évolution des neuf limites planétaires, ils s’accordent pour constater que c’est à partir de 1950 que les «marqueurs» commencent à connaître une croissance exponentielle. Comment expliquer cette grande accélération? Serait-ce dû à une augmentation importante de la population, comme certains l’affirment? De fait, la population mondiale augmente également depuis cette date, et très rapidement. Mais d’autres chiffres sont à prendre en compte. Ainsi, «le taux d’augmentation de l’émission de CO2, entre1800 et 2000,est de 654,8, tandis que le taux d’augmentation de la population humaine est de 6,6.»

On ne peut donc pas incriminer la population mondiale d’être responsable de l’augmentation accélérée des gaz à effet de serre. D’autant plus qu’une part importante de la population mondiale n’y contribue que très peu. Ian Angus relève que «le pays dont les taux de natalité sont les plus élevés sont ceux qui ont les niveaux de vie les plus bas et génèrent le moins de pollution. Si les trois milliards d’êtres humains les plus pauvres se volatilisaient, la destruction de l’environnement ne ralentirait pratiquement pas.»

(…)

Mais qui est responsable?

Il n’est pas possible que ce soit la population mondiale. À première vue, on peut désigner la responsabilité des pays industrialisés de l’OCDE. En 2010, ils contribuaient à 75% du PIB mondial (et 72% des émissions de CO2!) alors qu’ils ne comptent que 18% de la population mondiale. Par ailleurs, «en 2000, les 45% des personnes les plus pauvres de la planète ont été responsables de 7% des émissions de CO2; au même moment, les 7% des personnes les plus riches en ont émis 50%.»

Ces chiffres confirment que la population mondiale ne peut être tenue pour responsable de la grande accélération. Mais ils indiquent aussi, qu’à l’intérieur même des pays de l’OCDE, il existe d’énormes inégalités de revenus et de responsabilité dans la détérioration de la planète. Un dernier chiffre est très parlant: 1% de très riches détiennent entre 43% et 50% des richesses mondiales. Bref, si au début du 19esiècle, ce sont les patrons anglais de l’industrie textile qui ont choisi d’utiliser le charbon comme énergie et d’émettre ainsi du CO2 pour amorcer le capitalisme industriel, aujourd’hui, c’est le capitalisme des multinationales et des grandes banques ou fonds de placement qui est responsable à la fois d’un système économique fortement inégalitaire et de ses impacts sur les conditions mêmes de vie sur la Terre.

Joseph Dewez,volontaire au Cefoc

Texte complet sur https://www.cefoc.be/IMG/pdf/analyse_14_2019.pdf

Pour aller plus loin :

Ian ANGUS, Face à l’anthropocène. Le capitalisme fossile et la crise du système terrestre, Montréal, Écosociété, 2018.

Nathanaël WALLENHORST, L’anthropocène décodé pour les humains, Paris, Le Pommier, 2019.

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