« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )
29, Avr 2023 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Jeunesse No Comments
L’éducation bienveillante semble séduire de nombreux parents. Comment en effet ne pas vouloir éduquer son enfant en faisant preuve d’écoute, en étant attentif à ses émotions, en posant des cadres qui faciliteront son adhésion, bref, en valorisant la compréhension et l’empathie ? Ne serait-ce pas enfin la ‘bonne’ méthode éducative ? Oui, mais il semblerait qu’il y ait beaucoup de ratages laissant des parents désemparés et épuisés. À être très écoutés et parfois trop valorisés, les enfants ne deviennent-ils pas arrogants, non respectueux, ignorants des autres? Le risque n’est-il pas qu’à force d’écoute et de respect de leurs désirs, on les transforme en petits rois voire en petits tyrans ?
« Au départ, l’éducation positive, c’étaient des programmes style anglo-saxon, avec une boîte à outils où l’on va renforcer positivement les comportements de l’enfant quand il est dans sa zone d’inconfort, le valoriser quand il vit un échec, et encourager l’expression de ses émotions. C’est très comportemental et quand j’ai vu cette arrivée dans notre culture française, j’ai lu tous les textes et j’y ai retrouvé les affirmations et les hypothèses éducatives de Françoise Dolto. Elle prônait le respect de l’enfant, ce qui est une très bonne chose. Mais dans le quotidien éducatif, sans hiérarchies, les enfants n’ont que des droits et les parents que des obligations » explique le docteur en psychologie, auteur du livre L’éducation bienveillante, ça suffit !
Selon Didier Pleux, l’éducation bienveillante devrait être l’apprentissage d’une meilleure acceptation des contraintes et la permission d’une sorte de développement personnel.
Cette éducation fonctionne très bien avec les enfants introvertis, mais pas avec les intrépides, fougueux, quémandeurs, stimulés par la société de consommation. Ils deviennent des carencés éducatifs qui ont besoin d’autres choses que de compréhension : « Ce que j’aimerais c’est une harmonie entre cette approche anglo-saxonne et que l’on réintroduise de l’autorité, une harmonie entre amour et frustration. L’enfant n’a plus été éduqué au difficile et à l’autorité, à ne pas confondre avec l’autoritarisme, le martinet, les sanctions et des parents violents. Il n’est pas question de quête au dictateur ou d’écraser l’enfant. Le respect oui toujours, mais l’enfant et l’adolescent ont besoin de modèles et de verticalité dans la famille« .
Didier Pleux lance même : « Nos enfants n’apprennent plus la frustration, or c’est un élément fondateur de leur éducation et de leur développement et de leur bien-être. La vie n’est pas que marrante d’autant plus avec les perspectives de notre époque ».
Pour le psychologue, la surprotection d’un enfant le fragilise. Il propose des pistes de solution, pour jouer avec la frustration, sans basculer dans l’autoritarisme : « L’aider à mettre des routines d’apprentissage, lui enlever sa PlayStation pour faire ses devoirs, l’obliger à lire plutôt que d’aller sur Wikipédia, c’est pour un parent, passer par le stade de l’autorité qui frustre mais qui permet à l’enfant de grandir ».
Selon lui, auteur également du livre De l’enfant roi à l’enfant tyran, l’éducation bienveillante a foncé sur l’hypertrophie de l’ego en disant que l’empathie est naturelle chez l’enfant. « Ces gens ne sont jamais alles dans une crèche ! » s’exclame-t-il. » L’enfant est pulsionnel et l’humain est branché sur le principe de plaisir. Il est nécessaire d’apprendre à un enfant que l’autre existe, et qu’il lui faut partager le gâteau. En s’appuyant sur les neurosciences, les partisans de l’éducation positive disaient que sans stress, un enfant est plus épanoui et qu’en cas de colère, l’enfant vit une explosion cérébrale irréversible avec des destructions neuronales. Pour les parents, c’était traumatisant. Or, il s’agit seulement de cas extrêmes. L’acceptation de soi, des autres et de la réalité sont trois composantes nécessaires à l’enfant ».
Le psychologue Didier Pleux se veut ‘de l’école de Jean Piaget’, le psychologue suisse qui prônait un déséquilibre salutaire permettant à l’enfant de chercher à dépasser la difficulté. De même, Damasio dans les neurosciences dit qu’après le dépassement d’une difficulté, l’enfant est plus fort.
Didier Pleux réfute aussi la crise d’adolescence disant que c’est une période difficile certes mais, il nuance : « Je dirais plutôt qu’il y a des adolescents en crise. La réalité, ils n’en veulent pas. Il faut arrêter de les surprotéger et leur donner plus de modèles d’adultes qui les soutiennent sans être des bisounours ».
Tenir compte de la spécificité de l’enfant, avec ses talents et ses déficits, sans s’attacher à des modèles généraux, lui semble impératif :
Un de mes meilleurs conseils aux parents est de regarder son enfant, voir ce qui marche avec lui et ne pas se fier aux théoriciens qui savent tout.
Tout en reconnaissant en guise de conclusion qu’un enfant au quotidien, « ce n’est pas facile » car lui-même l’a expérimenté, en en élevant trois.
► Découvrez l’intégralité de ce dossier dans le podcast de Tendances Première ci-dessus.
Article complet : https://www.rtbf.be/article/les-enfants-n-apprennent-plus-la-frustration-or-c-est-un-element-fondateur-de-leur-education-11185772
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