« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )

L’effet anti-déprime de la gratitude

17, Déc 2022 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Santé,Spiritualité     No Comments

Actuellement, bien des facteurs contribuent à augmenter le nombre de personnes touchées par la déprime, en plus des difficultés de la vie personnelle, de la longue crise sanitaire, de la guerre en Ukraine, etc, au point que les services de soins débordent. Les motifs sociétaux d’anxiété ne manquent pas … Alors, des conseils sur ce sujet viennent bien à point !

Article de Jacqueline De Cat-Hansen

 » Un jour de septembre, je suis tombée au milieu d’une émission sur France Inter qui m’a captivée. La gratitude pourrait avoir l’effet d’un médicament ? Pour en savoir plus, j’ai réécouté depuis le début grâce au podcast .

L’émission « Comment prévenir la dépression ? » (1) donnait la parole à des praticiens et à une personne qui avait traversé de graves épisodes dépressifs, d’où un bon mélange de compétence, de pratique et de vécu. Actuellement, bien des facteurs contribuent à augmenter le nombre de personnes touchées, en plus des accidents et difficultés de la vie personnelle, de la longue crise sanitaire, et de la saison, au point que les services de soins débordent. Les motifs sociétaux d’anxiété ne manquent pas … Et il va falloir changer bien des choses dans nos manières de vivre, on arrive au bout d’un système, devenu inadéquat.

D’abord, les participants se sont attachés à définir ce qu’est précisément une dépression. C’est une maladie, qui n’a rien à voir avec un manque de volonté. Inutile d’inviter à se secouer ! Des gens en disent : c’est le néant, le vide de sens, l’absence de plaisir. Après une phase de lutte, c’est l’effondrement. La personne déprimée, comme anesthésiée, vit un ralentissement moteur permanent, perd le goût à la vie. Une personne sur cinq connaît un épisode dépressif dans sa vie.

Que se passe-t-il dans le cerveau en cas de dépression ? Il y a une modification importante de son fonctionnement. Il semble que cela touche la plasticité neuronale qui repose sur un mécanisme moléculaire. Ce mécanisme, base de l’apprentissage, tombe en panne et le cerveau se rigidifie. La dépression ne se transmet pas génétiquement, mais bien des gènes prédisposants. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a rien à faire : tout le monde peut se prémunir.

Tenir un journal de gratitude

La personne témoin, après quatre ou cinq épisodes dépressifs, a participé à un programme de méditation de pleine conscience. Pouvoir toujours retrouver son esprit calme comme le ciel bleu a été pour elle une découverte incroyable ! Elle continue à méditer tous les jours, et expérimente l’effet thérapeutique de la gratitude. C’est une discipline de vie qui la prémunit de rechutes. Ensuite le psychiatre Christophe André commente et développe. Apôtre de la méditation de pleine conscience, il est convaincu que c’est un outil important pour traiter les émotions douloureuses et tenir la dépression à distance. Il ne s’agit pas de nier ces émotions, mais au contraire de les affronter de manière réaliste, tranquille, de les examiner sans jugement, en éliminant tout ce qu’on se raconte autour. Pratiquée quotidiennement, cette méditation rend expert en rééquilibrage émotionnel, et aide à vivre au présent, plus heureux.

Pratiquer la gratitude (nous y voilà !) est un des piliers de sa psychologie positive : cultiver ce qui nous fait du bien, prendre conscience de ce qu’on a et qu’on ne goûte pas forcément. C’est un des antidotes les plus puissants contre les émotions négatives et l’effondrement dépressif. Il propose donc de tenir un journal de gratitude, en tout cas de relever chaque jour trois choses vécues source de reconnaissance, si ténues soient-elles – le chant d’un oiseau… ou bien sûr du vécu plus important.

Serait-ce jouer au Bisounours ? La vie est dure, et pour la plupart, il n’est pas évident d’être heureux. Il ne s’agit pas de le nier, d’être naïfs. La méditation demande un effort quotidien, c’est du boulot. Mais c’est un moyen de sortir de la rumination, de tirer nos tristesses du côté de nos joies, de s’ouvrir à un autre regard. Nos pensées sont des hypothèses, et envisager qu’il y en ait d’autres ébranle la dictature du négatif. Sans négliger les autres approches, évidentes : avoir assez de contacts sociaux inspirants, d’activité physique et une bonne alimentation.

Pour finir, pourquoi pas pratiquer la gratitude avec les enfants ? Eux aussi peuvent apprendre à relever trois choses positives vécues dans leur journée. Et en se reconnectant à l’esprit du jeu, relever le défi de se raconter un vécu difficile de façon positive.

Tentant, non ?

Source: Bulletin Pavés n°73, Seneffe (Belgique) p.17-19

(1)  France Inter, à l’émission « Grand bien vous fasse » mardi 22 septembre 2022, Comment prévenir la dépression ? https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/grand- bien-vous-fasse/grand-bien-vous-fasse-du-mardi-27-septembre-2022-5467183