« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )
17, Sep 2018 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Actualités chrétiennes théologie No Comments
L’auteur nous rappelle que dans l’Eglise ancienne « étaient « ordonnés » comme ministres
de la communauté chrétienne, non pas ceux qui le désiraient ou le
demandaient, mais ceux qui ne le demandaient pas. C’est-à-dire ceux qui
étaient élus par le peuple, dans chaque diocèse et dans chaque paroisse. …
une Eglise où ses prêtres sont des hommes qui (peut-être sans se rendre
compte de ce qu’ils font) cherchent un « statut social » élevé, continuera
à se briser, on continuera à y commettre des abus… »
« Le pape François vient de publier une « lettre au Peuple de Dieu », dans laquelle il dénonce
les abus sexuels que de nombreux clercs ont commis sur des mineurs
depuis tant d’années. …. Mais quand il
en aborde les conséquences, le pape lui-même dit que « le cléricalisme,
favorisé par les prêtres eux-mêmes ou par les laïcs, engendre une scission
dans le corps ecclésial ». C’est-à-dire que le cléricalisme a brisé l’Église …
…. Y a-t-il une solution ? Bien sûr qu’il y en a une. Le terme « clergé » signifie
« chance », » héritage », « bénéfice ». Selon l’Évangile, Jésus n’a fondé aucun
clergé en ce sens-là. Au contraire, ce qu’il commandait à ses apôtres, c’était
qu’ils soient les « serviteurs » des gens. Jusqu’à leur interdire, pour diffuser
l’Evangile, de transporter de l’argent, une besace ou des économies.
Ils ont dû traverser la vie en lavant les pieds des autres, et on sait que c’est
ce que faisaient les esclaves. Devenir prêtre, ce n’est pas faire carrière, ce
n’est pas monter les échelons dans la vie et dans la société. Devenir prêtre,
c’est vivre l’Évangile comme Jésus lui-même l’a vécu. …
Alors, il n’y a pas de solution ? Bien sûr qu’il y en a. Mais cela suppose et
requiert deux étapes, qui sont (ou seraient) très difficiles à accomplir :
1) Supprimer le clergé, la manière dont il est maintenant organisé et géré.
2) Réintroduire les ordinations « invitus » et « coactus » de l’église ancienne.
Ces deux termes latins signifient qu’étaient « ordonnés » comme ministres
de la communauté chrétienne, non pas ceux qui le désiraient ou le
demandaient, mais ceux qui ne le demandaient pas. C’est-à-dire ceux qui
étaient élus par le peuple, dans chaque diocèse et dans chaque paroisse.
C’est ce que demandaient les synodes et les conciles. Et cette pratique a
duré des siècles. Même les grands théologiens scolastiques des 12e et 13e
siècles discutaient encore de ce sujet. C’est ce qu’a démontré le Père Yves
Congar dès 1966 avec une documentation complète et sérieuse.1
Je termine. Mais je ne peux pas garder le silence sur ceci. Tant que « devenir
prêtre » signifiera « faire carrière », l’Eglise continuera à se détruire. Et elle
continuera à perdre sa présence dans la société. Et ce qui est plus grave :
une église où ses prêtres sont des hommes qui (peut-être sans se rendre
compte de ce qu’ils font) cherchent un « statut social » élevé, l’Eglise continuera à
se briser, on continuera à y commettre des abus (non seulement sexuels) et
par-dessus tout, l’inévitable cléricalisme continuera à dissimuler le monde
obscur du clergé qui, comme les prêtres et les docteurs de la loi de l’époque
de Jésus, continuera à vivre dans l’ »hypocrisie » que dénonçait si durement
Jésus de Nazareth.
José María CASTILLO, 21 août 2018, Revue PAVES-Hors-les-Murs n° 153, p. 50-52
1 Ordinations « invitus, coactus » de l’Église antique au canon 214, Revue des
Sciences Philosophiques et Théologiques, vol. 50 (1966) 169-197. Repris dans
Droit ancien et structures ecclésiales, Londres 1982.
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