« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )

Les coulisses de la montée en puissance de Daech

19, Août 2016 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Islamisme     , ,   No Comments

La dimension religieuse du califat

Abou Ahmad (nom d’emprunt) s’est confié durant plus de cent heures à deux journalistes, Harald Doornbos et Jenan Moussa. Ce combattant du groupe Etat islamique leur a longuement expliqué son parcours, ses motivations, son quotidien en tant que djihadiste ainsi que les raisons qui expliquent l’essor du mouvement terroriste. Voici un des extraits les plus marquants de ce long entretien, publié sur le site Foreign Policy et traduit par Slate

Lorsque al-Baghdadi s’est auto-proclamé calife en 2014, les djihadistes et combattants du monde entier l’ont rejoint « dans des proportions sans précédent », peut-on lire sur le Courrier international, qui traduit une longue enquête du magazine Atlantic. Amaq, l’agence de presse de Daech, a contribué à faire connaître son message et à attirer des partisans.

La Libre, J.F. Publié le vendredi 19 août 2016 (extrait)

Si autant de djihadistes se sont ralliés à al-Baghdadi, c’est avant tout parce qu’il s’appuie sur la « méthodologie prophétique » dans chacune de ses décisions. Autrement dit, il justifie ses prises de position en appliquant la prophétie et l’exemple du prophète Mahomet à la lettre.

Le groupe Etat islamique est une organisation sunnite appartenant au salafisme, un mouvement qui prône une vision rigoriste de l’Islam en l’appliquant de manière littérale, sans l’interpréter à la lumière de l’époque dans laquelle l’on vit. Pour l’EI, « innover par rapport au Coran revient à nier sa perfection initiale ». C’est pourquoi, le groupe déteste les chiites, les Etats musulmans qui ont fait passer les droits de l’homme avant la charia et le mode de vie occidental (la vente d’alcool, de drogues, les personnes qui votent pour élire leur chef et qui se rasent la barbe).

La clé du succès

Musa Cerantonio est un prêcheur extrémiste, vivant en Australie, qui pousse les musulmans à rejoindre l’EI. « Les musulmans commettent un péché en ne cherchant pas à établir un califat », explique-t-il, en se basant sur une vision littérale de l’Islam. Et comme al-Baghdadi a déclaré en avoir fondé un, certains rigoristes se sont sentis obligés de le rejoindre.

Le dernier califat établi est celui de l’Empire ottoman. Mais beaucoup de djihadistes de l’EI mettent en doute sa légitimité puisqu’il « n’appliquait pas intégralement la loi islamique qui requiert lapidation, esclavage et amputations. De plus, les califes ne descendaient pas de la tribu du Prophète, les Quraychites. al-Baghdadi est Quraychite », affirme Musa Cerantonio.

Pour être calife, il faut remplir plusieurs conditions : être un homme musulman, un Quraychite (un descendant de Mahomet), manifester une probité morale, une intégrité physique et mentale et faire preuve d’autorité. Ceux qui rêvaient de voir renaître l’âge d’or de l’Islam au temps de califats ont jugé qu’al-Baghdadi était porteur de toutes ces qualités et qu’il était donc essentiel de le suivre, ce qui explique en partie le succès de ce mouvement terroriste.

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