« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )
04, Jan 2021 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Dialogue,Foi chrétienne,Foi musulmane,Spiritualité No Comments
Foi qui se traduit par l’accueil de tout visiteur étranger comme de l’Hôte, l’image de Dieu, l’ange envoyé à Abraham à Mambré. Qui doit un jour nous faire retrouver la signification eschatologique, pour le salut de l’humanité, de l’Hospitalité (Louis Massignon sur la foi musulmane en 1952[1])
Pour comprendre la place de l’hospitalité dans l’Islam nous nous attacherons à comprendre dans un premier temps comment l’Islam a sublimé la pratique de l’hospitalité qui était déjà un fondement de la culture des sociétés arabes pré-islamiques. Puis dans un second temps nous verrons au travers de figures chrétiennes la dimension réflexive de l’hospitalité. Il s’agira de voir comment l’hospitalité de l’Autre transforme le rapport à Dieu.
Avant l’avènement de l’Islam, l’hospitalité occupait une place centrale dans les sociétés arabes. En fait, l’hospitalité représentait la survie. Cela s’explique par des raisons climatiques : face à la dureté de l’environnement, bien souvent le désert, refuser hospitalité à une personne signifiait la condamner à mort. À cela s’ajoute un cadre politique instable avec des luttes et conflits entre tribus nomades ou sédentaires. Pour répondre à ces défis les sociétés arabes ont développé une véritable culture de l’hospitalité médiée par la famille, la parenté élargie et la tribu. Ainsi de nombreux poèmes et chants, récités lors de concours entre tribus, célèbrent l’hospitalité comme valeur cardinale. Une valeur qu’il s’agit de respecter car elle met en jeu l’honneur de la famille hôte, l’opulence de l’accueil devant traduire le rang social occupé par les hôtes.
Le droit arabe de l’hospitalité est repris dans les sociétés musulmanes avec l’apparition de l’Islam. Le modèle de l’hôte étant celui du prophète, considéré comme le premier des musulmans par l’Islam : Abraham. En effet, le Coran décrit comment Abraham, Ibrâhim, dénommé Al Khalil (l’ami de dieu), accueille les anges lui annonçant la naissance d’un « garçon plein de savoir » : « T’est-il parvenu le récit des honorables hôtes d’Abraham ? ; Quand ils le surprirent chez lui et dirent : « Paix et salut ! » Il dit : « Paix et salut ! Gens inconnus de nous » ; Il se retira discrètement parmi les siens pour apporter un veau gras ; Il le leur avança et dit : « Ne mangez-vous donc pas ? » » (Coran 51: 24-27). L’hospitalité d’Abraham est ainsi considérée comme le miroir de celle de Dieu. Le prophète Muhammad insiste également sur ce devoir et en fait l’une des prescriptions de la plus haute importance et affirme selon les hadiths rapportés par Al Boukhari et Mouslim :
« Quiconque croit en Dieu et au Jour Dernier, doit bien traiter son hôte »
« Quiconque croit en Dieu et au Jour Dernier doit accorder à son hôte son dû. Mais quel est son dû, lui demande-t-on ? Son dû, répondit-il, est son hébergement un jour et une nuit. L’hospitalité est de trois jours, au-delà, c’est une aumône. »
De ces textes, l’Islam déduit ses principes du droit de l’hospitalité avec les notions de djiwar et d’idjara qui signifient le voisinage, la protection, et dayf et dakhil qui désignent l’hôte.
suite de cet article très documenté sur http://www.revue-kerygme.fr/chemins-hospitalite/lhospitalite-dans-lislam/ (notamment sur Charles de Foucauld, Louis Massignon et Christian de Chergé)
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