« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )

L’islam en France cherche sa voie entre statu quo, adaptation ou réforme

09, Fév 2017 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Actualités Islam     No Comments

     

Samedi 4 février, l’Union des organisations islamiques de France tenait son colloque annuel sur le thème de « la réforme » en islam. Du côté des intervenants comme des participants, les positions apparaissent extrêmement diverses, éclatées même, signes du désarroi de la communauté.

Anne-Bénédicte Hoffner, le 06/02/2017 à 15h33
La Croix

L’idée d’une « réforme » de l’islam suscite des réactions contrastées parmi les musulmans. Les uns, adoptant une position « un peu crispée, craintive, souvent littéraliste », se contentent de « reproduire ce qui a déjà été fait » ; d’autres souhaitent « introduire la réforme à tous les niveaux », quitte à « dénaturer la religion » et à entraîner des « réactions négatives » ; d’autres enfin, « réformistes modérés », acceptent de « s’ouvrir aux questions nouvelles » mais souhaitent y répondre avec les méthodes traditionnelles.

Brossé à grands traits par Ahmed Jaballah, l’un des responsables de l’Union des organisations islamiques de France – la branche française des Frères musulmans –, ce tableau est à l’image de la communauté musulmane actuelle : éclatée.

(…).

Creusant leur sillon, d’autres membres ou proches de l’UOIF n’en continuent pas moins à explorer les voies les plus audacieuses, voire iconoclastes. Une fois de plus, Mohamed Bajrafil a mis en évidence les impasses de la jurisprudence classique, citant ce passage d’un livre pour enfants qu’il a étudié et qui classait sans plus de précisions « ceux qui ne font pas la prière » parmi « les animaux non-respectables »…« Penser que les choses vont changer d’elles-mêmes est naïf », a-t-il prévenu, plaidant pour une jurisprudence nouvelle permettant aux musulmans de « faire corps avec la société ».

Pratiquer paisiblement

Avec verve, le recteur de la mosquée de Bordeaux et théologien Tareq Oubrou a constaté « la situation déstructurée et déstructurante » des musulmans dans le monde. Il a dénoncé pêle-mêle « l’obsession de la norme », les « prélèvements décontextualisés de bribes de la pensée classique », mais aussi l’absence de réflexion sur « le statut du non-musulman », susceptible de « créer de la violence ».

Imam à Villeurbanne, au contact avec « le peuple des mosquées », Azzedine Gaci s’inquiète surtout de « l’absence de réflexion sérieuse » susceptible d’aider les « musulmans vivant ici en France, en situation de minorité, à pratiquer leur foi paisiblement ». « Aujourd’hui il faut aller au-delà : trouver une nouvelle manière de penser notre présence ici, élaborer une école de jurisprudence typiquement européenne et française. »

Anne-Bénédicte Hoffner–