« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )
01, Juil 2017 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Actualités Islam radicalisme, Turquie No Comments
Ce Turc de 59 ans a été emprisonné en début d’année, durant deux mois, pour avoir posté une vidéo critique sur les réseaux sociaux. Dans la capsule, celui qui est aussi activiste LGBT reprochait à la population turque de fêter le Nouvel an alors que « des journalistes sont arrêtés », que « des enfants subissent des abus » ou encore que « la corruption et les pots de vin prospèrent ».
Ne vous avisez pas de lui dire qu’il est « fashion designer ». Non, il est « grand couturier », clame-t-il en français, avant de préciser, en anglais, qu’il comptait parmi ses riches et/ou célèbres clients des personnalités comme Helmut Kohl ou la première dame du Congo-Brazaville. Après 52 années passées dans le milieu de la création de vêtements, Barbaros Sansal avait 27 salariés. Il est pourtant aujourd’hui sans emploi. Ce Turc de 59 ans a été emprisonné en début d’année, durant deux mois, pour avoir posté une vidéo critique sur les réseaux sociaux.
Dans la capsule, celui qui est aussi activiste LGBT reprochait à la population turque de fêter le Nouvel an alors que « des journalistes sont arrêtés », que « des enfants subissent des abus » ou encore que « la corruption et les pots de vin prospèrent ». Barbaros Sansal terminait par ces mots : « Turquie, noie-toi dans ta merde ». Ces propos lui ont valu d’être inculpé pour « incitation du public à la haine ou à l’hostilité ».
Barbaros Sansal est l’Invité du samedi de LaLibre.be.
Comment s’est déroulée votre arrestation ?
Le 2 janvier, j’étais en Chypre du Nord lorsque j’ai été arrêté illégalement, sans que les autorités ne fournissent de document attestant une décision formelle d’extradition. J’ai pourtant été mis dans un avion et envoyé en Turquie. A mon arrivée sur le tarmac, j’ai été lynché par des travailleurs de l’aéroport Atatürk d’Istanbul qui m’attendaient. J’ai ensuite été arrêté par la police et mis en prison.
Vous êtes resté deux mois en détention préventive. Comment s’est passée cette période ?
J’ai été placé durant 56 jours à Silivri, près d’Istanbul, où de nombreux journalistes sont détenus. Ma cellule mesurait l’équivalent de trois pas de long sur trois pas de large, sans lumière du jour. J’étais complètement isolé. (…)
Pourquoi avez-vous été libéré avant votre procès ?
Grâce à mes contacts au niveau international avec des fondations, de grandes organisations ou avec Amnesty International. Ils ont exercé des pressions, notamment via les médias. J’ai ensuite dû rester cloîtré chez moi durant deux mois car le gouvernement refusait de m’accorder une protection et il était trop dangereux que je sorte. J’ai finalement été jugé et condamné à six mois et vingt jours d’emprisonnement avec sursis pour insulte à la nation turque et au gouvernement ( NdlR : et non pas incitation à la haine, qui était pourtant le chef d’inculpation ). Je vais me présenter devant la Cour suprême turque qui devrait casser le verdict puisqu’il contrevient aux décisions de la Cour européenne des droits de l’homme. Mon cas doit servir d’exemple. Ce n’est pas que ma guerre, c’est le combat de tous pour la liberté d’expression et la sécurité.
La liberté d’expression n’existe plus en Turquie ?
Non, plus du tout. Si vous applaudissez le gouvernement Erdogan, le wahhabisme, le salafisme, l’islam radical, tout va bien. Si vous en dites la moindre critique, vous serez traduit devant le tribunal. C’est comme la charia. On ne peut accepter cela. De plus en plus de gens éduqués décident de quitter le pays. Comment pourrons-nous redresser la Turquie sans ces gens, sans leur expérience ? Le monde académique est déjà complètement décimé…
Votre homosexualité pose problème en Turquie ?
Evidemment ! Lorsque je suis arrivé en prison, un gardien m’a contrôlé. J’étais complètement nu. Il m’a demandé « vous allez propager votre sida et vos maladies sexuelles dans cette prison ? ». C’est comme cela que j’ai été accueilli.
Dans la vidéo incriminée, vous parlez d’abus d’enfants. Que voulez-vous dire ?
Sur la pédophilie et l’inceste, la Turquie est l’un des pires pays au monde. Des filles de huit ou neuf ans sont présentées comme « mariables ». Les coupables ne sont jamais inquiétés. Je fais partie de l’association « Ne touche pas mon corps » et cela nous rend dingues. Comment peut-on redresser une nation avec de tels abus sur enfants, toute cette corruption, cet islam radical, ces meurtres, la situation des Kurdes, des Alévis… ? La Turquie est un pays séculier, partenaire de l’Otan, qui partage des accords avec la communauté européenne mais regardez où elle en est aujourd’hui… Quand vous vivez en Turquie, vous sentez la peur.
(…)
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