« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )
29, Avr 2016 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Uncategorized christianisme, dialogue islamo-chrétien, islamisme, Mali, soufisme No Comments
14.04.2016 par Roberto Simona
“Menacé par les djihadistes, le Mali est en danger: s’il tombe, c’est toute la région – Niger, Burkina Faso, Sénégal, Côte d’Ivoire et Sénégal – qui est menacée”. Au sud du pays, les chrétiens connaissent une forte croissance due à l’arrivée des chrétiens chassés du nord du pays par la présence de djihadistes et l’insécurité. (larges extraits)
La mort de trois militaires français, tués le 12 avril à Tessalit, dans le nord du Mali, dans le cadre de l’opération Barkhane qui vise à stabiliser le Sahel et lutte contre le terrorisme islamiste, montre que l’infiltration djihadiste n’est pas endiguée. Dans ce pays majoritairement musulman, les chrétiens ne représentent que 3 à 5% de la population.
Aucune sécurité au-delà de Mopti
Pas question pour Roberto Simona de se rendre au nord du Mali, pour des raisons de sécurité évidentes: “Les personnes de contact sur place m’ont averti des dangers d’enlèvement. La ‘ligne rouge’ pour les étrangers est Mopti, aller plus au nord est extrêmement dangereux, car on peut tomber sur les islamistes armés ou de simples bandits… Cela n’aurait de toute façon pas eu de sens pour ma mission, car les chrétiens de Gao, Kidal et Tombouctou ont tous fui la région lors de l’arrivée des islamistes armés. Au nord, il n’y a plus de touristes étrangers, tous les hôtels sont fermés”.
En 2012, des groupes comme Ansar al-Din (ou Ansar Eddine, Mouvement des défenseurs de la religion, groupe armé salafiste djihadiste dirigé par Iyad Ag Ghali) et d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) se sont emparés de la région. A Tombouctou, surnommée la “Ville Lumière”, les terroristes islamistes ont rasé de nombreux mausolées de saints musulmans inscrits au patrimoine mondial de l‘UNESCO, mais ils ont également détruit le bureau de la Caritas de Gao tout comme l’église de la ville.
En décembre dernier, trois personnes, dont un animateur de “Tahanite”, la radio chrétienne de Tombouctou, ont été abattus par balles. En 2012, quand les djihadistes s’étaient emparés de la ville, ils lui avaient interdit de diffuser des émissions parlant de la Bible.
Le Mali vit au quotidien la tolérance religieuse
Au sud du pays, témoigne Roberto Simona, la situation est par contre “normale”. Des églises et des sanctuaires se construisent, et les chrétiens connaissent une forte croissance due à l’explosion démographique, à l’arrivée des chrétiens chassés du nord du pays par la présence de djihadistes et l’insécurité, et, dans une moindre mesure, par les conversions de musulmans.
“Au Mali, un pays qui vit au quotidien la tolérance religieuse, les relations entre les communautés sont bonnes, et il y a de nombreuses familles mixtes. Des églises sont devenues trop petites, car les fidèles sont de plus en plus nombreux”.
Un islam sous tension
L’islam majoritaire au Mali appartient à l’école malikite (une des quatre écoles de jurisprudence de l’islam sunnite, centrée sur l’enseignement de l’imam Malik ibn Anas [env. 715-795], qui passa la plus grande partie de sa vie à Médine). Cet islam, qui s’intègre à la culture ouest-africaine, est mâtiné d’influences maraboutiques. L’islam soufi est également présent. Depuis quelques années, cependant, l’islam africain est battu en brèche par l’islam importé des pays du Golfe, de tendance salafiste ou wahhabite.
Roberto Simona a pu s’en rendre compte en visitant, au siège social d’Ansar Dine à Bamako (qui n’a rien à voir avec l’organisation homonyme de Iyad Ag Ghaly, un djihadiste touareg), l’influent Chérif Ousmane Madani Haïdara, l’imam le plus célèbre du Mali, qui affirme défendre “l’islam authentique” face à un islam bien moins pacifique.
Ce leader religieux, qui attire les foules musulmanes, développe une bonne collaboration avec Mgr Jean Zerbo, archevêque de Bamako. Il pense assister prochainement à l’inauguration du sanctuaire marial Notre-Dame de la Paix, érigé sur une colline au cœur de la ville en grande majorité musulmane. Cet imam est considéré comme “la principale alternative islamique” au wahhabisme qui tend à supplanter l’islam traditionnel africain.
“Il pousse des mosquées nouvelles à chaque coin de rue! “
“La cohabitation est réelle dans ce pays historiquement laïc, affirme le responsable de l’AED, mais depuis quelques années, un islam dit ‘réformé’, qu’il soit wahhabite ou salafiste, se répand, grâce à l’argent des pays du Golfe. On assiste à une ‘réislamisation’ de la société, car des prédicateurs cherchent à transformer l’islam populaire. Il pousse des mosquées nouvelles à chaque coin de rue! ”
Le Haut Conseil islamique, créé en 2002 et présidé par l’imam Mahmoud Dicko, est désormais contrôlé par les wahhabites. Ainsi, les islamistes ont pu faire annuler le nouveau code de la famille, qu’ils jugeaient incompatible avec l’islam, alors qu’il avait été adopté par l’Assemblée nationale.
L’influence salafiste se fait sentir: des prédicateurs demandent que l’on ne salue pas les chrétiens lors de leurs fêtes religieuses, comme à Noël ou à Pâques. “C’est un islam rigide, importé, mais qui dispose de beaucoup de moyens. Les pays du Golfe paient des études à des musulmans maliens, qui, quand ils reviennent au pays, prêchent un autre islam. Même s’ils sont encore minoritaires, ils font souffler un vent nouveau au Mali, qui n’annonce rien de bon pour la coexistence pacifique dans toute la région de l’Ouest africain”.
https://www.cath.ch/newsf/mali-un-pays-tolerant-mine-par-un-islam-wahhabite-importemali/
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