« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )
13, Sep 2019 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Migrants No Comments
M. Felice Dassetto, sociologue, professeur émérite de l’Université catholique de Louvain, a consacré beaucoup de ses travaux sur la question des migrations. L’article qu’il vient de publier devrait donc retenir toute notre attention sur ce sujet brûlant qu’il a étudié depuis les années septante, à la fois sur le plan académique et sur le terrain.
Voici ce qu’il a écrit en introduction :
« Madame Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a fait parler d’elle en donnant un titre pour le moins bizarre au poste du commissaire Margaritis Schinas en charge des migrations: « Protection du mode de vie européen ». C’est pour le moins « bizarre ». Les pages du document programmatique consacrées aux migrations laissent entrevoir une vision un peu confuse. Il faudra du chemin.
Mais prenons du recul: je pense que la question migratoire a besoin de bases nouvelles d’analyse, avec un regard global, afin de proposer des issues politiques à la hauteur des enjeux, et sans se limiter aux positions sommaires « pour » ou « contre » les migrants.
Le texte que je propose sur mon blog: « Migrations: à quand un regard analytique pour sortir des émotions et des idéologies », publié dans mon blog www.felicedassetto.eu, cherche à poser quelques pistes d’analyse ».
NDR : Cet article paru dans « Le Soir » est issu d’un texte plus long que l’on peut trouver dans la référence indiquée ci-dessous. Je recommande de lire ce texte plus long, surtout aux personnes qui désirent avoir des opinions sérieuses sur ce sujet si important et controversé, souvent abordé sans nuances à partir d’idées a priori. Ce texte se trouve sur https://popups.uliege.be/2593-4228/index.php?id=596
En voici un extrait :
Souvent, la prise en compte de ce fait social est filtrée avant tout par les émotions et guidée par les images largement médiatisées. Ou bien elle donne lieu à des postures idéologiques, pour ou contre les migrations, ces dernières alimentant des imaginaires et des partis politiques nationalistes et identitaires. Ou bien elle s’alimente à des postures philosophiques ou morales nobles et généreuses, affirmant des principes généraux, mais qui ne fournissent pas des éléments pouvant forger des actions politiques de grande ampleur comme celles requises par ce fait sociologique majeur que sont les réalités migratoires.
Il ne sert à rien non plus d’adopter une attitude fataliste qui consiste à dire que les flux migratoires sont inévitables ou à se limiter à invoquer la pression démographique africaine dans les années à venir ou encore le devenir climatique qui aboutiront nécessairement à une pression migratoire accrue. Il ne sert à rien d’en rester à des arguments partiels et parfois trompeurs : comme celui des besoins du marché du travail ou celui du besoin de rajeunissement de la population. Il ne sert pas non plus, même si un rappel humaniste dont l’Europe peut être fière est indispensable, d’évoquer uniquement la souffrance humaine des migrants qui se lancent dans une démarche migratoire, qui a certes sa rationalité, mais qui prend des risques élevés. Ne sert pas non plus l’évocation des formules comme la « forteresse Europe », souvent utilisées depuis les années 1990, à forte connotation morale visant à culpabiliser, mais qui n’offrent aucun élément d’analyse concrète des réalités permettant d’élaborer une politique migratoire.
Je voudrais défendre ici l’idée de la nécessité de regarder ces réalités par une analyse qui cerne leur complexité sociologique, indispensable à prendre en compte surtout si l’on veut fonder des politiques visant à gérer tant bien que mal ces réalités. Les analyses scientifiques et politiques des migrations contemporaines me semblent être en général en manque de cette lecture inévitablement complexe de ces faits sociaux, tant par les niveaux d’appréhension des réalités (individuel, mésosocial, et macrosocial), que par l’étendue géographique et géopolitique des rapports entre espaces du monde. Par exemple, si l’intérêt et l’avantage du migrant ou de tel ou tel secteur d’emploi doivent être considérés, les conséquences pour les sociétés de départ et d’arrivée sous toutes leurs facettes ne peuvent pas être ignorées. Ou encore si les avantages économiques des migrations pour des secteurs ou dans la création du PIB peuvent être pris en compte, les implications et conséquences sociales doivent l’être également.
Précisions : de quoi parle-t-on, faire des distinctions
Distinguons au préalable les déplacements pour des causes économiques et sociales et les déplacements pour des causes politiques, idéologiques, religieuses, sexuelles. On tend à les confondre ; certains disent que la distinction n’a pas de sens. Je pense qu’elle reste fondamentale. Le droit d’asile doit être sauvegardé comme tel, car il en va du renforcement et de la sauvegarde des libertés démocratiques dans le monde. Et même si, dans certains cas, la frontière peut être poreuse entre les deux. (…)
Suite sur https://popups.uliege.be/2593-4228/index.php?id=596
N.B. Le texte plus court paru dans Le Soir est accessible sur http://www.felicedassetto.eu/index.php/blog-societes-en-changement/276-analyse-de-smigrations )
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