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car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )

Nigeria : cet imam a sauvé 262 chrétiens

29, Juil 2019 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Actualités chrétiennes,Actualités Islam,Islamisme       No Comments

Ces dernières années, des chrétiens et des populations sédentaires ont été la cible de nombreuses attaques de la part de Peuls, une ethnie de bergers nomades musulmans. Mais il existe aussi de belles histoires, à l’instar de celle d’Abubakar Abdullahi.

Lors d’une conférence internationale pour la liberté religieuse organisée à Washington (États-Unis), six personnalités ont été mises à l’honneur pour leur engagement. Parmi elles, un imam nigérian.Au Nigeria, la cohabitation entre chrétiens et musulmans est délicate, notamment à cause du fondamentalisme islamique. Ces dernières années, des chrétiens et des populations sédentaires ont été la cible de nombreuses attaques de la part de Peuls, une ethnie de bergers nomades musulmans qui s’occupe essentiellement d’élevage de brebis. Mais il existe aussi de belles histoires, à l’instar de celle d’Abubakar Abdullahi. Cet imam nigérian de 83 ans, qui s’est fait remarquer pour son comportement exemplaire vis-à-vis d’un groupe de chrétiens, fait partie des six personnalités qui ont reçu le « prix pour la liberté religieuse internationale » récemment décerné par le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo. Cette distinction a eu lieu dans le cadre de la conférence internationale organisée par la diplomatie américaine pour la liberté religieuse qui s’est tenue à Washington du 16 au 18 juillet dernier.

Mains nues face aux agresseurs

Le 23 juin 2018, Abubakar Abdullahi a sauvé 262 chrétiens menacés par un groupe d’extrémistes. Entendant des coups de feu et les voyant en danger, il leur a ouvert les portes de sa mosquée. Il est ensuite sorti et a fait face, sans armes, aux belligérants, refusant de les laisser entrer et proposant même de sacrifier sa vie pour celle des chrétiens. Sans son intervention, ceux-ci auraient probablement été tués. L’imam avait déclaré à la BBC que son geste avait été éprouvé par la « gratitude » qu’il éprouvait vis-à-vis de la communauté chrétienne qui avait favorisé la construction d’une mosquée quarante ans plus tôt.

Pour en savoir plus sur la persécution des chrétiens dans le nord du Nigeria, cliquez sur https://fr.aleteia.org/2018/07/13/vers-un-genocide-des-chretiens-au-nigeria/

On y lit notamment que « Selon une étude publiée par l’agence missionnaire chrétienne Open Doors, les attaques dans le sud de l’État de Kaduna, situé dans le nord-ouest du Nigeria, cachent un « plan musulman » destiné à pousser les communautés chrétiennes à quitter le territoire, pour permettre aux musulmans Hausa-Foulani d’occuper la région et de dominer « toutes les questions religieuses, politiques et socio-économiques ».

Selon Amnesty International, les violences ont fait au moins 1 823 morts au Nigeria entre le 1er janvier et le 27 juin 2018, soit deux fois plus qu’en 2017 (894 victimes).

Une situation comparable au Rwanda ?

Le fait que derrière ces violences se cache une stratégie ou un plan, pousse certaines personnes à utiliser le terme de « génocide » pour qualifier ce qui se passe dans l’État du Plateau et dans d’autres États nigérians, souligne le Christian Post, en citant les propos d’une déclaration publiée le 29 juin par des chefs de différentes confessions et l’Association des chrétiens du Nigeria (CAN) dans l’État du Plateau.

« Nous refusons cette histoire que les attaques contre les communautés chrétiennes dans tout le pays relèvent d’un affrontement entre agriculteurs et éleveurs », souligne la déclaration. Dire cela relève de la « fausse propagande », c’est « tromper » les gens, estime la CAN en pointant du doigt le gouvernement. Pour l’association chrétienne, « il ne fait aucun doute que ces attaques ont pour objectif de réaliser une purification ethnique, de s’approprier des terres et expulser de force les chrétiens de leurs terres et de leur héritage ancestral ». Tout cela dans « la plus totale impunité » à l’encontre des bergers Peuls, déplore à son tour l’association.

La situation risque de ne pas pas changer depuis la réélection du président musulman Muhammadu Buhari qui est justement d’une ethnie Peul et ne s’est jamais préoccupé de l’impunité des auteurs des massacres.