« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )

Notre relation à la Terre et l’avenir de la « communauté terrestre »

03, Mar 2023 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Environnement,International,Spiritualité,Transition     No Comments

Créer une communauté terrestre en lien avec le cosmos: une urgence écologique selon Achille Mbembe

Achille Mbembe s’intéresse aux devenirs de la Terre. La Terre qui pourrait être, selon lui, notre dernière utopie. Ce professeur d’Histoire et de Sciences politiques à Johannesburg, réfléchit à l’émergence d’une nouvelle conscience planétaire et à la mise en place de ce qu’il appelle dans son nouveau livre ‘la communauté terrestre’. Il nous invite aussi à explorer les mythes ancestraux africains pour penser la crise écologique. Entretien dans Et Dieu dans tout ça? 

Pour qualifier notre époque, Achille Mbembe, évoque le mot ‘brutalisme, un terme emprunté à l’architecture moderne, ‘ce qui est brut’. Il fait référence aussi à la dimension ‘matière’, l’humus de la Terre, dont on a à prendre soin et que l’on trouve au centre des mythologies africaines. Dans le monde d’aujourd’hui, le brutalisme s’empare de la matière dans le but de la transformer, de l’utiliser et le plus souvent de la détruire. … Et dans l’économie, l’extraction qui perfore les entrailles de la Terre en quête des matières premières.

« À Johannesburg où vivent des millions de personnes avec des inégalités sociales profondes, nous faisons face à un grand enjeu écologique. Les gens sont extrêmement nerveux. Cette nervosité éloigne une possible société conviviale. Là où règne la colère, le sens tend à s’éloigner » explique Achille Mbembe.

La Terre possède une vie qui se renouvelle à chaque instant et dont la valeur est incalculable

Pour Achille Mbembe, nous sommes entrés dans l’âge de la combustion du monde. La Terre elle-même manifeste sa colère. La Terre est un corps d’hospitalité où il y a place pour tous et pour tout. Dans cette capacité, les possibilités d’imaginer une société du commun s’offrent à nous.

« Le commun, c’est cela qui n’a pas de prix. Cela devrait être préservé car la vie de tout un chacun en dépend. Et ce commun doit être protégé des pulsions politiques actuelles dans  l’économie mondialisteNous sommes à l’ère où il n’est plus possible de séparer l’humain des autres vivants » insiste Achille Mbembe et de poursuivre : « Nous les humains, nous sommes les derniers nés de l’univers. Notre histoire pourrait avoir une fin... Nous sommes devant des choix tout à fait dramatiques si nous ne changeons pas notre rapport avec les êtres qui partagent la planète Terre« .

Notre relation fondamentale à la Terre est celle du passant. Cela implique un sentiment de détachement qui engage une responsabilité envers celles et ceux qui ne sont pas encore nés. (…)

« Le débat écologique pour le moment questionne l’habitabilité. L’Afrique y répond avec la notion de durabilité. Aujourd’hui, nous avons besoin d’une conscience planétaire reliée aux forces du cosmos : les fleuves, les montagnes, les fluides, l’air, les minéraux, les sous-sols, les autres planètes… C’est la part de mystère qu’est la vie. Cela ne peut être comprimé dans un code » explique ce professeur d’Histoire et de Sciences politiques.

 Texte complet :  https://www.rtbf.be/article/creer-une-communaute-terrestre-en-lien-avec-le-cosmos-une-urgence-ecologique-selon-achille-mbembe-11159354?utm_campaign=LaPremiere+02-03-2023&utm_medium=email&utm_source=newsletter

Une illustration : le prix des progrès techniques :

Métaux stratégiques : comment l’Europe s’est rendue dépendante de la Chine

Cette semaine, votre PODCAST « Déclic – Le Tournant » se penche sur l’enjeu des métaux. Les métaux sont de plus en plus présents dans notre quotidien sans qu’on s’en rende toujours forcément compte. Ils sont aussi de plus en plus stratégiques dans le cadre de la transition énergétique et de la révolution technologique. Problème : l’Europe a très peu la main sur ces ressources qu’elle utilise pourtant abondamment.

La première étape de notre reportage se passe dans le laboratoire d’Eric Pirard, professeur en ressources minérales et économie circulaire à l’Université de Liège. Il nous présente un rotor de véhicule électrique contenant des aimants surpuissants fabriqués à base de néodyme, l’une des terres rares.

« Ce métal est très important pour les véhicules électriques mais aussi pour les rotors d’éoliennes, par exemple… Or ce néodyme est aujourd’hui surtout extrait et raffiné en Chine. Les Chinois – au prix d’une main-d’œuvre très bon marché et de dégâts environnementaux conséquents – ont progressivement acquis un quasi-monopole sur ce métal stratégique de plus en plus utilisé dans le cadre de la transition « , explique le spécialiste de l’Université de Liège.

Mais pourquoi la Chine ?

A-t-elle des gisements particulièrement conséquents de terres rares, dont le fameux néodyme ? « Pas spécialement, nous répond Johan Yans, professeur en Géologie à l’Unamur, on parle de terres rares, ce sont des roches particulières mais qui ne sont en réalité pas si rares que cela. On pourrait les exploiter ailleurs… mais pour cela, il y a deux conditions : il faut que ce soit économiquement rentable et il faut que les autorités délivrent les permis nécessaires à l’exploitation et acceptent donc les conséquences environnementales« .

Deux conditions qui ne sont pas minces : excaver et raffiner des terres rares demande beaucoup de travail, beaucoup d’énergie et nécessite de charrier beaucoup de roches. La concentration des terres rares dans une veine propice est en général de moins d’1%. Il y a donc un travail considérable pour l’enrichir. Cela a donc jusqu’ici bien arrangé les pays occidentaux de laisser la Chine « se salir les mains » pour aller chercher ces ressources primaires.

Texte complet :  https://newsletters.rtbf.be/m/ml/2352/529528/9pFqHPM03P6dCL5CblL69H_SZH0Dz-6nngBQkhrV4r0=/C8gtIHAu38wYiLiYwIWmRjBCcnijvp0u31XNM2BuLLw=/QwVMYVByZW1pZXJlIDAyLTAzLTIwMjM=