« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )
18, Mai 2017 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Documentation,Foi musulmane islam, non-violence, théologie No Comments
Ce que l’auteur veut souligner, c’est le carcan, la domination qui est imposée à tous les musulmans ; une domination que l’on retrouve dans bien des rouages de la société musulmane : le mari sur son épouse, et le musulman en général sur ses esclaves ou sur les non-musulmans. L’auteur met alors en évidence ce qu’il appelle « le paradigme hégémonique ». Le but de son livre est de mettre à jour et rompre avec ce paradigme (p.21). Il va chercher à le faire principalement par une étude de l’esclavage en contexte musulman depuis les origines jusqu’à nos jours.
Il va le faire en vrai universitaire et en s’appuyant sur une bibliographie abondante. Une occasion de réaliser d’une part combien la littérature arabo-islamique est abondante et d’autre part combien la notion d’esclavage, bien qu’abolie internationalement, est encore présente non seulement dans des écrits mais aussi dans le concret des vies comme en Mauritanie.
Le combat de l’auteur se situe donc face à ce paradigme hégémonique. C’est pour cela qu’il s’oppose à la sacralisation des hommes et des textes du passé de l’islam. S’il faut rester fidèle à l’islam, il ne s’agit pas d’une fidélité aveugle aux anciens (p.133) et ainsi préserver l’immutabilité du corpus doctrinal (p.143). La fidélité à la tradition ne veut pas dire mimétisme. Il nous invite alors au « passage d’un vocabulaire injonctif à un vocabulaire de la responsabilité » (p.176). En conclusion, il invite tous les croyants « à extraire des textes de l’Islam une visée fondamentale, orientée vers l’universel, à partir d’un ancrage historique, culturel et religieux, spécifique, en s’affranchissant des clôtures dogmatiques » (p.177)
Le sujet de l’auteur est passionnant. Il le traite en universitaire à partir des livres et publications dont il nous fait profiter. Mais ceci n’est que la théorie que des auteurs ont couchée sur le papier. En ce sens la lecture du livre est un peu ardue. Il y a tout le côté humain de cette domination et de l’esclavage dont il ne dit pas un mot. Ce n’était pas le but de son livre.
Le titre de son livre est aussi interpellant car « rouvrir les portes de l’islam » fait écho à une polémique vieille de plusieurs siècles concernant la fermeture des portes de « l’ijtihad », soit les portes de l’interprétation. Mais il n’y fera qu’une seule allusion en fin de volume.
« Rouvrir les portes de l’islam », le livre de Omero Marongiu-Perria ne les a pas rouvertes. Mais il nous éclaire le chemin dans cette direction. Espérons qu’il sera lu et mis en pratique malgré toutes les difficultés que cela pourraient engendrer.
Gilles Mathorel sur Arcre.org (Catégorie(s) : Religions Étiqueté : Interprétations du Coran, recension)
Atlande 2017 – 177 pages, dont 28 de notes et 48 de glossaire – 15€ –ISBN 978-2-35030-428-1
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