« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )

Patrick Kanner : « on ne peut plus parler à la place de la jeunesse »

30, Nov 2016 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Dialogue,International     , ,   No Comments

Le service civique en France, qui existe maintenant depuis 2010, s’est développé et a permis à 160 000 jeunes d’entrer dans une démarche d’engagement et d’être utile à la nation sur la base du volontariat et pas d’obligation.

Au cours du sommet de la Francophonie à Madagascar, qui a abouti à la signature d’un accord portant sur le volontariat international des jeunes dans l’espace francophone, le ministre français de la jeunesse s’est exprimé au micro de Saphirnews. Extraits de l’entretien

Saphirnews : Quel message souhaitez-vous porter auprès de la jeunesse francophone ?

Patrick Kanner : Le message qui est le mien et qui est assez partagé par mes collègues ministres de la Jeunesse, c’est qu’on ne peut plus parler à la place de la jeunesse, en l’évitant ou, en tout cas, en la considérant comme étant une clientèle qui doit recevoir sans jamais donner. Ce que j’ai ressenti notamment chez les jeunes que j’ai rencontrés tout au long de la journée, c’est la volonté de l’engagement. La volonté de se dire que notre jeunesse n’est pas un handicap. (…)

Concrètement, qu’est-ce que cela donne ?

Patrick Kanner : Je vous donne un exemple concret. Le service civique en France, qui existe maintenant depuis 2010, s’est développé et a permis à 160 000 jeunes d’entrer dans une démarche d’engagement et d’être utile à la nation sur la base du volontariat et pas d’obligation. L’objectif (à atteindre) est de 350 000 jeunes en 2018 et 2019. Le service civique n’est pas développé partout de la même manière dans le monde francophone et parfois même pas du tout, pour des raisons techniques, juridiques ou malheureusement financières.

(…) L’engagement est une réponse aux maux de la société. Il y a parfois l’image très injuste que l’on donne d’une jeunesse qui serait repliée sur elle-même, égoïste, qui n’aurait que des ambitions pratiques, matérielles. Quand je vois des jeunes en France se dire qu’ils veulent donner du sens à leur vie, (…) une place dans notre société mais aussi avoir envie de donner, j’ai le sentiment qu’il faut travailler ce cœur profond de la jeunesse. Quelque part, c’est le message que l’on veut aussi transmettre aujourd’hui.

Ne percevez-vous pas un conflit générationnel en France comme on a pu le voir en Grande-Bretagne avec le Brexit. On a vu que la jeunesse était plus pro-européenne que leurs aînés. Trouvez-vous que la jeunesse de France est suffisamment écoutée ?

Patrick Kanner : En France, la jeunesse nous dit bien des choses. Elle l’a montré aux élections régionales (fin 2015, ndlr) : trois quarts des jeunes ne sont pas allés voter. Et un tiers d’entre eux a voté pour le Front national. Ce qui veut dire qu’à un moment donné il y a un rejet de la classe politique comme étant incapable de prendre en considération les besoins de la jeunesse ou, en tout cas, de les écouter.

Je porte le message qui est simple : aujourd’hui, la jeunesse veut qu’on l’aime mais elle veut des preuves d’amour. Ce que j’ai vu tout à l’heure à l’une des conférences à laquelle j’ai assisté, à savoir être capable de co-construire les textes (de lois) qui l’intéressent. C’est pourquoi on a instauré une clause d’impacts de jeunesse qui permet de vérifier, avant chaque texte de loi, s’il y a des conséquences positives ou négatives pour la jeunesse et qu’elles soient évaluées. Sur le plan numérique, la jeunesse souhaite participer aussi à l’élaboration des lois et c’est techniquement possible aujourd’hui. Les jeunes sont complètement acteurs du numérique.

La jeunesse veut avoir des lieux d’expression solides. On va installer un comité d’orientation des politiques de la jeunesse auprès du Premier ministre et ce sera le président de la République qui devrait l’installer dans les prochains jours ou semaines. On n’a pas encore fixé la date. La jeunesse veut aussi être considérée comme porteuse de droits qui ne seront pas liés à son âge. Pour être clair, à quel titre l’âge deviendrait-il un handicap pour accéder aux droits communs ? Pourquoi, à 22 ans, on n’a pas les mêmes droits que quand on a 25 ans ? C’est une aberration. On est un citoyen adulte. On a les mêmes droits partout.

Source: http://www.saphirnews.com/Patrick-Kanner-La-responsabilite-des-politiques-c-est-de-creer-du-lien-social-pour-eviter-le-pire_a23182.html