« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )
02, Nov 2015 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Actualités Islam Arabie saoudite, christianisme, jihad, non-violence, paix, religion, Syrie No Comments
Le mercredi 30 septembre 2015, le chef du département du Patriarcat concernant les relations avec le Synode, le protopope [prêtre de rang élevé] Vsevolode Tchaplin, considéré comme un porte-parole officieux, bien que n’étant pas hiérarque, a affirmé que l’Eglise russe approuvait et soutenait l’emploi des forces armées russes à l’extérieur du pays contre les terroristes de l’« Etat islamique » en Syrie. Cette décision, a-t-il expliqué, est conforme au droit international et à la mentalité du peuple russe, au rôle pacificateur, moral et actif joué par la Russie dans différentes régions du monde, surtout au Proche-Orient : « La lutte contre le terrorisme, la lutte pour la justice et la paix, pour la dignité des gens qui sont sous le danger de la terreur – c’est la lutte sainte. ». Il n’y a pas eu de désaveu, ni de la part du Patriarcat, ni de celle du Synode. Autour du 9 mai 2015, pour le 70e anniversaire de la victoire contre l’Allemagne hitlérienne, le Patriarche Cyril a employé cette même expression de « lutte sacrée contre le nazisme ».
Mais, le 18 octobre, 62 personnalités grecques-orthodoxes ont lancé une pétition « contre les guerres religieuses ». Le lendemain, le métropolite de Beyrouth, Mgr Elias Audi, a appuyé cette démarche : « Notre Eglise ne bénit pas celui qui tue l’autre, car celui qui tue l’autre, c’est comme s’il voulait tuer Dieu. L’Eglise ne bénit pas les guerres et ne les sacralise pas. Elle ne sanctionne pas les combats et refuse le concept de ‘guerre sainte’. »
17/10/2015 by Agustin Arteche 1 Comment
« J’ai entendu dire que de hauts responsables du Patriarcat de Moscou ont béni les opérations militaires russes contre les milices djihadistes opérant en Syrie comme une « guerre sainte ». Je tiens à dire clairement qu’il s’agit d’une manière insensée de définir ce qui se passe actuellement en Syrie et que, pour nous, ces paroles peuvent avoir des conséquences dévastatrices ». C’est ainsi que s’exprime, dans le cadre d’une conversation avec l’Agence Fides, S.Exc. Mgr Jacques Behnan Hindo, Archevêque d’Hassaké-Nisibi, à propos des formules utilisées par des ecclésiastiques « qui ne vivent pas au Proche-Orient et souvent appliquent des clefs de lecture politiques ou idéologiques aux souffrances des chrétiens de la région ».
Selon l’Archevêque syro-catholique, fournir des justifications religieuses aux interventions militaires contre les djihadistes est incorrect et trompeur pour plus d’un motif : « Ce sont justement les djihadistes qui parlent de guerre sainte – fait remarquer Mgr Hindo. Si nous aussi utilisons ces mêmes mots, quelle est la différence entre nous et eux ? Par de semblables expressions, on finit par confirmer leur idéologie sanguinaire. Si vraiment est en cours une guerre sainte, ils pourront mieux justifier toutes les infamies y compris contre des chrétiens du cru, en les persécutant comme des cinquièmes colonnes de l’ennemi qui les attaque ». En revanche, selon l’Archevêque syro-catholique, « il faut réaffirmer que la guerre est toujours un péché et que par suite il ne peut exister de guerre sainte. Il convient de conserver toujours clairement à l’esprit que les djihadistes ne sont pas seulement contre les chrétiens mais qu’ils sont contre tous, à commencer par les musulmans qui ne se soumettent pas à leur idéologie et à leur domination ».
Le recours à la catégorie de la guerre sainte risque de fournir des confirmations aux stéréotypes djihadistes qui qualifient les occidentaux de croisés, au travers d’une identification qui est elle aussi trompeuse selon l’Archevêque syro-catholique. « Ce sont les orientalistes occidentaux qui ont inventé le mot Croisade. Jusqu’à deux siècles en arrière, dans les livres d’histoire arabes, les interventions occidentales du Moyen Age au Proche-Orient étaient qualifiées de Guerres des Francs ». (GV) (Agence Fides 13/10/2015)
Cette initiative, qui évoque l’action convergente de l’Arabie saoudite, du Qatar et de la Turquie, n’est pas inédite et la référence à la guerre contre les Soviétiques en Afghanistan est significative. Désormais, les « Russes, fanatiques croisés » sont la cible principale, mais les Etats-Unis et leurs alliés sont pointés du doigt pour avoir fait semblant de soutenir le « peuple syrien ». Le fait remarquable est la désignation explicite de musulmans considérés comme « ennemis » dans cette guerre : alaouites, chiites iraniens (qualifiés de « safavides »), irakiens et afghans, Hezbollah (uniquement nommé sous le nom de « parti de Satan »).
Suite de l’article et texte des oulémas, truffé de citations du Coran, sur http://www.lesclesdumoyenorient.com/Replique-des-oulemas-saoudiens-au-patriarcat-orthodoxe-russe.html
Ndr: Quand la religion est instrumentalisée pour la guerre… par un pays qui se prétend ami de l’Occident tout en le désignant comme ennemi de l’islam auprès des musulmans. Pays passé maître en hypocrisie. « L’argent n’a pas d’odeur »… tant en Occident qu’ailleurs. Quand donc en finira-t-on avec de telles politiques dans lesquelles seuls comptent les « intérêts nationaux » (financiers et de puissance) au dépens des vies humaines et des vrais intérêts des peuples ? Cela dépendra de nous tous.
©2024 Reli-infos