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Pourquoi la crise du Covid en Inde devrait inquiéter le reste du monde

01, Mai 2021 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Documentation,International,Santé     No Comments

« Je n’ai jamais vu une situation aussi terrifiante. Je n’arrive pas à croire que nous sommes dans la capitale de l’Inde », déclare Jayant Malhotra à la BBC. « Les gens ne reçoivent pas d’oxygène et ils meurent comme des animaux ».  Mais l’aggravation de la situation en Inde pourrait-elle devenir un problème majeur pour le reste du monde?

27 avril 2021  Larges extraits de https://www.bbc.com/afrique/monde-56902609

Lundi, le pays a enregistré un record mondial de nouveaux cas pour le cinquième jour consécutif.

« Le coronavirus peut être mortel même avec des soins médicaux parfaits, mais lorsque les hôpitaux sont débordés, des vies qui auraient pu être sauvées sont perdues. »

La situation est particulièrement grave à Delhi, où il n’y a plus de lits de soins intensifs.

Certains hôpitaux de New Delhi n’acceptent pas les nouvelles admissions de Covid.

De nombreux hôpitaux refusent de nouveaux patients et au moins deux d’entre eux ont vu des patients mourir après une rupture de stock d’oxygène.

Les proches des malades lancent des appels sur les réseaux sociaux pour obtenir des places dans les hôpitaux, de l’oxygène et des ventilateurs.

Qu’est-ce que cela signifie pour le reste du monde ?

La pandémie est une menace mondiale.

Il est donc certain que ce qui se passe en Inde va se propager dans le monde entier, d’autant plus que le pays pourrait bien compter la plus grande diaspora du monde.

« La pandémie nous a appris que le problème d’un pays est le problème de tous », ajoute James Gallagher.

 » Le nombre record de cas en Inde pourrait se propager à d’autres pays, c’est pourquoi beaucoup d’entre eux ont introduit des restrictions de voyage, et les niveaux élevés d’infection sont un terrain propice à l’apparition de nouvelles variantes du virus.

Une nouvelle menace venue d’Inde ?

Et les conditions en Inde pourraient être une très mauvaise nouvelle pour la lutte mondiale contre le Covid.

« La population et la densité élevées de l’Inde constituent un incubateur parfait pour que ce virus puisse expérimenter des mutations », explique Ravi Gupta, professeur de microbiologie clinique à l’université de Cambridge.

Si l’on laisse au virus le temps de muter dans ces conditions idéales, il pourrait considérablement allonger et accroître la gravité de la pandémie dans le monde.

« Plus le virus a de possibilités de muter, plus il est susceptible de trouver un moyen d’infecter même les personnes vaccinées », ajoute James Gallagher.

Une foule de personnes fait des achats lors d'un marché hebdomadaire à Kandivali (banlieue nord-ouest de Mumbai).

La taille et la densité de la population indienne la rendent particulièrement vulnérable aux épidémies.

De nouvelles variantes du virus provenant du Royaume-Uni, du Brésil et de l’Afrique du Sud ont déjà causé des problèmes au cours de cette pandémie, se propageant dans le monde entier, et le professeur Menon met en garde contre de nouvelles variantes en Inde.

« On sait que certains d’entre eux sont associés à des régions de la protéine spike qui permettent aux virus de mieux se fixer aux cellules, ainsi que de réduire la liaison des anticorps », a-t-il déclaré.

« Il est impossible de véritablement mettre un couvercle sur la propagation des variantes. Déjà, le variant B.1.617 (qui a été identifié pour la première fois en Inde) a été observé dans un certain nombre de pays en dehors de l’Inde, très probablement à la suite d’une importation. »

Le professeur Menon prévient que les virus continueront à muter et évolueront pour échapper à l’immunité qu’une infection ou une vaccination antérieure pourrait conférer.

La question est maintenant de savoir à quelle vitesse cela pourrait se produire.

Comment l’Inde (et le reste du monde) peut-elle arrêter la propagation ?

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Ce dont le monde a besoin, c’est d’une augmentation spectaculaire de la capacité de l’Inde à vacciner sa population et à empêcher la propagation du virus.

Le pays avait peut-être des raisons d’être optimiste au début de la pandémie : en matière de fabrication de vaccins, l’Inde est une puissance.

Il gère un programme d’immunisation massif, fabrique 60 % des vaccins du monde et abrite une demi-douzaine de grands fabricants, dont la SII.

Mais « un programme de vaccination à grande échelle des adultes contre un agent pathogène virulent comme le SRAS-Cov2, le virus qui cause le Covid-19, pose des défis sans précédent », selon Soutik Biswas, correspondant de la BBC en Inde.

La campagne de vaccination de l’Inde, la plus importante au monde, a débuté le 16 janvier et vise à couvrir 250 millions de personnes d’ici juillet. Jusqu’à présent, on estime que « seulement » 118 millions de personnes environ ont reçu une première dose. Cela représente moins de 9 % de la population.

Mais l’ampleur de la tâche consistant à vacciner une population aussi importante et les problèmes de logistique et d’infrastructure que pose le pays compliquent le déploiement.

Selon les experts, la campagne de vaccination doit s’accélérer pour atteindre son objectif.

« Il n’est pas certain que le pays dispose de suffisamment de vaccins et de capacités étatiques pour accélérer la campagne et étendre la couverture aux jeunes », déclare Biswas.

L’Inde espère vacciner 250 millions de personnes d’ici juillet

Jusqu’à ce qu’une population aussi importante soit vaccinée avec succès, elle représente un risque pour le monde entier.

« Le problème des maladies infectieuses telles que le Covid-19 n’est pas le problème d’une seule nation ou même d’un petit groupe de nations. Ses implications sont véritablement mondiales », déclare le professeur Menon.

« Nous devons renforcer la coopération internationale en matière de tests, de vaccinations et de recherche pour le plus grand bien du monde. »

Comme les responsables de la santé publique et les hommes politiques le disent depuis les premiers jours de la pandémie, « personne n’est en sécurité tant que tout le monde ne l’est pas ».

Source de ces extraits : https://www.bbc.com/afrique/monde-56902609