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Suisse: l’interdiction du voile intégral divise les musulmans

07, Avr 2021 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Actualités Islam,Foi musulmane,Islamisme     No Comments

Pour rappel, l’initiative populaire « Oui à l’interdiction de dissimuler son visage » en Suisse, aussi appelée initiative « anti-burqa », a été adoptée dimanche 7 mars d’une courte majorité. Il est intéressant d’observer la division des musulmans à ce sujet. Alors que la plupart sont scandalisés par cette loi, d’autres l’estiment bienvenue. L’article montre pourquoi.

L’interdiction a obtenu 51,21 % des suffrages et une majorité de cantons (20 sur 26), selon les résultats officiels publiés par le gouvernement fédéral. Le taux de participation s’est, quant à lui, élevé à 51.4 %.

La Suisse rejoint ainsi plusieurs pays européens comme la France, l’Autriche, la Belgique ou encore le Danemark dans l’interdiction du voile intégral dans l’espace public.

L’Union vaudoise des associations musulmanes (UVAM), par la voix de sa présidente Sandrine Ruiz, n’y va pas par quatre chemins. « Stigmatisation et discrimination ! Et j’irai même jusqu’à dire instrumentalisation d’un groupe social, des femmes portant le niqab et non, la burqa. La burqa est totalement invisible en Suisse, puisque personne ne la porte », clame-t-elle.

« Il s’agit de jouer sur un imaginaire fantasmé que l’on enracine dans aucune réalité sociale mais qui cherche à diffuser subrepticement par des images choquantes dans les esprits, des préjugés sur les femmes musulmanes et conséquemment sur leur religion », ajoute Sandrine Ruiz, en dénonçant un texte qui entrave la liberté des femmes. « C’est ainsi qu’interdire à des femmes leur tenue vestimentaire, même si nous ne sommes pas d’accord avec leur choix, revient à bafouer des droits élémentaires des libertés de choix et de croyance. ».

Des soutiens à l’initiative, minoritaires, mais qui existent

Si, dans leur grande majorité, les Suisses de confession musulmane s’opposent à cette initiative, quelques voix dissonantes se sont faites entendre. C’est le cas de Mustafa Memeti, l’Imam de la Maison des Religions, une institution interreligieuse située à Berne. « Le niqab n’est pas un symbole religieux et n’a aucun fondement théologique. C’est un phénomène qui a été inventé par des forces islamistes puritaines d’une époque révolue. Rien, dans la théologie islamique, n’oblige une personne à se couvrir les mains et le visage. Dès lors, il n’y a aucune raison de défendre ce vêtement. », a affirmé celui qui fut désigné homme de l’année en 2014 dans une interview accordée au Temps.

« Je suis conscient que les auteurs de cette initiative tentent d’instrumentaliser ce vêtement, et je ne souhaite pas participer à cela. Mais je partage le second but de cette initiative : l’émancipation des femmes », a-t-il ajouté, insistant sur le bien-fondé de la proposition. « Cette initiative nous place devant un grand défi. La plupart des musulmans ne veulent pas entendre parler de niqab, c’est tout sauf leur priorité. Pourtant c’est un fait : ce vêtement laisse un sentiment désagréable et nuit à l’image de l’islam. Face aux peurs de la société à l’égard de l’islam, nous ne devons en aucun cas nous taire. Nous devons apporter des réponses. »

Une « chance historique » de lutter contre l’islamisme radical

Même son de cloche du côté du député Mohamed Hamdaoui, qui s’est récemment exprimé dans une tribune. Pour lui, le texte représente une « chance historique » de lutter contre l’islamisme radical.

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