« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )
16, Déc 2016 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in International,Islamisme,terrorisme Daesh, jihad, radicalisme, Syrie, terrorisme No Comments
Suite à la lecture d’un article qui me parait une remarquable analyse synthétique de ces années de guerre et en particulier des raisons du désastre à Alep, je rassemble ici quelques idées.
L’article intitulé « Alep : chronique d’une révolution impossible, par Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant, avec Florence Aubenas, Jean-Philippe Rémy, Laure Stephan et Madjid Zerrouky) est introduit par cette phrase: « La répression du régime et la radicalisation des groupes armés ont eu progressivement raison des idéaux du soulèvement de la ville, en 2012.
(Le Monde de mercredi 14-12-2016 : deux pages, mais malheureusement réservées aux abonnés).
En 2012 interviennent les groupes djihadistes internationaux qui, jouissant de plus d’armes et d’expérience militaire et d’idéologie mobilisatrice, influencent les autres dans le sens de la radicalisation. Celle-ci crée des divisions entre tous les groupes rebelles et surtout fait perdre progressivement le soutien des pays occidentaux et même de pays musulmans. La guerre se confessionnalise, et amène le Hezbollah et les milices chiites d’Iran et d’Irak à soutenir le régime. Même les Kurdes, en guerre contre l’Etat islamique, se tournent contre les « rebelles » à Alep. Face à toutes ces divisions, la Turquie, préoccupée surtout par le problème des Kurdes et sans doute aussi par la montée des groupes terroristes, finit par ne plus laisser passer tout le monde par ses frontières.
En 2014, et sans doute suite à cette évolution et aux attentats un peu partout revendiqués par l’Etat islamique, les pays occidentaux, à commencer par les Etats-Unis, se focalisent désormais sur cet ennemi considéré comme plus redoutable que tout autre. Je suppose qu’Obama n’avait pas fort envie de se lancer dans un nouveau bourbier avec des troupes au sol. Il n’avait donc plus le choix, me semble-t-il. Qui est prêt à mourir pour une rébellion syrienne perçue comme de plus en plus dominée par les ennemis jurés de l’Occident qui ne cachent pas que leur objectif est d’imposer l’islamisme au monde entier ? C’est là une considération qui ne me semble pas prise en compte dans certaines analyses pourfendeuses des pays occidentaux. La critique est plus aisée que l’action. Il me semble trop facile de dire que nos gouvernements n’ont pas agi, tandis que la Russie, elle, l’a fait. Parce que Poutine a moins de scrupules de soutenir un régime comme celui de Bachar El Assad, auquel elle est d’ailleurs très liée depuis des décennies ! N’était-il pas naturel et inévitable que nos pays envoient leurs bombardiers plutôt contre l’Etat islamique (en Irak et en Syrie) qui répand sa doctrine et organise des attentats dans le monde entier ?
La conclusion que je tire, c’est que l’espoir d’une révolution contre une dictature féroce a été anéanti par la radicalisation croissante de la rébellion qui s’est trouvée de plus en plus noyautée par les groupes terroristes Al Nosra et Daesh. C’est quelque chose de terrible de constater qu’un si bel élan pour plus de justice se terminera par une dictature encore plus féroce et dans un pays complètement dévasté, avec 300.000 morts et des millions de déplacés et blessés à vie. Face à cela, je me dis que les partisans des actions non-violentes, comme celles de Gandhi, Nelson Mandela et autres, sont finalement plus réalistes pour obtenir un monde un peu moins injuste ou féroce. C’est ce que Jean-Marie Muller n’a cessé de dire à travers tous ses livres et il me semble qu’il a de plus en plus raison dans un monde où la puissance destructrice des armes et des explosifs est de plus terrifiante.
Et voilà qu’en Belgique on veut augmenter le budget de la Défense, pendant qu’on rabote celui du développement…
P D B
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