« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )
29, Jan 2019 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Environnement No Comments
Le dimanche 27 janvier 2019, jour d’un 2ème dimanche de manifestation à Bruxelles pour le climat, rassemblant comme en décembre, près de 70.000 personnes, j’écrivais quelques réflexions et je reçus ensuite quelques réactions intéressantes, que vous trouverez après ma lettre.
Ma lettre était la suivante :
Chers amis et amies !
Ceux-ci demandaient aux jeunes : « êtes-vous prêts à ces changements de mode de vie qu’impliquent vos revendications ? « Et les jeunes de répondre « bien sûr que nous sommes prêts ! » Et de donner quelques exemples de leurs résolutions : manger moins de viande et plus local, non aux plastiques, utiliser le vélo, etc. L’une disait aussi : « ce n’est pas à nous de dire aux dirigeants ce qu’il faut faire, nous demandons seulement qu’ils mettent vraiment la priorité sur l’environnement, ce qui est loin d’être le cas jusqu’aujourd’hui. »
Le journaliste Christophe Galtay et le député M.R de Mons (Bouchez, je crois) insistaient : si vous taxez les multinationales, tout ce qu’elles produisent coûtera plus cher. (par exemple les voyages en avion si on taxe le kérosène). De même, vos smartphones, savez-vous ce qu’ils consomment d’énergie à chaque envoi ? Etes-vous prêts à cela ?. Réponse : oui, nous sommes prêts, d’ailleurs nous n’avons pas le choix : par exemple si on continue à se contenter de mesurettes, on peut s’attendre à un million de réfugiés climatiques dans un futur assez proche, etc. Pour sauver la planète, il faut des mesures draconiennes.
… qui pousse tout le monde à la croissance dans tous les domaines de la vie. Les entreprises multiplient les trucs pour nous convaincre sans cesse de ceci ou cela, notamment par internet. Il y a là une vraie captation des esprits, et de plus en plus ciblée.
Cfr https://reli-infos.be/oxfam-les-inegalites-entre-riches-et-pauvres-sont-un-choix-politique/
Y a-t-il vraiment un espoir de sauver la planète avec cette mentalité néo-libérale qui nous a envahis depuis les années 80 et a poussé le monde entier dans une direction matérialiste de recherche incessante de profit personnel égoïste ? J’ai suivi, il y a quelques années, un atelier du professeur Arnsperger qui montrait cela à merveille. Le résultat est que le souci principal de beaucoup de personnes, et notamment d’une partie des jeunes, est devenu « qu’est)ce qui me rapportera le plus de fric ? » . Tout faire payer, et le plus cher possible. Certaines professions sont terriblement chères, et elles écrasent un bon quart de la population. (et aussi la sécurité sociale…). Cela crée une classe sociale qui est de plus en plus riche et consommatrice de biens. Or, tous ces biens nécessitent de l’énergie pour être fabriqués, transportés (par bateaux, avions, camions) et ceci épuise les réserves naturelles et participent largement à l’effet de serre.
J’espère ne pas vous avoir fait perdre votre temps… , mais je trouve qu’on devrait pousser l’idée d’un grand débat sur ces questions, comme en France. « Du choc des idées jaillit la lumière » dit-on. Ne devons-nous pas inviter (ou forcer ?) nos dirigeants à venir discuter avec les citoyens sur la question : « que peut-on faire concrètement pour sauver la planète en effet ? »
Merci de vos réactions et suggestions, je pourrais vous les diffuser ensuite.
Fin de la lettre
« Merci, Philippe pour ces rappels et cette interpellation.
Deux brèves réactions:
– un scandale majeur qui a été révélé récemment est l’énorme destruction par Amazon de millions de produits qui ne se vendent pas assez vite (voir annexe). Sur le plan pratique et immédiat: boycotter Amazon (et Alibaba) qui a un succès grandissant même chez des gens dits de gauche!
– ton idée de « grand débat » me laisse perplexe. D’une part, il me semble qu’il est lancé. On en trouve des traces intéressantes partout (radio, presse écrite, réseaux, …). S’il est encadré « à la Macron », non merci!
Oui, à des débats partout: dans les écoles, les universités, les paroisses, les associations d’éducation permanente, les mouvements de jeunesse, … Des débats qui dépassent les bonnes résolutions, qui renforcent l’information et qui aillent, comme tu le suggères, aux racines du mal!
– Je trouve que, aujourd’hui, nous devons aussi réagir face à une tendance à dénigrer toute forme d’action politique organisée. Les élections approchent et, quoi qu’on pense, nos élus ont encore quelque chose à dire. En notre nom. Dès lors, il me parait indispensable d’inviter le plus largement possible nos amis à « harceler » les candidat.e.s de leur région. Avec des questions précises: qu’est-ce que vous avez fait jusqu’ici? dans votre commune, dans le parlement où vous siégiez? Bien connaitre son dossier pour voir si le discours dépasse les « évidences » que tout le monde partage et que (presque) personne ne met en pratique. Oser parler fiscalité! Oser s’en prendre à Amazon. Rappeler qui a ouvert Liège à Alibaba en prétendant que c’est une solution d’avenir! Que les mêmes(PS-MR) ne viennent pas nous dire que l’avenir de la planète est leur priorité. Etc.
Je crois que c’est la multiplication des débats de proximité qui est le plus à même de faire évoluer les mentalités. Avec patience, respect des avis des uns et des autres, mais surtout une préparation solide pour ne pas se faire clouer le bec par les petites répliques assassines de certains professionnels de la politique. Nous avons les élus que nous méritons et nous avons à les harceler tout au long du mandat qu’ils tiennent de nous.
Y a du boulot! Formidable. Et le 26 mai est une étape à ne pas négliger. Elle peut contribuer au développement du travail en profondeur que chacun peut initier à sa mesure: famille, voisinage, école, paroisse, … Au boulot!
Amitiés,
Jacques Liesenborghs
« Lorsque j’étais active à ATD Quart Monde, je participais aux universités populaires. Parfois il y avait des invités, ou des personnes demandeuses de venir. C’était oui, mais il y avait une condition. Elles devaient se taire et écouter. Cela leur permettait d’écouter vraiment sans penser immédiatement à la réponse qu’elles allaient donner, à leurs arguments. Les personnes du quart monde étaient parfois très honorées de recevoir des personnes connues. Même s’il y avait aussi de la colère;contre les injustices. Et cela leur permettait de s’exprimer, elles.
Les lieux pour se rencontrer existent. Il faudrait que les politiques y aillent ou soient invités. Je ne suis pas pour de nouveaux forums. Mais un peu plus de modestie. Qu’ils aillent voir tout ce qui est fait pas de simples citoyens. Qu’ils entendent ce que les gens vivent. Macron est à cent lieues de ce que certains vivent. Il ne peut pas s’en rendre compte. Il ne suffit pas d’être intelligent intellectuellement. Il faut aussi l’intelligence du cœur. Accepter de se laisser toucher par ce que vivent les autres. Accepter qu’on ne sait pas ». (Christine Cayron)
« Je propose que, dans les écoles, dans toutes les classes et dans tous les cours, les enseignants encouragent les élèves à réfléchir à la dimension politique ET personnelle de ce débat et à imaginer des initiatives sur le plan local et individuel.
Aloys Jousten
« En réponse à votre courriel : passer à l’action par et dans des ASBL qui appliquent tous ce que vous citez au quotidien, et donnent des explications adaptées à chacun.
Nous rejoignent en notre siège social, hébergements des « formateurs » qui par une activité, un atelier, une formation, une table de conversation intervienne :des personnes comme vous…bienvenue.
Ces ateliers se terminent par un éveil musical et des moments intenses de partages où chacun à la parole. Nous constatons au fil du temps, combien ce concept est porteur et fait des « petits »
Bien à vous,
D.Roger, présidente ASBL ANONYM S
« Bonjour,
Je viens juste de signer la pétition : « Des droits pour les peuples, des règles pour les multinationales ».
Déjà plus de 220.000 signatures en une semaine ! Ensemble, disons stop aux tribunaux d’arbitrage qui contestent les législations sociales et environnementales. Et disons oui à des lois et traités qui disciplinent les multinationales.
Signons sur : www.cncd.be/stop-isds »
Suzanne Veldeman
« Oui, que sommes-nous prêts à changer ?
Je pense aux vacances dans les terres lointaines…. qui nécessitent des voyages en avion….!
Comment se fait-il qu’il soit plus avantageux de prendre l’avion pour aller à Nice ou à Marseille que le train?
Je ne sais pas si tu as eu l’occasion de lire l’interview d’Olivier De Schutter dans La Libre, il y a quelques mois; il a décidé de ne plus prendre l’avion pour se rendre à tous ses RV professionnels! ! !!!!!!!!
Cela lui coûte plus cher d’aller à Genève en train qu’en avion ! »
Marie-Claire Gailly
(ndr : Si vous voulez approfondir le sujet de la « transition », il y a notamment un article de Olivier De Schutter : « La transition se bâtit aussi autour d’un récit collectif » article paru dans la revue « Imagine ».
http://www.imagine-magazine.com/lire/spip.php?article2367
« Tout à fait d’accord, Philippe, sur l’urgence de la lutte, et sur le grand débat, avec la bonne question : « que peut-on faire concrètement pour sauver la planète ». Les journalistes n’ont pas totalement raison : une taxe éventuelle sur le kérosène ( de 33%, puisque c’est un luxe !) sera répercutée sur le prix ; oui, mais si le prix du billet augmente, moins de gens prendront l’avion. CQFaut Obtenir…
Par ailleurs, outre le débat (politique), nos Eglises pourraient susciter des groupes, qui prennent les mêmes résolutions que les jeunes.
Bonjour Philippe,
Merci merci pour votre courriel sur la thématique du climat.
« Du choc des idées naît la lumière. »
Préserver la Nature , c’est préserver l’ Humain par la théorie du « care ».
Prendre soin de l’environnement c’est prendre soin de sa personne.
Expérience concrète en famille: (…) J’adopte une nouvelle vision et philosophie de vie sur tous les plans que j’aurais dû pour ma part débuter il y’a 20 ans si l’école m’avait éduqué en ce sens. Ma formation sur la nutrition à spécificité prophétique m’a boosté à me réformer et à plaire à Mon Seigneur par la même occasion.
Si vous avez des conseils pro Climat n’hésitez pas. J’apprécie beaucoup!
Et elle signale :
Kamar Tekkal
NDR. Certains politiques ne manqueront pas de faire des propositions compatibles avec leur vision libéralo-capitaliste de l’économie et de la société.
On les entend déjà (par exemple Sigfried Braeke (NVA) ce matin à la radio) : en substance : on vous aime, les jeunes, mais nous aussi dans notre jeunesse, nous avons dit des bêtises, car il faut être réalistes, où va-t-on trouver les milliards nécessaires pour réaliser vos belles idées ? (NDR : on les trouve bien pour les 35 avions américains… Et l’évasion fiscale est énorme, etc. )
La solution, selon Bart De Wever, est à chercher dans la technologie. Elle serait par exemple de construire 4 nouvelles centrales nucléaires en Belgique. L’extrait suivant d’un édito de la revue « Imagine » mettent cela en question :
« « nucléaire » rime avec opacité, désinformation, lobbying caché, risques insensés et bénéfices plantureux… Car, au final, de quoi parle-t-on ? D’une énergie dangereuse et périlleuse : faut-il rappeler ici la liste interminable et les dégâts irrémédiables des « accidents » survenus dans l’histoire, de Three Mile Island à Fukushima, en passant par Tchernobyl ? D’une industrie vieillissante et extrêmement coûteuse. D’une accumulation de déchets hautement radioactifs qui seront enfouis et laissés en héritage aux générations à venir. Et, enfin, d’une politique énergétique sans lendemain qui, contrairement à ce qu’affirment ses défenseurs, n’est pas la panacée – en 2014, 437 réacteurs nucléaires répartis dans trente pays, fournissaient à peine… 10 % de l’électricité produite dans le monde ».
Ceci ne signifie pas que la science et les technologies n’aient pas un rôle majeur à jouer, il faudrait même augmenter les subsides pour ces recherches-là plutôt que pour d’autres recherches qui ne visent que le confort ou des produits surtout rentables. Donner la priorité à la sauvegarde de la planète en danger, n’est-ce pas aussi renoncer à des inventions moins nécessaires ou urgentes, voire inutiles ou même nuisibles ?
Bref, ne sommes-nous pas invités, et même plutôt fermement si nous voulons être simplement humains, à prendre désormais cette question comme absolument prioritaire ? Elle est à poursuivre en même temps que l’autre grand problème de notre siècle : la très profonde inégalité des chances entre les humains. Est-ce que toutes les questions ne doivent pas dès lors être jugées à l’aune de ces deux grandes questions, qu’il importe de poursuivre ensemble, sans que l’une soit traitée au dépens de l’autre ?
Chacun-e de nous peut y contribuer, par son mode de vie, mais aussi par l’écoute et la diffusion de bonnes idées. Encourageons les jeunes, car ce sont eux qui devront payer les « pots cassés », réparer (quand ce sera possible !) ce que nous aurons détruit par notre nonchalance, et aussi – osons le dire – par notre égoïsme personnel ou collectif. Des glaciers disparaissent, des déserts gagnent du terrain, des terres sont dévitalisées, des forêts et tout ce qui y vit disparaissent aussi, beaucoup d’espèces disparaissent aussi. Qui et comment va-t-on rétablir tout cela ?
« Aime ton prochain comme s’il était toi-même », disent toutes les religions. Ne doit-on pas ajouter aujourd’hui : « même ton prochain des générations suivantes » ?
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