« Je crois en la religion de l’Amour, où que se dirigent ses caravanes,
car l'amour est ma religion et ma foi » ( Ibn Arabî )
15, Avr 2016 by Philippe de Briey">Philippe de Briey in Uncategorized No Comments
Belgique : Najim Laachraoui, l’élève modèle devenu terroriste (par Bruno Derbaix) ; Les terroristes, « héros » des élèves de Molenbeek ? ; La Belgique face au radicalisme: comprendre et agir (Pax Christi) et encore bien d’autres infos SUR L’ISLAM ET LES COMMUNAUTES MUSULMANES D’ICI ET D’AILLEURS
(2016-04-15)
Informer, reproduire un article n’équivaut pas à prendre position pour ou contre.
A chacun d’exercer son discernement tout en étant ouvert aux opinions différentes.
Personne ne possède la vérité, elle est sans cesse à chercher, sans parti-pris.
Belgique : Najim Laachraoui, l’élève modèle devenu terroriste (par Bruno Derbaix) 1
Les terroristes, « héros » des élèves de Molenbeek ? Propos d’un élu bruxellois déformés. 2
La Belgique face au radicalisme: comprendre et agir (Pax Christi) 3
Livre « Musulmans et non-musulmans : rencontres et expériences inédites ». 3
Témoignage de femmes musulmanes, Leïla et les femmes de La Caravelle. 5
Proposition d’un «Conseil religieux» de l’islam de France. 5
Islam : pour une théologie de l’altérité (Tareq Oubrou) 8
Penser et vivre l’islam en démocratie, un enjeu de civilisation ? (Cheref-Kahn) 9
Nabil Mouline : «le califat demeure une source de fierté pour les musulmans». 9
Algérie : Le courage du ministre des affaires religieuses, Mohamed Aïssa. 10
Malaisie: converti de force à l’islam, il est autorisé à redevenir chrétien. 11
« Non, l’islamisme n’est pas le problème des seuls musulmans » (Nacira Guénif-Souilamas. 11
Une façon d’imposer l’universalisme occidental ne peut mener qu’à la radicalisation 14
Portrait d’un jeune bruxellois qui « a basculé » dans le terrorisme; plaidoyer pour que, malgré l’horreur, nous arrivions à nous parler, à réfléchir et à nous relever.
Najim Laachraoui fut l’un des kamikazes de l’aéroport de Zaventem le 22 mars 2016 et considéré comme l’artificier des attentats de Paris. Réflexions remarquables de Bruno Derbaix, qui a été l’un de ses professeurs.
L’article a paru dans « Le Soir » du 29 mars. Vous pouvez le trouver sur mon site (https://reli-infos.be/najim-laachraoui-comment-en-es-tu-arrive-la/)
LE MONDE | 14.04.2016 à 16h47 • | Par Adrien Sénécat
Preuve de la véracité de ce chiffre, selon ces sites : il est tiré d’un article du très sérieux New York Times publié le 7 avril. Pourtant, si l’on regarde dans le détail, l’affaire a été montée en épingle à partir de peu de chose.
Au départ, une déclaration d’un élu bruxellois…
Yves Goldstein est un conseiller communal socialiste et chef du cabinet du ministre-président de la région bruxelloise. C’est lui qui aurait tenu les propos en question, rapportés ainsi par le New York Times : « Des amis qui enseignent dans l’équivalent des lycées dans les districts principalement musulmans de Molenbeek et Schaerbeek lui ont dit que “90 % de leurs élèves, de 17, 18 ans, les ont qualifiés [les terroristes de Bruxelles et Paris] de héros”. »
Le reste de l’article est principalement centré sur les constats amers de l’élu de 38 ans concernant la situation de son pays. « On a échoué à Molenbeek », tranche-t-il, regrettant une forme de cassure dans la société belge et la constitution de « ghettos ».
…qui a été exagérée, selon l’intéressé
Contrairement au New York Times, c’est le chiffre choc que les sites d’extrême droite mettent en avant. Pourtant, Yves Goldstein a lui-même largement nuancé ses propos depuis, en s’exprimant dans le journal flamand Het Nieuwsblad :
« Juste après les attentats, j’ai dit lors d’une conférence avoir un ami enseignant à Bruxelles qui m’a dit qu’une partie importante de ses élèves n’avait pas condamné les faits. Le “New York Times” a ensuite extrapolé. ». L’élu affirme par ailleurs ne pas avoir été en contact direct avec le journal américain. Yves Goldstein maintient en revanche son constat selon lequel « il y a un gros problème avec une partie de la jeunesse musulmane qui affiche de la sympathie envers l’Etat islamique. »
Reste que, comme en France après les hommages à Charlie Hebdo perturbés dans certaines écoles en janvier 2015, les propos favorables aux terroristes restent difficiles à chiffrer et à interpréter.
Au cœur de l’actualité, le processus de radicalisation fait toujours des adeptes… Mais des solutions existent ! Pax Christi invite Vanessa Matz pour en débattre.
Date : 26 avril 2016, Horaire : 19h, Personne de contact : Anne-Claire Orban
Adresse mail : anneclaire.orban@paxchristiwb.be, Numéro de téléphone : 02/738.08.04
Adresse : Pax Christi International, rue du progrès 323 – 1030 Schaerbeek
Ce 26 avril, Vanessa Matz, députée fédérale cdH, co-auteure du rapport « Radicalisme, conséquence d’une fracture ? » sorti en juin 2015, viendra présenter l’ouvrage tiré de ce rapport.
Un ouvrage où la question du radicalisme est abordée à travers les témoignages d’experts et de membres de familles de jeunes djihadistes. Y sont amenés à la fois des éléments d’analyse ainsi que de nombreuses recommandations politiques pour lutter contre ce phénomène inquiétant.
Attention, cet événement se déroule chez Pax Christi International, rue du progrès 323 – 1030 Schaerbeek.
Par Leila Amahjour , Vanessa Della Piana et Véronique Herman-Lépine :
Paru au CEFOC mars 2016. Voir site du CEFOC : http://www.cefoc.be/
Extrait de la présentation :
(…) le chapitre conclusif propose une série de réflexions quant à la manière d’aborder les défis qui sont posés aujourd’hui au vivre-ensemble entre musulmans et non-musulmans. Qu’est-ce que les expériences relatées dans cet ouvrage indiquent comme manière de faire société ? Que faire des tensions et des conflits qui émergent ? Dans des sociétés pluralistes et sécularisées, les diverses traditions de sens auraient-elles quelque chose à apporter ?
Tout en se gardant d’une vision angélique : face aux défis et aux chantiers à mener, face à l’ampleur de l’investissement nécessaire, face à la lenteur des changements, les moments de découragement sont inévitables. D’autant que l’actualité entraîne des bonds en arrière alors même que des pas avaient été franchis par la rencontre. Comme au lendemain d’actes terroristes, qui poussent de nouveau à sombrer dans la peur et la méfiance, dans les amalgames, dans le sentiment que non, décidément, il est impossible de vivre ensemble.
Malgré tout, les périodes de bouillonnement peuvent être propices à la création, si l’on veut bien y être attentif. Par-delà les turbulences, par-delà ou en-deçà des vagues émotionnelles qui nous submergent, par-delà les fractures qui s’opèrent, du neuf peut émerger, s’installer en profondeur, dans le sens d’une société plus juste, plus fraternelle. Le présent ouvrage cherche, à l’échelle qui est la sienne, à s’en faire l’écho.
Dans les expériences relatées, les questions qui fâchent ne sont pas éludées. La conflictualité est au coeur des démarches. Nommer et mettre au travail les fractures susceptibles de diviser, n’est-ce pas déjà changer de regard et construire du neuf ? Indiquer une autre manière de vivre et d’agir ensemble ? Ainsi, dans le bouillonnement actuel, ces petits groupes sont-ils comme des laboratoires d’alchimie heureuse.
De larges extraits de cet ouvrage se trouvent sur : http://www.cefoc.be/IMG/pdf/musulmans_et_non-musulmans_etude_cefoc_-_extraits.pdf
(cliquer ensuite sur le fichier à télécharger)
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LE MONDE | 11.04.2016 à 06h44 • Mis à jour le 11.04.2016 à 11h48 |
Par Abdennour Bidar, philosophe et écrivain français
Que faire si l’on ne veut pas que le salafisme domine dans l’islam de France ? Les solutions sont multiples afin de lutter efficacement – c’est de notre responsabilité – contre cette idéologie du prétendu retour à l’islam des origines, qui se caractérise par des signes reconnaissables : une représentation de l’islam comme « vérité absolue » supérieure à toute autre vision du monde ; une conception de la religion comme « totale », qui doit gouverner aussi bien la vie privée que la vie sociale et politique ; une prétendue fidélité au « noyau originel » de la prédication de Mohammed.
Cette fidélité a trois expressions. Elle confond souci de la tradition et traditionalisme, en déclarant intangibles des pratiques historiques – tel ou tel vêtement pour l’homme et la femme, séparation entre les deux sexes, domination masculine. Elle fait sombrer le dogme dans le dogmatisme en déclarant tout aussi éternelles et indiscutables les prescriptions de la loi religieuse, en particulier les ‘ibadat, c’est-à-dire les rites, obligations et interdits majeurs : les cinq prières par jour, le jeûne du mois de ramadan, le pèlerinage à La Mecque, l’interdiction de consommer du porc ou de l’alcool, etc. Une liste qui peut s’allonger indéfiniment et concerner aussi les mu ‘amalat (l’éthique et la vie en société).
La culture musulmane moyenne ou populaire – y compris chez de nombreux diplômés, universitaires, pourtant doués de culture et d’esprit critique – reste prisonnière du mythe…
Suite (protégée) sur http://www.lemonde.fr/religions/article/2016/04/11/fermons-les-ecoles-et-mosquees-qui-sont-aux-mains-des-extremistes_4899686_1653130.html#dp6ssRi353zbpLUY.99
Nous l’appellerons Leïla. Elle travaille avec Michel Jondot et Christine Fontaine dans une cité de la banlieue parisienne : La Caravelle à Villeneuve-la-Garenne. Elle anime un atelier pour des femmes musulmanes que rejoignent épisodiquement des non-musulmanes. Leïla traduit pour nous ce que vivent les femmes qu’elle rencontre tous les jours. C’est leur manière de souhaiter aux chrétiens « Joyeuses Pâques » : elles espèrent recevoir le concours de chrétiens pour sortir de la peur mutuelle. Elles voudraient avec nous ouvrir un passage (une Pâque)…
http://www.dieumaintenant.com/temoignagedefemmesmusulmanes.html
Ce témoignage est également diffusé sur le site de « La maison islamo chrétienne » :
http://www.lamaisonislamochretienne.com/temoignagedefemmesmusulmanes.html
Lors de la deuxième rencontre gouvernement-instances musulmanes la semaine dernière, on a de nouveau fait le point sur l’état de la pratique musulmane en France.
(…)
606 FRANÇAIS COMBATTANT EN SYRIE ET IRAK
Le ministre a fait un point sur l’engagement «djihadiste» : «600 Français ont aujourd’hui rejoint les organisations terroristes actives en Syrie et en Irak». En comptant ceux qui sont en transit et ceux qui sont revenus, Bernard Cazeneuve a avancé le chiffre de 2000 : «Ce nombre a crû fortement depuis janvier 2014 : le nombre des personnes impliquées est passé depuis lors de 555 à 1858, tandis que le nombre des combattants sur place passait de 224 à 606». D’autre part, a-t-il souligné, «à ce jour, 168 jeunes Français ont perdu la vie après avoir rejoint les organisations terroristes sur le front irako-syrien».
[NDR : François Hollande évoquait d’autre part, dans le débat de ce 14-4-16 sur Fr2, près de 9000 personnes en France soupçonnées de sympathie avec l’E.I.]Devant les instances musulmanes, le ministre de l’Intérieur a rappelé que si «l’effort de prévention constitue une priorité absolue», la difficulté réelle se retrouve dans «la grande variété des profils sociologiques et psychologiques des personnes radicalisées ou en voie de radicalisation. Certains sont des délinquants de droit commun. D’autres sont des jeunes en situation d’échec social et de fragilité psychologique, qu’anime un sentiment de haine à l’égard de la société où ils ont grandi. D’autres encore, apparemment ‘‘sans problème’’, souvent issus des classes moyennes, pensent trouver une réponse à leur malaise identitaire dans une forme d’islam radical et violent.»
«NI AMALGAME NI DENI DE RÉALITÉ»
Enfin, le ministre français a apporté un éclairage particulier sur le rapport entre terrorisme et islam, proposant, «d’agir avec discernement. Nous ne devons tomber ni dans les amalgames destructeurs, ni dans le déni de réalité.»
Il a développé sa pensée : «Nous ne saurions déduire que la religion ne tient qu’une part marginale dans ce processus. A l’évidence, la dimension religieuse de la radicalisation, si elle n’est pas le seul facteur de ce phénomène, constitue le cadre de mobilisation proposé aux djihadistes à travers une lecture littéraliste dévoyée de la religion, transformée en idéologie totalitaire.
Cette dernière prône le combat contre les non-musulmans, mais aussi contre les musulmans eux-mêmes, qualifiés de ‘‘faux musulmans’’ quand ils n’adhèrent pas à ce dogmatisme de la haine. C’est à ce titre que Daech désigne nommément comme des cibles un certain nombre de responsables religieux français de toutes tendances et s’efforce de répondre sur un plan religieux, dans sa revue de propagande en français Dar al Islam, aux textes par lesquels les responsables religieux de l’islam de France ont nettement condamné leurs projets criminels et dénoncé leur imposture.» (…)
Le CFC a pour sa part annoncé par la voix de son président, Amar Kbibech, la volonté de promouvoir la création d’un «Conseil religieux» de l’islam de France. Il aura pour mission de réfléchir à la pratique religieuse et «élaborer un contre-discours fondé sur un argumentaire théologique solide, afin d’apporter une réponse aux thèses djihadistes qui prolifèrent sur les réseaux sociaux», a résumé M. Cazeneuve. (…)
Propos recueillis par Anne-Bénédicte Hoffner et Marie Verdier, le 31/03/2016 à 17h02
De passage par Paris, Ahmed Abbadi, secrétaire général de la Rabita Mohammadia des oulémas, explique le rôle de cette instance créée par le roi du Maroc en 2004 pour développer la recherche en sciences islamiques. Aux côtés d’autres institutions, elle s’implique dans les efforts du Maroc pour diffuser un savoir religieux éclairé et mener « la bataille » contre l’extrémisme musulman.
Ahmed Abbadi au Sommet des consciences pour le climat, Conseil économique, social et environnemental (Cese), Paris, 21 juillet 2015. / Jean Luc LUYSSEN/CIRIC/
– Quel est le rôle de cette Rabita Mohammadia des Oulémas, créée il y a douze ans par le roi du Maroc et dont vous êtes le secrétaire général ?
– Ahmed Abbadi : (…) La Rabita est plus spécialement chargée du travail de recherche sur la tradition musulmane : quelles sont les différentes approches pour déchiffrer un texte ? quelles en ont été les différentes compréhensions au cours des siècles ? Son objectif est de promouvoir le savoir religieux modéré. (…) Nous avons créé 21 unités de recherche, dont la dernière en date est ce Centre de recherches et de formation en relations interreligieuses, inauguré fin février. (…). Au total, la Rabita emploie 320 chercheurs, dont 150 permanents. Nous avons besoin de spécialistes érudits !
A lire aussi : Asma Lamrabet, un regard féminin sur le sacré en islam
Nous avons également formé environ 1200 « oulémas relais », autant de garçons que de filles, qui ont terminé leurs études et qui sont désormais capables d’intervenir dans des émissions de télévisions, ou de s’investir dans des associations pour porter ce discours modéré. Parmi eux, des « oulémas leaders » bénéficient d’une formation plus longue pour leur permettre de rejoindre l’équipe des chercheurs.
– Comment la Rabita participe-t-elle à la lutte contre l’extrémisme religieux au Maroc ?
– Ahmed Abbadi : Les extrémistes ne s’intéressent qu’aux 500 versets du Coran considérés comme normatifs, et négligent tous les autres ! Nous avons donc cherché à comprendre d’où vient cette insistance sur la codification du droit musulman. Nous avons découvert que, même si l’approche jurisprudentielle était déjà prédominante dans certains courants de l’islam, la codification remonte à Soliman le Magnifique : elle a touché tout l’empire ottoman, à l’exception du Maroc et le tournant a été décisif.
En effet, si je considère que le premier rôle de l’État est de mettre en œuvre la charia, alors je peux l’excommunier si j’estime qu’il ne remplit pas son rôle. Or, pour les Frères musulmans comme pour les salafistes, la charia est la finalité des finalités… Et c’est pour cela que, depuis l’abolition du califat par Kemal Ataturk en 1924, ils se cherchent « un père de substitution » à même de faire appliquer la charia par tous et partout.
– Comment comptez-vous diffuser vos travaux ?
– Ahmed Abbadi : (…) nous avons pris conscience que tout notre discours religieux est tourné vers les adultes : qu’il s’agisse des prêches à la mosquée, ou de l’enseignement religieux. Dans le monde musulman, les enfants sont censée attendre d’être adultes pour commencer à apprendre ! Mais cela ne marche plus comme ça : avec les téléphones, les réseaux sociaux, ils ont accès à toute une foule d’informations. Nous aussi devons être très présents dans ce monde virtuel, de manière attractive et créatrice, sinon nous ne pouvons pas nous lamenter sur le fait qu’ils décrochent.
Nous avons donc créé une section dédiée à l’enfance, présente dans différentes villes du Maroc : dix « clubs enfance » – présents aussi sur Internet – se chargent de les former dans différents domaines (les arts, la science, etc) pour qu’ils deviennent des leaders d’opinion. Des blogs, animés par nos jeunes doctorants, permettent aussi aux adolescents échanger sur les addictions, les comportements à risque, l’extrémisme ou la chicha… Nous avons aussi créé des bandes dessinées, et nous voulons aussi développer des jeux vidéo qui n’entrent pas dans la logique de la violence. Le premier devrait sortir en septembre : il devrait être très simple mais montrera que c’est possible !
A lire aussi : La déclaration de Marrakech, un texte qui fera date pour les minorités religieuses ?
Propos recueillis par Anne-Bénédicte Hoffner et Marie Verdier (http://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Actualite/Monde/La-recherche-textes-islam-indispensable-pour-contrer-extremisme-2016-03-31-1200750282
[sur ce sujet je rappelle l’article d’une clarté exceptionnelle du théologien syrien Muhammad Shahrour (https://reli-infos.be/islam-et-haine-dautrui-par-le-dr-muhammad-shahrur/
Rédigé par Tareq Oubrou | Mercredi 6 Avril 2016
Extraits.
Traduire le message du Coran
L’exégèse consiste à expliquer le Coran depuis son univers de révélation. La réforme (tajdîd), quant à elle, consiste à traduire son message dans la culture du temps. En effet, le Coran présente des enseignements en même temps qu’il suggère une pédagogie qui consiste à prendre en considération le contexte culturel.
Il l’a fait avec les coutumes et les mentalités des Arabes d’alors. Cette prise en considération n’est pas une canonisation de la culture arabe. Elle ne doit pas être prise comme un étalon à reproduire comme étant une condition pour une application fidèle et intégrale de tous les enseignements du Coran et de la Sunna.
Ce serait confondre le message universel du Coran avec son enveloppe culturelle circonstancielle, qui a permis sa réception et sa transmission à une époque donnée, celle du moment coranique.
(…)
Une théologie d’altérité, un changement de paradigme
(…) Les nouvelles technologies de communication et de transport, de plus en plus sophistiquées, ont produit une intrication quantique des cultures et des religions. Ce phénomène a conduit à une abolition du temps et de l’espace classiques, qui a rendu ainsi le destin de notre humanité unifié et plus que jamais lié.
Cette nouvelle configuration appelle un discours théologique qui ne doit plus se contenter de parler aux seuls musulmans, notamment « pratiquants », mais à un monde où les musulmans s’y trouvent minoritaires, vivant dans des situations et selon des niveaux de foi et de pratique différents.
Ainsi, parler à la communauté spirituelle musulmane française, c’est aussi parler à toute la société française, car nous habitons désormais une « société-monde ». Cette théologie est celle de l’altérité qui fait place à l’autre, le non-musulman, dans l’économie de la foi et des pratiques musulmanes dans la perspective d’une visibilité acculturée et non celle de la rupture.
Un islam au-delà de l’identitaire
Le sentiment d’injustice né d’une exclusion réelle pourrait pousser certains musulmans au repli. La tentation de faire une société parallèle (écoles privées communautaristes, économie parallèle…) est grande. Elle pourrait trahir les valeurs mêmes de l’islam si, au lieu de le concevoir comme une religion de partage et de lien, on en ferait un bouclier identitariste de protection.
Cette crispation communautariste est le pire qui puisse arriver à une religion, dont le Dieu se présente comme Celui des univers et dont le Prophète est une miséricorde généreuse et gracieuse au monde entier (rahmatan lil ‘âlamîn) : croyants et non-croyants.
****
Tareq Oubrou est recteur de la Grande Mosquée de Bordeaux. Auteur, notamment, de : Profession imam (Albin Michel, 2009, rééd. 2015) et, avec le P. Christophe Roucou, de Le Prêtre et l’Imam (Bayard, 2013). Dernier ouvrage paru : Ce que vous ne savez pas sur l’islam (Fayard, 2016).
Chemsi Cheref-Khan
(Extraits)
Des questions telles que ‘l’islam est-il compatible avec la démocratie’ perdent tout leur sens si on ne perd pas de vue une évidence : l’islam est pluriel.
« L’islam est pluriel, il y a autant d’islams que de musulmans ». Toutes conférences ou débats sur l’islam devraient commencer par cette citation qui est de Rachid Benzine
13/04/2016 by Agustin Arteche Leave a Comment
Considéré comme la mère des institutions politico-religieuses de l’islam, ce modèle est dénaturé et détourné par l’islamisme et le jihadisme. Sa puissance symbolique est utilisée pour attirer et mobiliser de nouveaux adhérents.
Horizon ultime des mouvements islamistes, le califat est aussi un élément fondamental pour les jihadistes. Comme l’écrit l’anthropologue Scott Atran, spécialiste du terrorisme, il «aimante ces jeunes gens, leur procure du sens et de la liberté, les sort de la mainmise du monde matériel dans lequel ils ne voyaient que du vice et de la mièvrerie».
Officiellement, le califat a été aboli en Turquie en 1924. Il correspond à ce que l’on pourrait appeler l’«empire musulman», dans les faits, il désigne le territoire placé sous l’autorité du calife, censé être le descendant du prophète Mahomet. Depuis les origines de l’islam, le titre fut très disputé alimentant guerres et divisions au sein de la oumma (la communauté musulmane).
L’historien et politologue, Nabil Mouline, chargé de recherches au CNRS et auteur du livre le Califat : histoire politique de l’islam (Flammarion) explique la place qu’il tient encore dans l’imaginaire arabo-musulman et son instrumentalisation par l’islam politique. (Source: Libération/29.03.16/ ENTRETIEN Par Bernadette Sauvaget)
Edito de « El Watan » du 14-4-2016
La mosquée est-elle en train de faire sa mue ? Cette structure longtemps passéiste, si elle n’était franchement hostile à la société, a développé vendredi dernier un discours qui, pour la première fois, est en adéquation avec les réalités sociales et politiques du pays. «L’Algérie, sa culture, l’unité de son peuple et sa jeunesse sont menacées et nous avons tous la responsabilité de faire preuve de vigilance.» C’est en substance le message véhiculé par le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, rapporté par notre confrère Liberté et repris dans tous les lieux de culte d’Algérie.
Est-ce le début d’une révolution religieuse ? Jusqu’à ce jour, nos imams, pour la majorité autoproclamés, ont développé des discours souvent réactionnaires, loin de l’islam de l’ouverture, de la modernité. Des discours qui ont contribué à infantiliser les citoyens (…)
Les imams de l’époque avaient totalement été déviés de leur mission. Soit par conviction, soit par lâcheté, ils n’avaient pas fustigé les massacres commis au nom de la religion par les islamistes de l’AIS et du GIA ; une véritable politique de l’autruche qui a permis au terrorisme de prospérer au nom d’Allah parce qu’il n’avait pas trouvé de contradicteurs parmi les théologiens officiels et officieux.
Il se trouvait même que des apprentis imams justifiaient les assassinats de jeunes filles qui avaient commis le crime de ne pas porter le hidjab, par exemple, ou qui étaient utilisées dans les maquis comme esclaves sexuelles. Personne n’avait osé dire à Abdelhak Layada, à Djamel Zitouni ou à Antar Zouabri qu’ils étaient des ennemis de Dieu et de l’humanité.
(…) Depuis un certain temps, nos lieux de culte bougent positivement. Ils se rapprochent de plus en plus du citoyen et de ses préoccupations. La présence d’un imposteur comme Ali Benhadj n’est plus acceptée, ce qui laisse supposer que l’islamisme est en train de perdre du terrain. Il faut dire que beaucoup de choses ont changé depuis la nomination de Mohamed Aïssa à la tête du ministère des Affaires religieuses.
Il a cassé nombre de tabous en donnant un coup de pied dans la fourmilière. Pour la première fois, un homme a parlé du véritable islam algérien, «l’islam de Cordoue». Il a dénoncé ce qu’aucun autre homme d’Etat algérien n’avait fait avant lui : les méfaits du wahhabisme sur la société algérienne et la nécessité de le combattre vigoureusement.
L’islam des lumières qu’il prône n’est pas du goût de tout le monde, surtout des Saoudiens qui cherchent à avoir sa tête à tout prix. Il leur fait peur. Est-ce le nouveau Luther ?
Tayeb Belghiche
09/04/2016 by Agustin Arteche Leave a Comment
La Haute cour de l’Etat de Sarawak, en Malaisie, a permis fin mars 2016 à Roneey Rebit, chrétien converti de force à l’islam à l’âge de 10 ans, de pouvoir abandonner cette religion sans passer par un tribunal islamique. Après 15 ans de batailles juridiques, l’Etat civil malaisien a reconnu officiellement l’appartenance chrétienne de cet homme de 41 ans.
Pour les chrétiens de Malaisie, dont plus des deux tiers vivent dans les Etats orientaux du Sabah et du Sarawak (dans l’île de Bornéo), la décision de la Haute cour est exceptionnelle et encourageante, car elle valide le principe constitutionnel de liberté religieuse, qui a souvent été malmené ces dernières années, note Eglises d’Asie (EdA), l’agence d’information des Missions Etrangères de Paris.
LE MONDE | 01.04.2016 . Extraits d’un colloque organisé par le journal.
La menace terroriste favorise-t-elle le repli sur soi et les amalgames ? Les réponses de Nacira Guénif-Souilamas, sociologue et anthropologue, professeur à l’université Paris-8 et vice-présidente de l’Institut des cultures d’islam
(…)
Le Monde : Dans notre appel à témoignages sur la façon dont l’on résiste à la peur, nous avons reçu beaucoup de messages faisant état d’un regard qui a changé, dans le métro notamment, au moment de croiser une femme voilée ou des personnes d’origine maghrébine. Peut-on échapper à ce type de ressenti ?
Oui, il est important d’apprendre à résister, c’est même l’un des enjeux majeurs de la capacité à ne pas céder à tous les dommages collatéraux engendrés par les attentats. Autrement dit : développer le sentiment d’aversion est l’un des objectifs de ce type d’actes, qui n’a pas simplement vocation à produire des victimes, mais aussi à détruire les liens sociaux et à polluer les relations les plus ordinaires.
Bob : Pourquoi nécessairement utiliser ce type de vocabulaire [repli sur soi et amalgames, ndlr] pour qualifier un comportement de peur des gens ? La menace a un visage qui est celui de populations « arabes ». Pourquoi vouloir nier cette réalité ? Détourner les yeux ne résout pas le problème, mais empêche bien au contraire d’en comprendre les causes et d’en trouver des solutions.
Formuler les choses comme « la menace a un visage qui est celui des populations arabes », c’est essentialiser – c’est-à-dire réduire des personnes à une identité supposée dans laquelle on les incarcère – la discussion et les enjeux qui animent l’ensemble de la population, et qui gagneraient beaucoup à ne pas être formulés en ces termes. Cela permet de comprendre la complexité de la situation dans laquelle nous sommes et de ne pas céder à la facilité de la désignation des coupables.
(…)
Zakaria : Français et arabe, parfaitement « intégré » même si je déteste ce mot. Je suis cadre supérieur dans une multinationale sur Paris. Je dois faire face aux regards et au racisme passif et latent de nos institutions et de mes compatriotes, que ce soit dans la façon dont la police me traite ou lors d’une réunion parents-profs. Pourtant, voilà, je suis chrétien, mais les autres me renvoient à ma couleur de peau. J’ai la couleur de l’ennemi actuel que les médias se plaisent à peindre. De mon avis, l’échec vient de l’Etat même et de lois contre les discriminations qui sont inadaptées. Il faut regarder la réalité en face avec des statistiques. Qu’en pensez-vous?
Zakaria, vous résumez parfaitement l’équation à résoudre : continuer à assumer ce que l’on est et ce que l’on aspire à devenir. Et en même temps assumer pleinement un rôle dans une société qui doit apprendre à ne pas juger et condamner en raison de la couleur de la peau. Le pire qui puisse arriver dans ce type de situation est de penser qu’on est seul et isolé : votre expérience résonne sans nul doute avec celle d’une multitude anonyme aujourd’hui en France. Parvenir à nommer et à interpeller les niveaux auxquels il faut imaginer les solutions est décisif pour lutter contre la tentation du repli et du découragement. (…)
Rasti : Je ne me sens pas devoir m’ouvrir à des gens voilés des pieds à la tête ou qui refusent de serrer la main des femmes. Est-ce que c’est mal (docteur) ?
Heureusement que je ne suis pas dans cette position du docteur ! Par contre, dans les sociétés complexes et hétérogènes qui sont les nôtres, nous ne sommes pas, a priori, censés avoir des affinités avec tous les gens qui nous entourent. Pour autant, nous ne sommes pas non plus en droit de leur manifester notre aversion. Comme le dit Wendy Brown « l’enjeu est de parvenir à réguler l’aversion ». Cela n’est pas simple, mais c’est possible, et c’est même devenu nécessaire. Personne n’exige de vous de vous ouvrir à une personne voilée, mais rien ne vous autorise à lui signifier de façon explicite votre rejet. C’est cela, l’espace public.
Khessaba : J’ai 37 ans et suis Française de parents nés en Algérie. Par chance, je ne me suis jamais sentie autre chose que Française, je n’ai pour ma part jamais ressenti de racisme. Je suis aussi musulmane, je porte le voile, je travaille… pour moi pas d’incompatibilité. Je transmets cela à mes enfants, se sentir français quoi que les autres pensent, être fier d’être français et musulman… et j’espère ainsi leur éviter de sombrer dans le communautarisme, l’entre soi. Je n’ai pas la prétention d’avoir votre analyse, Mme Guénif, mais ne pensez-vous pas que c’est la détestation de soi, le fait de ne pas savoir qui ils sont (ni « français » ni « arabe ») qui poussent ces jeunes au pire ? S’ils ne sont pas capables de ressentir de la fierté, de l’amour vis-à-vis d’eux-mêmes, comment ressentir tout cela pour les autres ?
Khessaba, vous illustrez de façon convaincante – si je peux me permettre – le long et passionnant travail que l’on fait sur soi pour découvrir qui l’on est. La difficulté réside dans le fait que tout le monde n’est pas également mis dans une position pour aboutir aussi facilement à cette harmonie. Les jeunes gens dont on parle, peuvent être effectivement amenés à surmonter la haine de soi par la haine de l’autre. Pour autant, il ne faut pas minimiser le contexte social, politique, géopolitique qui les amène à s’identifier si loin de ce qui pourrait leur permettre de se réaliser.
RFID : Bonjour, quand vous dites que l’islamisme est « le produit direct d’une politique d’Etats qui ont joué avec le feu », à quels Etats faites-vous référence ?
Je fais référence à tous les Etats impliqués à la fois dans la recomposition du monde depuis la fin de la Première Guerre mondiale et, au lendemain de la fin des empires coloniaux, qui se sont recomposés dans un contexte beaucoup plus centré sur l’influence et le partage des richesses, plutôt que la souveraineté directe. Le démantèlement de l’Empire ottoman n’est pas étranger à ce qui se passe aujourd’hui dans la région où sévit l’organisation Etat islamique, et évidemment on ne peut pas comprendre les conséquences de ce démantèlement si on ne suit pas précisément ce que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, ont continué à entreprendre dans cette région.
Nour : Comment expliquer qu’en France, la parole publique des imams soit rarissime ? Ils pourraient avoir un rôle bénéfique pour justement éviter un repli sur soi et promouvoir une plus grande ouverture.
Les imams sont soit instrumentalisés, soit n’ont pas la possibilité de se former correctement et donc de prendre place dans le débat public, à égalité avec d’autres interlocuteurs. Beaucoup de personnes proches de la culture musulmane, ou identifiées à celle-ci, déplorent le niveau parfois indigent des expressions publiques de certains porte-paroles (imams ou autre), qui répondent à des convocations sur les plateaux par des autorités publiques qui leur sous-traitent la bonne parole. Ce sont des manœuvres de diversion, qui dispensent les responsables politiques d’assumer de façon plus directe le dialogue sur ces questions-là.
MZ : Où tracez vous la ligne entre une vigilance accrue, presque citoyenne, et le risque du repli sur soi ? Pensez-vous que toute modification de nos habitudes de vie est une défaite face au terrorisme ?
Les deux termes de la question sont intéressants, dès lors qu’ils sont traités de façon responsable. La vigilance accrue ne vise pas à aggraver la stigmatisation des populations supposées coupables, mais, au contraire, à prêter une véritable attention aux autres et notamment aux causes réelles qui précipitent des individus dans des comportements suicidaires.
La modification de nos habitudes pourrait être une bonne nouvelle, si elle consistait à être moins indifférent et plus enclin à rencontrer à la fois le monde qui nous entoure et les idées qui peuvent sembler parfois déroutantes, mais qui nous aident à penser le monde dans lequel nous sommes et donc à y agir pour l’améliorer. Pour donner un exemple : je pense à la façon dont le terme « islamophobie » est constamment conspué, alors qu’il décrit une réalité qu’il y a urgence à admettre pour y remédier.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/04/01/nacira-guenif-souilamas-non-l-islamisme-n-est-pas-le-probleme-des-musulmans_4893897_3224.html#RSScE01Ky2L2RKvR.99
Sur la nécessité de penser de façon moins sommaire le rapport relativisme / universalisme.
Publié le 03 avril 2016 par desideriusminimus
On le sait, une certaine façon « d’imposer » l’universalisme occidental, en dépit d’exceptions magnifiques comme Bartolomé de Las Casas, est à l’origine de ce qui constituait, pour lui, le péché mortel impardonnable de l’anéantissement des Indiens, dont 80% ont disparu des suites de cette « imposition ».
Certes, les maladies y furent pour beaucoup. Mais le christianisme est, depuis ses origines, porteur d’une ambition « universaliste ». Et, là encore, en dépit d’exceptions magnifiques (œuvre des communautés jésuites au Paraguay, travail de Matteo Ricci en Chine, etc.), force est d’avouer que, le plus souvent, ce projet universaliste s’est traduit par « l’imposition » de vêtements, de coutumes, de préceptes alimentaires, de langues, par une logique de conversion forcée, « imposée ». (…)
En dépit de ses carences en effet critiquables, Lévi-Strauss, grâce à son concept « d’ethnocentrisme », nous a au moins fait comprendre que ce genre « d’imposition » n’était peut-être pas la meilleure méthode pour atteindre une convivialité sans violence …
Ce n’est certes pas en intimant à autrui l’ordre de changer son alimentation, ses vêtements, en méprisant sa langue et sa culture, que celui qui s’en pense le détenteur fera apprécier en quoi que ce soit les « valeurs universelles » qu’il se fait fort d’exhiber.
Pour avoir pendant quelques années essayé de travailler sur la non-violence dans un milieu particulièrement conflictuel, je peux même affirmer que ce genre de stratégie n’aboutira qu’au rejet et à la violence.
Or, même si le christianisme a, par la force des choses, revu à la baisse ses prétentions universalistes, il est inquiétant de voir que d’autres prennent sa place en prétendant imposer vêtements, nourriture dans les cantines, en méprisant des langues qui n’ont pratiquement pas de place dans l’enseignement alors qu’elles pourraient représenter une force et une richesse considérables pour la compréhension du monde contemporain, etc. etc.
Tout le cocktail de la violence est en place. Mieux, il semble délibérément entretenu.
Est-ce à dire pour autant qu’il faudrait renoncer aux « valeurs universelles » dont est, malgré tout, porteur notre Occident ? (…) Certes pas ! Il y a bien sûr de l’inacceptable. Il y a de l’intolérable, et cela doit être dit, répété et critiqué sans marque de « phobie » (cf. posts précédents). Mais, si on veut sortir des manichéismes et des simplismes sommaires, on est en droit de penser que chaque culture et chaque civilisation porte en elle à la fois le profitable à la communauté humaine et l’intolérable, l’universel au cœur du particulier.
Mais il faut garder en mémoire l’apologue de la paille et de la poutre : Loin d’être en position de surplomb et de donneur de leçons, notre Occident a aussi à renouer avec cet accueil des valeurs universelles d’autrui qui lui a permis de constituer sa civilisation.
Certes, la situation de la femme telle qu’elle est actuellement imposée par une certaine interprétation de la théologie musulmane est intolérable. Mais le prurit qu’a une certaine idéologie « occidentale » depuis des siècles de répandre partout un certain universalisme douteux, en « imposant » les conversions par la force, en colonisant les terres et les esprits d’autrui, en lui « imposant » des codes vestimentaires, alimentaires ou autres est loin d’être propice au développement de l’universalisme véritable, celui qui se construit par le respect, le dialogue, le discernement et la lente intégration apaisée des valeurs de soi et d’autrui dans un patrimoine commun. Et cela aussi est intolérable.
Les valeurs de respect, de l’homme, de la femme, les valeurs de la démocratie sont présentes au cœur de la culture musulmane, comme des autres cultures. Et un dialogue de gens civilisés peut aider les intellectuels et les herméneutes à les dégager, contre ceux qui refusent cette civilisation. Tout comme cela doit encore se faire dans les autres cultures, qui sont loin de pouvoir revendiquer la perfection sur tous ces plans.
À l’évidence, une certaine façon « d’imposer » à l’ancienne un universalisme de hussard ou de « missionnaire » au pire sens du terme, comme s’évertuent à le faire Mme Badinter, Mme Fourest qui lui sert de référence ( !), ou bien d’autres, ne peut être que tragiquement contre-productive. Les résultats en sont d’ores et déjà visibles tous les jours à travers les frustrations, les humiliations, les stigmatisations diverses, le ressentiment et l’agressivité qu’elles suscitent.
Ce n’est en aucun cas le moyen de lutter contre la radicalisation et la violence.
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